Gilles Devers
Imprévisible, contradictoire, ignorant… et tellement petit… Trump accélère la chute US, et ça, ça fait plaisir à voir.
La journée d’hier commence par les résultats des élections en Iran. Même les plus acharnés adversaires du régime n’ont rien trouvé à redire sur la campagne, le déroulé des élections et le résultat. Forte participation, et victoire du camp réformiste de Rohani, avec la ville de Téhéran qui bascule.
Six
mois après l’accord sur le nucléaire, l'UE avait en janvier 2016 levé
ses (illégales) sanctions économiques et individuelles, et hier, Federica Mogherini, patronne de la diplomatie européenne, a salué le processus : « Les
Iraniens ont pris part avec passion à la vie politique de leur pays. Je
félicite le président Rohani pour le clair mandat reçu. L'UE est prête à
continuer à travailler pour la pleine mise en œuvre du Plan d'action
global commun, l'engagement bilatéral, la paix régionale et la
satisfaction des attentes de tous les habitants de l'Iran ».
Au même moment, Trump appelait la quarantaine de pays à majorité musulmane sunnite à « isoler l’Iran », avec cette fine analyse : « Du
Liban à l’Irak en passant par le Yémen, l’Iran finance, arme et
entraîne des terroristes, des milices et d’autres groupes terroristes
qui répandent la destruction et le chaos à travers la région. En
attendant que le régime iranien montre sa volonté d’être un partenaire
dans la paix, toutes les nations dotées d’un sens des responsabilités
doivent travailler ensemble pour l’isoler ». Retour de la bataille du bien contre le mal, merci de choisir votre camp...
Il
faut dire que l’excellent Trump parlait depuis Ryad, une capitale de la
démocratie, du respect du droit – notamment des femmes - un régime qui
n’a jamais entretenu le moindre lien avec les familles du terrorisme,
et qui ne plaide que la modération et l’ouverture d’esprit en religion…
Un nirvana de paix et de décontraction sociale.
Il faut dire aussi que l’excellent Trump devait faire des risettes aux barbus car il venait de leur faire signer pour 380 milliards de dollars de contrats,
dont 110 d’armement, du jamais vu. Des ventes tous azimuts pour calmer
l’establishment US qui a engagé les grandes manœuvres contre lui, en
désignant un procureur spécial pour enquêter sur ses liens avec la Russie.
Bref,
tout ceci témoigne de la grandeur d’un homme politique, affirmant de
hautes vues stratégiques, à long terme. Le même Trump qui s’est
ridiculisé dans sa précipitation à publier des décrets anti-muslim,
bloqués par un juge fédéral, et par son illégal et inefficace
bombardement en Syrie, qui en a fait un clown international.
Demain,
il sera en Israël et dans les territoires occupés de Palestine, pour
proposer un plan de paix inepte, qui ne fera qu’aggraver la situation.
Et ainsi de suite.
Bon, mais bien sûr, tout ceci c’est de la faute de l’Iran.
Le
recul des États-Unis est inéluctable, et on le voit s’accélérer sous
nos yeux. Les États-Unis ne parviendront pas tous les ans à refiler 110
milliards d’armes à l’Arabie Saoudite, ni ailleurs. Aussi, ce petit pays
– 5% de la population mondiale – va devoir gérer l’écroulement de ses
budgets militaires, la charge de sa dette et les tensions sociales qui
s’enchaîneront, ce au milieu de grands moulinets diplomatiques.
L’Europe,
sous domination de l’OTAN – OTAN qui met la pression pour prendre le
relais militaire – va se montrer fébrile et velléitaire, car la partie
lui échappe. Dans un monde qui a besoin de paix, c’est-à-dire de
stabilité des États dans leurs frontières, les années qui viennent
montreront que les sages sont la Chine et la Russie, mais aussi l’Iran. On en reparlera.
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