Depuis plusieurs semaines, l’administration climatosceptique de Donald
Trump réfléchit à une éventuelle sortie des États-Unis de l’Accord de
Paris. À trois jours d’une nouvelle session de négociations climatiques à
Bonn, l’heure du choix approche.
Sortiront ? Ne sortiront pas ?
Depuis plusieurs semaines, la rumeur enfle sur une possible sortie des
États-Unis de l’Accord international de Paris, signé en décembre 2015 et
qui vise à contenir le réchauffement climatique sous la barre des 2 °C
d’ici à la fin du siècle. Jeudi 30 mars, la Maison-Blanche avait annoncé
que le président des États-Unis, Donald Trump, prendrait sa décision « d’ici fin mai ». Plusieurs indices laissent penser que le choix est désormais imminent.
« Les États-Unis vont devoir clarifier
leur position avant plusieurs grands forums internationaux où les
questions climatiques seront au centre : la prochaine session de
négociations onusiennes sur le climat qui s’ouvrira lundi 8 mai à Bonn
(Allemagne), un test pour la délégation américaine puisqu’elle sera la
première depuis l’élection de Donald Trump ; le G7, dix jours après, en Italie ; puis le G20 qui va suivre en Allemagne », analyse Lucile Dufour, responsable Négociations internationales et développement au Réseau action climat (Rac). Résultat, l’équipe du président climatosceptique s’agite. « Il y a eu une première réunion il y a dix jours et une autre lundi », rapporte Lucile Dufour.
Il est cependant très difficile pour les observateurs d’anticiper la
décision du président états-unien, tellement son entourage est divisé. Selon le Washington Post,
Rex Tillerson, ministre des Affaires étrangères et ancien directeur
général de la compagnie pétrolière Exxon Mobil, aurait conseillé à
M. Trump de ne pas sortir de l’Accord, mais d’en renégocier les
conditions. Rick Perry, secrétaire à l’Énergie, aurait le même avis. Ils
seraient soutenus par Ivanka Trump, la fille du président, et son mari,
Jared Kushner, tous deux conseillers du président. Mais d’autres
conseillers très influents de M. Trump, à l’instar de Steve Bannon,
l’ex-président exécutif du site d’information controversé Breitbart
News, poussent pour une sortie.
La société civile mobilisée pour le maintien dans l’Accord
Du côté de la société civile, de nombreuses entreprises et groupes
d’entreprises — comme le Business council for sustainable energy (BCSE),
un groupement d’entreprises du secteur des énergies renouvelables, de
l’efficacité énergétique et du gaz naturel, ou même des géants
pétroliers comme Exxon Mobil - ont appelé Donald Trump à rester dans l’Accord de Paris.
Motif, ne pas se retrouver exclues du business des énergies
renouvelables, au bénéfice d’énergies fossiles qui ne sont plus
compétitives. Même mobilisation du côté des citoyens états-uniens :
ainsi, en novembre 2016, 71 % des Américains interrogés ont déclaré que les États-Unis devaient participer à l’Accord de Paris. « La
question de la transition écologique et énergétique est assez
unanimement défendue de la part des citoyens, comme l’ont montré les
grandes marches pour le climat de la semaine dernière, confirme Lucile Dufour. Du côté des entreprises, idem : elles ont bien compris que les énergies fossiles étaient des énergies du passé. »
Quel que soit le scénario, la communauté internationale devra « réaffirmer son attachement à l’Accord de Paris et son intention de poursuivre ses engagements », plaide l’experte du RAC. Y compris si les États-Unis décident finalement de rester dans l’accord, pour faire le poids face à « un pays perturbateur, qui ne respecte pas ses engagements ».
Photo : 200.000 personnes ont manifesté à Washington le 29 avril au nom de la lutte contre le changement climatique.
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