samedi 3 juin 2017

Si jamais je mourrais…

Eros_et_Thanatos_Peinture_Eliora_BousquetGaëtan Pelletier       

Si jamais, si jamais je mourrais sans mourir, je demanderais à Dieu une rivière, un lac, une canne à pêche, et un grand ciel bleu, des mots,  des pinceaux, et des rires d’oiseaux.

Je trouverais une femme, au hasard d’un arbre sans pomme, et j’aurais des yeux grands comme toutes les questions du monde. Le temps n’existerait pas, et nous serions luisants,  quasi translucides comme cette eau de   rivière qui bruisserait à longueur de jour,longueur  de nuit. Nous passerions nos jours à nous amourer, à marcher, à cueillir des toiles-papillons aux vols fous. Il n’y aurait ni bitume, ni auto, ni gens de misères, ni calculateurs frigidaire, et menteurs d’affaires. Notre maison aurait des siècles, et la chaleur viendrait de nos respirs.

De temps en temps, sans temps, la pluie viendrait faire un tour pour éponger la soif des sols et la nôtre. Les eaux feraient de tricots d’eau en contournant les grosses pierres ayant émergées  des sables du sol. On y nagerait comme dans les ventres des mères.

Nous aurions des enfants pour peupler une terre, des enfants à l’âme de lumière, des enfants qui s’en iraient ailleurs-ici, dans ce non espace, pour n’apprendre que vivre en amour est déjà prier.


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