lundi 5 juin 2017

Emmanuel Macron ou la confirmation que l’habit ne fait pas le moine.

Daniel Vanhove    

Le nouveau président français, coqueluche de la plupart des médias, vient de se tromper à trois reprises en quelques jours dans ses prises de position à l’international.

Une première fois, à la sortie du sommet du G7 de Taormina, à propos des hésitations du président américain Donald Trump sur l’Accord climatique de Paris, déclarant qu’il y avait des progrès par rapport aux positions antérieures de la présidence américaine. Et ajoutant : « Le président américain est pragmatique, et j’ai bon espoir qu’il confirmera son engagement [à l’accord de Paris], à son rythme ».
Ce constat du jeune président, contrastait étrangement avec celui de la chancelière allemande beaucoup plus critique à l’égard du président Trump.
On connaît le dénouement, c’est l’expérience d’Angela Merkel qui l’emporte.
La deuxième erreur de l’inexpérimenté président Macron est d’avoir déclaré lors de la visite de Vladimir Poutine à Versailles, que « la Russie avait envahi l’Ukraine », ce qui est une absurdité au regard des faits. Si la Russie soutient les provinces séparatistes, rien ne permet d’affirmer qu’elle a « envahi » le pays. Et il serait utile de regarder d’un peu plus près ceux qui sont au pouvoir à Kiev pour s’assurer qu’il n’y traîne pas quelques relents fascistes...
Doté d’un vrai savoir-faire et d’une expérience de longue date, Poutine n’a pas cru nécessaire de réagir et a écouté avec détachement les certitudes du jeune cadre dynamique qui oubliait sans doute qu’il n’était pas en réunion d’un Conseil d’Administration mais bien à la tête d’un Etat.
La troisième erreur d’Emmanuel Macron est l’autre déclaration toujours lors de la visite de Vladimir Poutine, affirmant : « Toute utilisation d’armes chimiques, par qui que ce soit, fera l’objet de représailles et d’une riposte immédiate de la part des Français ». Affirmation qu’a soutenue le président russe, sachant – contrairement à ce qui est affirmé par la majorité des médias occidentaux et particulièrement français – que l’explosion de Khan Cheikhoun n’est pas imputable à l’Etat syrien, mais fort probablement aux mercenaires qui dévastent le pays et avaient stocké des produits chimiques dans un entrepôt bombardé par l’armée officielle syrienne. Il y a-là une sacrée nuance ! Quant au rapport des services français sur la question, il est loin de faire la lumière sur la responsabilité du régime de Bachar el Assad. Et pas grand monde ne semble y avoir accordé un intérêt. Par ailleurs, n’est-il pas étrange que les demandes répétées d’une enquête internationale sur ce qui s’est vraiment passé lors de ce bombardement, soient toujours refusées par les parties engagées dans le conflit auprès des mercenaires (EU, G-B, France,...)
D’autres sources indiquent que les armements chimiques stockés à Khan Cheikhoun dans ces entrepôts gérés par l’EI proviendraient de Turquie... La France du jeune fougueux Macron va-t-elle engager « des représailles et une riposte immédiate » à l’encontre de ce pays... ?
L’art de la diplomatie ne s’improvise et ne se résume ni par poignées de mains viriles ni par ordonnances. Elle est le fruit d’une connaissance approfondie des dossiers, d’une culture étendue et de la détermination à convaincre ses pairs dans le seul souci qu’émergent la vérité et la justice pour l’ensemble des peuples dans un rapport de forces équilibré.
Au vu de l’agitation qui semble tarauder le nouveau président français et son impatience à vouloir imprimer son entrée en fonction de signes forts, nul ne doute qu’il aimerait faire briller la France de tous ses feux. Pour l’heure – et sans même aborder les soucis intérieurs dont la probité de certains de ses proches – c’est plutôt mal parti !
Peut-être faudrait-il conseiller à Emmanuel Macron qui prône la « formation continue » un peu plus de réserve et de temps d’apprentissage. Et un temps d’écolage auprès de la chancelière allemande par exemple. Qui à la suite de certaines décisions du président des États-Unis n’a pas tardé à réagir pour se tourner vers l’Est plutôt que de rester arrimée à l’Ouest. Ce qui permettrait – entre autres – de régler une fois pour toutes les traités du CETA et du TAFTA et de les renvoyer aux oubliettes pour le bien des populations européennes, avant de réduire les dépenses militaires réclamées par l’OTAN dont on pourra aussi se défaire progressivement.
Il est temps de comprendre ce que la géographie nous montre sous les yeux depuis des siècles : l’Europe est un appendice de l’Asie... et le continent dont il est question s’appelle bien l’Eurasie. Retenons qu’en fin de compte, c’est toujours la géographie qui a raison de l’histoire. 

Détournons-nous donc de cet arrimage artificiel et mortifère à l’autre rive de l’Atlantique et concentrons-nous sur l’immense opportunité de renouer avec la Russie dont nous partageons tant de valeurs morales et culturelles, et dans la foulée, avec la Chine... cet « Empire du milieu » millénaire dont nous avons sans doute beaucoup plus à apprendre que celui des EU qui n’a qu’un peu plus de deux cents ans, et dont on voit déjà les signes d’épuisement sans même parler de décadence ...

Le Grand Soir

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