Monsieur Le Floch, directeur de Sciences-Po Rennes, n’est pas dégoûté.
Son institut vient de conclure un accord avec l’Université de Tel Aviv,
très impliquée dans la collaboration avec l’armée d’occupation sur des
recherches contribuant à la persécution des Palestiniens. Ci-dessous la
lettre adressée par l’Association des Universitaires pour le Respect du
Droit International en Palestine (AURDIP), ainsi que les coordonnées de
Sciences-Po Rennes, pour que vous puissiez réagir à votre tour.
Lettre de l’AURDIP au directeur de Sciences-Po Rennes :
Monsieur Patrick Le Floch (directeur@sciencespo-rennes.fr)
Directeur de l’Institut d’Études Politiques - Sciences Po Rennes.
L’Association des Universitaires pour le Respect du Droit
International en Palestine (AURDIP) a appris que l’Institut d’Études
Politiques - Sciences Po Rennes avait conclu en 2017 un accord de
coopération avec l’Université de Tel Aviv.
L’AURDIP tient à vous informer que l’Université de Tel Aviv est une
Université israélienne publique impliquée en tant qu’institution dans
les violations du droit international résultant de la politique de
l’État d’Israël vis-à-vis de la population civile palestinienne.
Tout d’abord, l’Université de Tel Aviv entretient des liens
organiques avec l’armée israélienne, dont les unités sont les auteurs
directs des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis
contre les Palestiniens. Elle accorde des avantages sous la forme de
bourses ou d’unités de valeur attribués automatiquement aux étudiants
qui font leur service militaire ou qui sont réservistes. L’armée
israélienne y finance un programme destiné aux meilleurs de ses soldats
réservistes se destinant aux études d’ingénieurs. Il est en outre établi
que la moitié au moins des étudiants qui suivent le programme proposé
par l’Université sur les questions de sécurité sont des cadres de
l’armée israélienne. Ce programme a d’ailleurs été coordonné par le
Professeur Isaac Ben-Israel, un ancien général de l’armée israélienne,
qui a à plusieurs reprises loué la contribution universitaire au
renforcement continu des capacités de l’armée israélienne.
Des dizaines de programmes scientifiques et de recherche ont été
conduits en lien direct avec l’armée (en particulier le MAFAT, un
acronyme désignant le centre de recherche de l’armée) et avec
l’industrie de défense israélienne. Son ancien président, Zvi Galil, a
d’ailleurs reconnu en public la contribution scientifique importante que
l’Université de Tel Aviv a apportée aux forces armées israéliennes.
Ensuite, l’Université de Tel Aviv est affiliée à l’Institut national
israélien d’études de sécurité, qui fournit des analyses stratégiques et
des recommandations à l’armée israélienne. Par exemple, le colonel
Gabriel Siboni a, au sein de cet institut, mis au point la doctrine
Dahiya, qui en temps de guerre recommande à l’armée israélienne de
procéder à la destruction de zones résidentielles. La doctrine a été
mise en œuvre par l’armée israélienne au cours des dernières années au
Liban et à Gaza, au prix d’un nombre important de pertes en vies
humaines parmi les civils.
De même, l’Université de Tel Aviv a noué un partenariat avec le
projet Elad en vue de conduire de fouilles archéologiques réalisées à
Jérusalem-Est. Elad finance et soutient l’installation de colons
israéliens à Jérusalem-Est et les fouilles qu’elle conduit visent autant
à chasser les Palestiniens des lieux dans lesquels ils vivent qu’à
asseoir idéologiquement la présence de colons israéliens en arguant de
traces de présence juive au cours de l’Antiquité.
L’opposition interne - au sein du corps professoral ou du personnel
administratif de l’Université Tel Aviv - à une telle implication dans la
politique coloniale d’Israël est quasi-inexistante, tout comme l’est
celle à la politique israélienne de répression visant les Universités
palestiniennes, ses professeurs et ses étudiants. Lorsqu’une telle
opposition a pu se manifester, l’Université de Tel Aviv n’a pas pris les
mesures nécessaires pour protéger les rares universitaires
contestataires, ce qui en dit long sur l’absence de véritable liberté
académique dès lors que l’histoire, la politique et l’image d’Israël
sont en jeu.
L’Université de Tel Aviv est d’ailleurs installée sur les ruines de
l’ancien village palestinien de Sheikh Muaniss, dont la population a été
chassée en 1948, lors de la Nakba. Un des bâtiments connus sous le nom
de « Green House », un des seuls restés intacts après les expropriations
et les démolitions qui ont touché le village, est d’ailleurs utilisé
aujourd’hui par un des clubs de l’Université. L’Université de Tel Aviv
n’a jamais présenté ses excuses ni même amorcé une réflexion sur le fait
qu’elle était érigée sur des terres dont les habitants ont été chassés
illégalement. Il ne s’agit pas seulement pour cette institution – ni, en
conséquence, pour la vôtre – d’une question de bonnes manières, mais de
crédibilité scientifique. La communauté scientifique internationale, en
dépit de l’intense travail israélien de propagande négationniste que
vous savez, est maintenant alertée sur la destruction violente de la
nation palestinienne sur laquelle s’est édifiée l’État d’Israël, des
chercheurs israéliens ont déjà entrepris un travail critique sur
l’historiographie officielle de leur pays, une frange sans cesse
croissante de la population israélienne elle-même ne veut plus oublier
la terrible injustice commise en 1948 à l’encontre des Palestiniens et
qui se prolonge encore (vous avez d’ailleurs été pris à partie par une
association de citoyens israéliens responsables, cf. la lettre de
Boycott from Within).
Enfin, sur son campus, l’Université de Tel Aviv a pris et prend
toujours toute une série de mesures administratives et sécuritaires pour
empêcher toute contestation ou activité politique, syndicale et
associative critiquant le sionisme et la politique de l’État d’Israël
vis-à-vis des Palestiniens. Les étudiants Arabes israéliens sont les
premières victimes de ces mesures qui portent directement atteinte à
leurs libertés académiques et politiques. De telles violations sont en
cohérence avec la politique éducative de l’État d’Israël vis-à-vis des
Arabes israéliens, qui, bien que représentant environ 20% de la
population de l’État d’Israël, ne constituent qu’une petite minorité des
effectifs des Universités israéliennes, dont celle de de Tel Aviv.
Au vu de ces éléments, l’AURDIP regrette la conclusion de tout accord
de coopération avec l’Université de Tel Aviv. Elle la regrette d’autant
que l’Institut d’Études Politiques - Sciences Po Rennes est un
établissement public d’enseignement supérieur, placé sous la tutelle du
ministre de l’enseignement supérieur et bénéficiant d’un financement en
grande partie public. De ce fait, il est tenu de respecter un certain
nombre d’obligations que nous nous permettons de vous rappeler.(...)
Joseph Oesterlé, Professeur émérite, Université Paris-VI, France ;
Président de l’Association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine (AURDIP).
L’intégralité du texte se trouve sur : http://www.aurdip.fr/lettre-de-l-aurdip-au-directeur-de-2366.html
- MERCI DE PROTESTER CONTRE CETTE COLLABORATION AVEC LE TERRORISME D’ETAT ISRAÉLIEN :
Tweet du directeur, Monsieur Patrick Le Floch : @plf35 le tweet
Tél. +33 (0)2 99 84 39 11
CAPJPO-EuroPalestine
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