Cette dame du FN dénonçait. Et quand ça ne donnait rien elle
dénonçait encore : « dénonciation complémentaire », claironnaient les
médias qui la relayaient !
À la suite des dénonciations, le juge plaçait
au fur et à mesure les gens dénoncés en « enquête préliminaire » pour
vérifier le bien-fondé ou non de la dénonciatrice. L’intitulé du motif
de ces enquêtes préliminaires sentait bon cette flétrissure à peu de
frais dont raffolent les corbeaux : « abus de confiance », etc.
Aussitôt, les médias se jetaient sur la chair fraîche qui leur était
ainsi offerte en pâture. Sans limite, sans vérification, sans pudeur,
sans retenue, en toute hargne pure et nue.
Sorti de la liste des 20 « dénonciations complémentaires », mon nom
et ceux de trois de mes assistants ont été jetés en pâture dans une
finalité d’autant plus clairement ciblée politiquement que personne
d’autres que moi n’était cité. Par exemple Yannick Jadot, dirigeant
national d’EELV, pourtant suspecté lui aussi « d’abus de confiance » et
placé en enquête préliminaire, a pu dormir tranquille. Pourtant il
s’agit bien d’un important personnage, candidat à la présidentielle et
bras droit de Benoît Hamon, autre personnage considérable, non ?
Pourquoi n’intéressent-ils aucun média ? Bien sûr, aucun de ces grands
esprits médiatiques ne pouvait ignorer qu’en agissant de la sorte, il ne
faisait que relayer une accusation sur la seule base d’une action
lancée par le FN. J’ai pris cher. « France 2 », évidemment, se précipita
sur le steak, suivie de tous les autres médias qui nous haïssent.
C’est-à-dire presque tous. Chacun recopiant l’autre, c’est une chaine de
répétitions, discernable à l’œil nu, qui unit la « dénonciation
complémentaire » venue du FN et les articles de « Médiapart » jusqu’à la
une du « Parisien » en passant par « Marianne » et tous les médias en
ligne de la fachosphère. En signature ? Des journalistes militants,
particulièrement constants dans leur hostilité à mon égard depuis de
longues années pour certains.
Dans l’enthousiasme de la haine qu’ils me portent, certains
poussèrent très loin le trait. J’étais coupable alors même que je
n’étais même pas mis en examen. J’étais « rattrapé » (alors que je
m’enfuyais sans doute) par « l’affaire » des assistants parlementaires
si l’on en croit « Le Parisien », organe il est vrai souvent proche des
idées du Front national. Pour Plenel à « Médiapart » comme pour «
Marianne », désormais, quiconque a une responsabilité jugée par eux «
importante » dans une organisation est en réalité un emploi fictif s’il a
un métier par ailleurs. Jamais, jamais on n’avait vu les militants
ainsi montrés du doigt. Il faut espérer que cela n’inspire pas d’autres
corbeaux. Beaucoup pourraient ainsi dénoncer des gens qui ont un métier
en même temps qu’un engagement associatif, philosophique ou politique.
Ceux qui me lisent et sont concernés comprendront le message, je
l’espère. Rien ne doit étouffer la compréhension du danger que ces gens
ont créé.
Mais à présent toute cette farce fait pchitt ! La scène s’effondre
dans un éclat de rire final des frontistes. Le FN avoue s’être bien
moqué des idiots médiatiques qui lui ont pourtant si bien servi la
soupe. En effet, la dame du FN se rétracte. Ce qu’elle a fait,
déclare-t-elle, si j’en crois « le Lab d’Europe1 », n’était pas une «
dénonciation » mais juste un « signalement » et même « un pied de nez ».
Ils sont contents les médias « d’investigation », d’avoir trouvé au FN
plus « impertinent » qu’eux ? Quel effet ça leur fait de servir de «
pied de nez » pour le Front national ? Ils jouent quel rôle dans cette
comédie, les amis du pilori médiatique : le pied ou le nez du FN ? Et le
juge qui reçoit les « dénonciations complémentaires » ? Il est content
que ses « enquêtes préliminaires » servent de « pied de nez » au Front
national ? A-t-on déjà vu aveu d’une telle utilisation des voies de la
justice à des fins politiques ? Quelqu’un va-t-il faire une mise au
point ou bien le corporatisme médiatique « tout sauf Mélenchon »
restera-t-il le plus fort ? Un peu de courage !
Comment en est-on arrivé à cette rétractation de la dénonciatrice ?
Parce que, comme je n’ai rien à me reprocher, j’ai annoncé que je
déposerai une plainte pour « dénonciation calomnieuse ». Du coup la
madame comprend que ça va être chaud pour elle. Il va lui falloir
prouver que mes assistants avaient un emploi fictif d’assistant de
député européen. Prouver que leurs tâches européennes n’existaient pas
et prouver qu’ils travaillaient pour le parti de gauche ou le Front de
gauche comme cela a été dit, écrit et répété. Cela lui est impossible.
Pour une raison simple : ce n’est pas vrai. Elle a menti. Ceux qui l’ont
suivi ont, comme elle, menti ! Ils ont voulu comme elle, de propos
délibéré, instrumentaliser la justice pour atteindre leurs objectifs
politiques. Voilà pourquoi elle se rétracte. Cette fois-ci elle est
prise à son propre piège et le Front national avec elle ! Et tous ceux
qui ont diffusé ses calomnies sans émettre de réserve sur la fiabilité
de la dénonciation ont concouru à la calomnie. L’arroseur sera bientôt
arrosé ! Car voila le fin mot de l’histoire : la « dénonciation
calomnieuse » est un délit dans notre pays. Le corbeau du FN s’en est
rendu coupable. Et ceux qui l’ont aidé s’en sont rendus coupables.
Je
poursuivrai tous ceux qui ne m’auront pas donné acte de leur
dénonciation calomnieuse. Car il s’agit là d’une responsabilité
individuelle. Ça va saigner chez les corbeaux !
Jean-Luc Mélenchon
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