jeudi 8 juin 2017

Arithmétique de la terreur : Foutoir au Moyen-Orient = massacres en Europe

Victor Ayoli                    

Massacres à Londres, comme à Paris, comme à Manchester, comme à Nice, comme en Belgique, comme à Berlin. Des dizaines de morts innocents.

Oui mais ce sont des koufars, des infidèles, des mécréants, des corrompus qui font la fête, écoutent de la musique, boivent de l’alcool, mangent du porc et – horreur suprême ! - considèrent que la femme est l’égale de l’homme ! Bref des ennemis de tonton Allah. Donc, comme dit le verset 33 de la Sourate 5 : « La récompense de ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager, et qui s’efforcent de semer la corruption sur la terre, c’est qu’ils soient tués, ou crucifiés, ou que soient coupées leur main et leur jambe opposées, ou qu’ils soient expulsés du pays. Ce sera pour eux l’ignominie ici-bas ; et dans l’au-delà, il y aura pour eux un énorme châtiment… ». Ben voyons !
Mais aussi – et à bien plus grande échelle – massacres à Kaboul, massacres à Istanbul, massacres à Bagdad, massacres au Yémen. Et là ce sont des centaines et pas des dizaines de morts. Toujours au nom de tonton Allah… Oui mais ceux-là pourtant, ils sont musulmans. Ah ! Tss… Oui mais pas du bon bord. Alors Boum ! Un camion avec une tonne d’explosif, voilà qui requinque la foi… La vraie bien sûr. Celle prônée partout dans le monde par nos grands amis Qataris et Arabosaoudiens : la « foi » wahhabite : un reliquat de stupidités sorties des temps les plus bornés du Moyen-Âge.
Le wahhabisme – fondement de l’Arabie saoudite - est un courant islamique qui veut revenir aux sources de l’islam, c’est-à-dire qui veut que les musulmans actuels vivent comme les musulmans vivaient au 1er siècle de l’islam. L’islamisme, c’est une démission de la pensée, un suicide de l’intelligence, la soumission volontaire du croyant, à l’ère du téléphone portable, exactement comme au temps de l’analphabétisme mecquois du VIIe siècle. Bonjour le modernisme !
Et ce sont ces idées obscurantistes, cette idéologie mortifère que la lâcheté et la cupidité de nos gouvernants avides des montagnes de fric des monarchies du Golfe laissent pourrir les esprits des jeunes de tradition familiale musulmane de France, d’Angleterre, de Belgique, d’Allemagne, de toute l'Europe. Il est vrai que les religions sont comme les vers-luisants : elle ne brillent que dans l’obscurité…
Or voilà que pépé Trump est allé semer sa zone parmi les « croyants » ! Enfin, ceux qu’il a choisis, c’est-à-dire ceux qui lui ont signé 400 milliards de dollars à répartir entre ses potes milliardaires du complexe militaro-industriel, marchands de belles machines à hacher la viande humaine, à faire des trous bien saignants, à générer des torrents de larmes et des montagnes de haine.
Autant prendre les plus riches : c’est donc l’Arabie saoudite qu’a choisi Trump plutôt que ces gagne-petit de Qataris, tout juste bons à acheter le pays des mangeurs de fromages-qui-puent. Et puis, à y être, pépé Trump lâche un pet sonore sur l’Iran, ennemi intime de ces grands démocrates que sont les Arabosaoudiens. En plus, ça emmerde Obama ! Que du bon.
Allez, pour marquer le coup l’Arabie saoudite rompt ses relations diplomatiques avec son voisin et concurrent pétroleur qatari. Et pour faire bonne mesure, elle entraîne dans sa « croissanade » ses obligés des Émirats Arabes Unis, de Bahreïn et même le poids lourd régional : l’Égypte ! Il faut dire que ce sont les Saoud qui paient les factures de Sissi…
Et pourquoi tout ce ramdam en plein ramadan ? Parce que l’Arabie saoudite accuse le Qatar… de soutenir et de financer le terrorisme, canal Frères musulmans ! L’hôpital qui se moque de la Charité… Le Qatar est en bons termes avec l’Iran, l’ennemi séculaire des Arabosaoudiens. Et ça, c’est rédhibitoire.
L’Arabie saoudite, où ce grand démocrate de Trump est allé faire la danse du sabre, c’est le top des tops ! C’est le pays de 57.000 esclaves, le pays champion du monde du raccourcissement au sabre. C’est le pays où la femme est reléguée à un tas de merde caché sous une prison de toile. L’Arabie saoudite est le pays le plus barbare, qui décapite parce qu’on ne croit pas en dieu (enfin, en son dieu), un pays où on lapide une femme qui s’est fait violer, un pays où on pend des gays, un pays où on coupe les mains des voleurs, un pays qui alimente le terrorisme international etc. L’Arabie saoudite c’est un pays qui justifie la peine de mort pour : adultère, apostasie, blasphème, cambriolage, fornication, trafic de drogue, sodomie, idolâtrie, rébellion, conduite sexuelle immorale, sorcellerie, vol, trahison, conduite irréligieuse. Cette interprétation très rigoriste de la Charia laisse l’État saoudien libre d’envoyer à l’échafaud qui bon lui semble, dans un simulacre de justice. L’Arabie, c’est le modèle, le financeur et le pourvoyeur de l’idéologie wahhabite de Daech.
Ce pays – le phare des mahométans sunnites, protecteur des « lieus saints » - a mis le feu au Moyen-Orient – qui n’avait pas besoin de ça – en envahissant le Yémen en 2015. Avec la bénédiction des Étasuniens et l’aide de quelques grandes « démocraties » régionales : l’Égypte, la Jordanie, le Soudan, le Pakistan et même le Maroc. Voilà une belle guerre de religions entre les sunnites arabes et les chiites iraniens. Parce que derrière les « rebelles » yéménites, ces Houtis de confession zaïdite, une branche de l’islam chiite, il y a l’Iran. Et derrière le masque de la religion, il y a la rivalité millénaire entre les Arabes et les Perses.
La guerre cachée du Yémen, ce sont des milliers de civils écrasés sous les bombes saoudiennes, et des millions de déplacés qui vont prendre la route… de l’Europe. Mais aussi des milliards de pétrodollars qui vont engraisser les marchands d’armes étasuniens mais encore français, allemands, britanniques, etc...
La guerre en Syrie, c’est du lever de rideau. La pièce principale arrive : c’est une guerre de religion à l’ancienne. Entre peuples fanatisés. En fait, on assiste aux derniers soubresauts de la main mise anglo-franco-étazunienne sur les pays du Moyen-Orient de l’ex-empire ottoman. Les frontières artificielles - dessinées pour séparer afin de mieux régner pour mieux piller - s’effacent. Place au grand affrontement religieux intra-islamique entre les chiites de l’Iran et d’une grande partie de la population de l’Irak et les sunnites du reste du Moyen-Orient. Entre Perses et Arabes, rivaux ancestraux. Ça prend de l’ampleur au Yémen. Et ça risque de prendre une tout autre tournure. Les tarés d’Arabie saoudite coupent les tronches de quelques chiites, les Iraniens foutent le feu à l’ambassade des coupeurs de viande vivante. Les deux rompent toutes relations diplomatiques. Et le Qatar, qui penche plutôt pour le pays des Ayatollah, est une victime collatérale de la belle et saignante chicorne qui se profile entre les rivaux de toujours : les Arabes et les Perses.
N’oublions surtout pas, dans le foutoir du Moyen-Orient – sur fond de pillage pétrolier - la responsabilité écrasante des États-Unis et de leurs féaux européens avec l’invasion de l’Irak faisant suite à celle de l’Afghanistan.
Rappelons-nous encore – pour la regretter amèrement – l’attitude machiavélique et suicidaire des Occidentaux il y a soixante ans : tout faire pour foutre en bas les régimes progressistes et laïques qui se levaient au Moyen-Orient. Nasser en Égypte et les partis Baas en Syrie et en Irak. Pour contrer ces mouvements salutaires d’émancipation populaire, les apprentis sorciers étasuniens et rosbifs ont facilité, aidé, financé les mouvements religieux les plus rétrogrades, en particulier les Frères Musulmans, et conforté le pouvoir de la dynastie wahhabite des Saoudi en Arabie.

Dès lors, comment espérer endiguer la vague de terrorisme qui endeuille l’Europe alors que nos pays se font les complices des bombardeurs saoudiens qu’ils ont mis en place et qu’ils protègent ?

agoravox.fr

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