
Zbigniew Brzezinski est mort ce 26 mai 2017, à l’âge de 89 ans.
Cet
homme est l’instigateur de la guerre en Afghanistan, celui qui – pour la
CIA – a inventé le concept moderne du djihad, en soutenant les
opposants à Najibullah le Président afghan de l’époque.
L’Afghanistan
était pourtant résolument tourné vers la modernité. Les femmes y
travaillaient, les filles y allaient à l’Université. Le pays avait sa
propre compagnie aérienne. Une agriculture florissante en faisait le
premier exportateur de fruits d’Asie centrale.
Mais Zbigniew Brzezinski est arrivé. Et le drame a commencé.
Dans
une longue interview, il admet avoir écrit une note au président Carter
selon laquelle si la CIA aidait les Moudjahiddines, traduisez les
« soldats de la Religion », cela entraînerait une réaction des
Soviétiques, qui voudraient soutenir le Président Najibullah.
L’idée
n’était pas de réellement mettre les moudjahiddines au pouvoir, mais de
créer une guerre civile qui forcerait l’intervention russe. Et l’idée a
marché.
L’armée soviétique envahit l’Afghanistan, le 24 décembre 1979, quelques mois après la note de Brzezinski à Carter.
Heureux de son succès, Brzezinski écrira à Carter « Nous avons maintenant l’occasion de donner à l’URSS sa guerre du Vietnam. »
La
guerre en Afghanistan n’a pas cessé depuis. Le pays exsangue ne s’est
jamais remis des plaies causées par les combats fratricides qui
l’ensanglantent encore aujourd’hui.
Des années plus tard, lorsqu’un journaliste du Nouvel Observateur interroge Brzezinski sur d’éventuels regrets, il répondra imperturbable :
« Cette
opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet
d’attirer les Russes dans le piège Afghan et vous voulez que je le
regrette ? » (1)
Le journaliste surpris insiste : « Vous ne
regrettez pas non plus d’avoir favorisé l’intégrisme islamiste,d’avoir
donné des armes, des conseils à de futurs terroristes ? »
Et
Zbigniew Brzezinski répond : « Qu’est-ce qui est le plus important au
regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire
soviétique ? Quelques excités islamistes où la libération de l’Europe
centrale et la fin de la guerre froide ? »
Les « excités
islamistes » ne font pas peur à la CIA, ni aux Présidents des États-Unis
qui se sont succédé. Ce sont tout au plus des mercenaires dont on se
sert et puis qu’on jette quand ils ne sont plus utiles. Ce sont des
terroristes parce qu’ils terrorisent les gens du commun, vous, moi, ceux
et celles qui partent travailler en métro ou qui vont à un concert. Ils
ont terrorisés les habitants de Kaboul, d’Alger et d’Alep. Ils ne
terrorisent pas les puissants de ce monde, qui sont très satisfaits de
les voir faire le sale boulot et les aider à justifier leurs guerres et
leurs atteintes à nos droits.
On pourrait penser que c’est de
l’histoire ancienne, un cours sur la Guerre Froide, mais Brzezinski a
continué à sévir des années durant. Il a aussi été conseiller du
Président Obama.
Alors comment ne pas faire le rapprochement entre
ce que la CIA a fait pour manipuler l’URSS et pousser les Soviétiques
dans une guerre en Afghanistan et ce qui se passe en Syrie ?
Nous sommes tous et toutes victimes de la même manipulation, de Bruxelles à Damas, de Kaboul à Manchester.
Brzezinski
est mort, je ne vais pas le pleurer, je voudrais juste qu’on se
rappelle le manipulateur pervers qu’il a été et sa responsabilité dans
tant d’années de guerres et de barbarie. Si certains hommes ont rendu le
monde meilleur, Brzezinski fait assurément partie de ceux qui l’ont
rendu pire.
Note
(1) Le Nouvel Observateur, 15/01/1998
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