Contrairement à une idée reçue, la compétition ne serait pas
une bonne nouvelle pour l’espèce humaine, serait porteuse de
souffrances, générant un nationalisme de mauvais aloi.
Mais cette réflexion sur la compétition n’est qu’un des
sujets sur lesquels Etienne Chouard, l’enseignant blogueur, s’est
exprimé ouvrant ainsi de nouvelles réflexions pour une autre humanité.
À quelques heures du bac de philo, voilà des sujets qui auraient sûrement bien inspiré les futurs bacheliers...
« La proie aime les barrières » affirme Étienne Chouard... il dénonce un angélisme basé sur l’idée que la Terre n’aurait pas de frontières, et que nous serions avant tout des « citoyens du monde »...sauf que, affirme-t-il : « pour
pouvoir être accueillant, j’ai besoin d’avoir un « chez moi » (...) il
faut que je me sente bien, il faut que je n’aie pas peur de toi (...) le
prédateur n’aime pas la frontière, n’aime pas la clôture. La proie aime
bien la clôture... et ce sont des prédateurs qui écrive la doxa, la
propagande, mondialiste, anti-frontière, anti nation, des forts du
moment qui veulent que règne la « loi du plus fort »(...) On nous rebat
les oreilles avec la compétition.... les jeux olympiques sont une
saloperie de ce point de vue. Ils développent chez nous une habitude de
la compétition, avec un qui gagne et tous les autres qui pleurent !
C’est idiot ! Nous pourrions jouer autrement, en collaborant... nous
pourrions trouver notre plaisir non pas à gagner et à voir les autres
pleurer, alors qu’on est le seul à rire, on pourrait jouir de la
collaboration, de l’entraide, et aurait gagné celui qui aurait le plus
aidé les autres.
Il rappelle la pratique de ces sociétés primitives dont les règles sur le jeu sont autres : « tant qu’on n’est pas à égalité, il faut continuer à jouer, jusqu’à ce qu’on soit à égalité ».
(...) il s’agit d’une éducation qui cesse de nous
apprendre à nous opposer les uns aux autres. L’espèce humaine a
probablement survécu que parce qu’elle s’est entraidé ».
Le blogueur s’exprime aussi sur l’argent...
(« Ceux qui fabriquent la monnaie ont intérêt à ce qu’elle soit rare ») et il fait un parallèle entre le sang et la monnaie : « la
monnaie sert à échanger, le sang aussi... nous avons besoin de sang,
nous avons besoin de monnaie... et nous avons besoin d’une quantité
adéquate de monnaie, tout comme nous avons besoin d’une quantité
adéquate de sang. (...) or ce qui détermine la quantité de monnaie dans
notre pays est complètement idiot. La monnaie est crée par les crédits.
Au moment où vous empruntez, vous créez de la monnaie. (...) Quand la
période est à l’optimisme, tout va bien, on croit à l’avenir, les
produits sont de moins en moins chers, on est bien payés, on va avoir
tendance à emprunter beaucoup. En période de pessimisme, on n’a plus
confiance en l’avenir, on a plus envie d’emprunter, les banquiers n’ont
plus envie de prêter, (...) pourtant il faut toujours rembourser les
crédits, la baignoire se vide toujours à vitesse régulière, mais elle ne
se remplit plus. La masse monétaire diminue, et arrive le chômage.
Si aujourd’hui tout le monde remboursait ses dettes, il
n’y aurait plus d’argent... et pourtant on aurait encore besoin
d’argent. (...) on a donné la responsabilité de créer de l’argent à des
acteurs qui ont un intérêt personnel puissant à ce que cet argent soit
rare ».
Et il enchaîne sur l’Union Européenne :
« Nous sommes dans un piège... Cette Union Européenne a
été crée, voulue, défendue mordicus, financée par des banquiers, les
institutions européennes sont anti sociales et elles sont faites pour
fabriquer du chômage. La seule mission de la banque centrale, c’est de
protéger la monnaie, fusse au prix d’un chômage de masse (...) qui
arrange bien les riches qui l’ont voulu. (...) quand ils luttent contre
l’inflation, ça se paye en chômage. (...) ils veulent du chômage parce
que ça va être intimidant pour les salariés, ça va permettre de payer
des bas salaires, et des bas salaires ce sont des hauts profits pour
eux. (...) ceux qui dépensent l’argent créé, ce ne sont pas les riches,
ce sont les pauvres. (...) le pauvre par définition ne satisfait pas
tout ses besoins. »
Le scandale Carlos Ghosn, qui vient d’éclater, grâce aux révélations du « Canard Enchaîné », en est la parfaite démonstration.
Sur l’air de « j’en veux toujours plus », le dirigeant Renault/Nissan aurait mis au point un montage qui a permis discrètement de récupérer 25 millions de bonus supplémentaires pour lui-même et 6 autres grands actionnaires.
Le montage de l’opération est simple : une société de service, détenue par une fondation de droit néerlandaise reçoit 8% du montant des synergies additionnelles dégagées par ces entreprises, et un tiers de ces fonds sont reversés à 6 actionnaires, dont Carlos Ghosn, évidemment. lien
Mais revenons à la réflexion d’Étienne Chouard.
Il s’interroge sur l’inflation.
« Ça veut dire, une augmentation de quantité. (...) si
vous augmentez la quantité de monnaie, avec en face une augmentation de
la quantité des biens, il n’y a pas d’inflation, car pas de rareté. Si
par contre vous créez beaucoup d’argent, mais sans les biens, vous créez
de la rareté, et vous faites monter les prix. (...) la réserve fédérale
crée en ce moment un milliard et demi de dollars par jour, et pourtant
il n’y a pas d’inflation, parce que ce n’est pas à nous que l’on donne
ces milliers de milliards.
Par contre regardez ce qui ce passe du coté des riches,
du coté des marchés financiers, ces marchés qui devraient s’effondrer
parce que ce sont des crapules, qui ont triché, qui devraient être en
faillite, et pourtant la bourse ne s’effondre pas parce que les milliers
de milliards vous les mettez dans ce monde de riches où vous poussez
les prix à la hausse, vous injectez du pouvoir d’achat, avec notre
argent à nous, cet argent qui est si précieux, qui devrait garder de la
valeur, vous êtes en train de l’injecter dans les marchés financiers
afin de maintenir en respiration artificielle des cours de bourse qui
devraient s’effondrer. (...) imaginez que vous ayez beaucoup d’argent,
que vous puissiez acheter sans limite, vous achetez 2 millions la villa
sur la Cote d’Azur qui en vaut 1... et en faisant monter les prix, vous
validez le pari que faisait l’acheteur, en disant ça va continuer à
monter, ce sont des prophéties auto-réalisatrices... ils alimentent une
bulle avec de l’argent facile. Quand elle s’effondrera, elle ne ruinera
pas les acteurs qui ont triché, parce qu’ils vont se retirer, toujours à
temps, grâce aux mécanismes de délits d’initiés.
La Grèce s’est fait endetter comme les autres, elle est
la première à sombrer, mais ne traitez pas la Grèce comme un cas
particulier... la Grèce, c’est la France ! Nous sommes tous grecs ! Et
je vous prédis la suite, parce que ce n’est pas fini, nous sommes en
train de régresser. (...) quand nous serons à poil, ce sera trop tard,
malgré tout ce que nos parents ont mis en place pour que nous puissions
nous défendre »
On retrouve là, la métaphore de la grenouille dans la marmite : elle
sent la température s’élever, et elle éprouve du plaisir, puis la
température continuant de s’élever, elle n’aura plus la force de sortir
de l’eau, et finira par périr, complètement cuite....
« quand ce sont les mêmes personnes qui vous ont endetté
jusqu’au dernier degré qui poussent des cris d’orfraie pour prétendre
que l’urgence est au désendettement, et si vous n’êtes pas complètement
idiots, vous allez faire le lien entre le gars qui vous a endetté, et le
gars qui est en train de vous dire, maintenant il faut se désendetter
(...) il m’a endetté en baissant les impôts des riches, et il essaye de
me faire croire qu’il va me désendetter en augmentant les impôts des
pauvres. (...) Le bout de la logique du
capitalisme, c’est Dachau, Auschwitz, c’est le camp de concentration,
elle va jusqu’au bout de sa logique du profit, si vous ne lui résistez
pas, elle finira par vous faire travailler pour rien, et quand vous
serez morts, c’est pas grave, il y a d’autres fourmis qui arrivent
derrière par trains »..
Il fait donc un parallèle osé entre les entreprises, et les camps de concentration : « quelqu’un
qui sortirait d’un camp de concentration, et qui verrait la vie des
entreprises, il penserait, c’est la même logique, c’est le même mépris
humain, c’est la même mécanique qui tue, et qui asservit ». lien
En effet, en Allemagne, (et bientôt probablement bientôt chez nous), le gouvernement, avec les lois socio-libérales Hartz
a fait passer le chômeur de la case chômage à la case misère, obligé
qu’il est d’accepter des travaux parfois incompatibles avec sa
formation, et pour des prix défiant toute concurrence...
1,4 million d’allemands ont accepté un salaire de moins de 5 € l’heure. lien
Les français vont-ils accepter ça ? Nous seront bientôt fixés, mais
apparemment, ils ne sont pas nombreux à voir ça d’un bon œil...
Comme dit mon vieil ami africain : « qui mendie en silence, meurt de faim en silence ».
agoravox.fr
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