Daniel Vanhove
Le
nouveau président français, coqueluche de la plupart des médias, vient
de se tromper à trois reprises en quelques jours dans ses prises de
position à l’international.
Une première fois, à la sortie du
sommet du G7 de Taormina, à propos des hésitations du président
américain Donald Trump sur l’Accord climatique de Paris, déclarant qu’il
y avait des progrès par rapport aux positions antérieures de la
présidence américaine. Et ajoutant : « Le président américain est
pragmatique, et j’ai bon espoir qu’il confirmera son engagement [à
l’accord de Paris], à son rythme ».
Ce constat du jeune
président, contrastait étrangement avec celui de la chancelière
allemande beaucoup plus critique à l’égard du président Trump.
On connaît le dénouement, c’est l’expérience d’Angela Merkel qui l’emporte.
La
deuxième erreur de l’inexpérimenté président Macron est d’avoir déclaré
lors de la visite de Vladimir Poutine à Versailles, que « la Russie avait envahi l’Ukraine »,
ce qui est une absurdité au regard des faits. Si la Russie soutient les
provinces séparatistes, rien ne permet d’affirmer qu’elle a « envahi »
le pays. Et il serait utile de regarder d’un peu plus près ceux qui
sont au pouvoir à Kiev pour s’assurer qu’il n’y traîne pas quelques
relents fascistes...
Doté d’un vrai savoir-faire et d’une
expérience de longue date, Poutine n’a pas cru nécessaire de réagir et a
écouté avec détachement les certitudes du jeune cadre dynamique qui
oubliait sans doute qu’il n’était pas en réunion d’un Conseil
d’Administration mais bien à la tête d’un Etat.
La troisième erreur d’Emmanuel Macron est l’autre déclaration toujours lors de la visite de Vladimir Poutine, affirmant :
« Toute utilisation d’armes chimiques, par qui que ce soit, fera
l’objet de représailles et d’une riposte immédiate de la part des
Français ». Affirmation qu’a soutenue le président russe, sachant –
contrairement à ce qui est affirmé par la majorité des médias
occidentaux et particulièrement français – que l’explosion de Khan
Cheikhoun n’est pas imputable à l’Etat syrien, mais fort probablement
aux mercenaires qui dévastent le pays et avaient stocké des produits
chimiques dans un entrepôt bombardé par l’armée officielle syrienne. Il y
a-là une sacrée nuance ! Quant au rapport des services français sur la
question, il est loin de faire la lumière sur la responsabilité du
régime de Bachar el Assad. Et pas grand monde ne semble y avoir accordé
un intérêt. Par ailleurs, n’est-il pas étrange que les demandes répétées
d’une enquête internationale sur ce qui s’est vraiment passé
lors de ce bombardement, soient toujours refusées par les parties
engagées dans le conflit auprès des mercenaires (EU, G-B, France,...)
D’autres
sources indiquent que les armements chimiques stockés à Khan Cheikhoun
dans ces entrepôts gérés par l’EI proviendraient de Turquie... La France
du jeune fougueux Macron va-t-elle engager « des représailles et une riposte immédiate » à l’encontre de ce pays... ?
L’art
de la diplomatie ne s’improvise et ne se résume ni par poignées de
mains viriles ni par ordonnances. Elle est le fruit d’une connaissance
approfondie des dossiers, d’une culture étendue et de la détermination à
convaincre ses pairs dans le seul souci qu’émergent la vérité et la
justice pour l’ensemble des peuples dans un rapport de forces équilibré.
Au
vu de l’agitation qui semble tarauder le nouveau président français et
son impatience à vouloir imprimer son entrée en fonction de signes
forts, nul ne doute qu’il aimerait faire briller la France de tous ses
feux. Pour l’heure – et sans même aborder les soucis intérieurs dont la
probité de certains de ses proches – c’est plutôt mal parti !
Peut-être faudrait-il conseiller à Emmanuel Macron qui prône la « formation continue »
un peu plus de réserve et de temps d’apprentissage. Et un temps
d’écolage auprès de la chancelière allemande par exemple. Qui à la suite
de certaines décisions du président des États-Unis n’a pas tardé à
réagir pour se tourner vers l’Est plutôt que de rester arrimée à
l’Ouest. Ce qui permettrait – entre autres – de régler une fois pour
toutes les traités du CETA et du TAFTA et de les renvoyer aux oubliettes
pour le bien des populations européennes, avant de réduire les dépenses
militaires réclamées par l’OTAN dont on pourra aussi se défaire
progressivement.
Il est temps de comprendre ce que la géographie
nous montre sous les yeux depuis des siècles : l’Europe est un appendice
de l’Asie... et le continent dont il est question s’appelle bien
l’Eurasie. Retenons qu’en fin de compte, c’est toujours la géographie
qui a raison de l’histoire.
Détournons-nous donc de cet arrimage
artificiel et mortifère à l’autre rive de l’Atlantique et
concentrons-nous sur l’immense opportunité de renouer avec la Russie
dont nous partageons tant de valeurs morales et culturelles, et dans la
foulée, avec la Chine... cet « Empire du milieu » millénaire dont
nous avons sans doute beaucoup plus à apprendre que celui des EU qui
n’a qu’un peu plus de deux cents ans, et dont on voit déjà les signes
d’épuisement sans même parler de décadence ...
Le Grand Soir
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire