Une salariée a enchaîné 1.117 CDD en 12 ans dans le Nord : elle a
travaillé entre le 1er janvier 2002 et le 20 février 2014 pour la Caisse
autonome nationale de la Sécurité Sociale des mines et a signé un peu
plus de 90 contrats par an. Selon la Voix du Nord : « Je prenais un
poste à 21 h et j’enchaînais à 6 h » « Je faisais des journées aussi
bien que des nuits, comme agent de service hospitalier. D’abord, j’ai
fait le ménage. Ensuite, j’ai été veilleuse de nuit puis j’ai soigné des
patients. Parfois je prenais un poste à 21 h et j’enchaînais avec un
autre qui commençait à 6 h. Une fois, j’ai même fait 3 semaines sans une
seule journée de repos. »
C’est un record. Mais on sait que ce n’est pas la première fois. Il y
a des dizaines de milliers de cas. Les patrons voyous privés et
publics abusent de la précarité.
Joël Collado, célèbre présentateur de la météo sur France inter et
France info, a été « viré » fin 2015 après 21 ans de bulletins météo en
CDD : il avait signé 215 contrats de travail depuis 1995. Il a fallu
qu’il aille aux prud’hommes pour requalifier cette relation de travail
« en contrat à durée indéterminée » avec
« licenciement sans cause
réelle et sérieuse », selon le jugement prononcé fin avril 2017. Il a
obtenu la requalification en CDI de ses contrats avec Radio France et le
versement de 36.000 euros, notamment sous la forme d’une indemnité de
licenciement conventionnelle, d’une indemnité de licenciement sans cause
réelle et sérieuse, de dommages et intérêts pour préjudice moral, et de
frais de procédure. (Macron veut plafonner ces indemnités légales
infligées dans ces cas là).
Hollande, Valls, El Khomri et Macron avaient déjà permis la mise en
œuvre de 3 CDD successifs en juin 2015. Ce qui frappait surtout les
jeunes.
Mais les nouvelles ordonnances Macron vont légaliser cette
délinquance patronale bien au delà et accroitre la précarité de ce
type : le gouvernement compte assouplir, par convention ou accord
collectif de branche, les CDD et l’intérim. Pourraient ainsi être
négociés, sans encadrement légal, les motifs de recours en emploi
précaire, leur durée et leur succession sur un même poste ou avec le
même salarié.
Les accords collectifs qui autorisent le recours au travail de nuit
seraient aussi sécurisés, de même que le prêt de main-d’œuvre à but non
lucratif « entre un groupe ou une entreprise et une jeune entreprise ».
L’élargissement du recours aux CDI de projet, conclus « pour la durée
d’un chantier » (actuellement réservés au BTP). Ces contrats pourraient
être conclus « par accord de branche ou, à défaut, à titre
expérimental ». Ce serait des CDD sans autre limite que le bon vouloir
du patron qui définirait à sa convenance le moment de la « fin du
chantier » de la « tâche » ou de « la mission ». Il n’y aurait même plus
de terme précis pour interrompre le contrat, ni de procédure, le patron
dirait « la tâche est finie ».
filoche.net
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