L'éducation passe sous la coupe des conservateurs et de la religion dans plusieurs États américains.
Le gouverneur républicain de Floride s’était distingué il y a trois
ans en interdisant aux fonctionnaires de son État de faire la moindre
allusion au réchauffement climatique. Étaient (et restent) interdits
dans les rapports techniques ou officiels comme dans la communication
entre ces fonctionnaires, d’utiliser les mots « réchauffement », «
dérèglement du climat » ou « montée de la mer ». Ce qui n’empêche
évidemment pas l’océan d’envahir régulièrement une partie de Miami et de
quelques autres villes de cette région. Mais, cela, c’était avant
Trump…
Rick Scott vient de signer une loi locale permettant à tout résident
de l’État de demander le retrait ou l’interdiction d’un livre de classe,
écoles primaires et secondaires, qui lui déplaît ou dont les
orientations lui paraissent « erronées ». Il peut le faire
directement ou en passant par l’intermédiaire de l’État ou d'un
fonctionnaire spécialisé qui a désormais le droit de retirer de la
dotation des élèves ou de la bibliothèque d'un l’établissement tous « les livres de classe, les films ou les romans qui lui paraîtront inadéquats ».
Un « progrès » par rapport à la réglementation qui permettrait aux
parents ou résidants de se plaindre auprès du Conseil de l’école de leur
quartier. C’est par ce biais que des parents avaient obtenu aussi bien
l’interdiction de livres accusés de « glorifier Cuba » que des ouvrages
qui présentaient le réchauffement climatique comme une réalité ou
faisait remonter l’origine du monde à 4 milliards d’années. Une femme
avait aussi réussi à faire disparaître d’une bibliothèque scolaire tous
les exemplaires d’Harry Potter. Et un couple a obtenu le retrait d'un livre sur le pape.
L'évolution biologique et le réchauffement en question
Cette mesure, c'est-à-dire cette censure, a été considérée comme
anti-science par le Conseil national pour les sciences éducatives de
Washington, mais elle n’a empêché ni le parlement de l’État de la voter
ni le gouverneur de la promulguer. L’État de l’Alabama et celui de
l’Indiana ont également adopté des textes de « liberté académique » pour «
encourager les enseignants à promouvoir dans leur cours la discussion
sur la question de l’évolution biologique, sur les origines de la vie et
de la terre et sur le réchauffement climatique ». Mais ces textes,
comme celui adopté en Floride, n’ont entraîné aucune restriction envers
les dizaines de milliers de films et de livres envoyés gratuitement
dans les écoles par le Heartland Institute véhiculant des fausses
informations sur l’origine de la vie et sur le dérèglement climatique.
Il est vrai que cet organisme libertarien et conservateur a les faveurs
du Parti républicain. Basé à Chicago, employant plusieurs centaines de
personnes, il est financé par des compagnies pétrolières, par des
sociétés chimiques et pharmaceutiques et par Philip Morris. Il a été
accusé, preuves à l’appui, par des journalistes d’investigation
américains, d’avoir payé de nombreux scientifiques pour qu’ils publient
des rapports biaisés sur le climat en particulier et sur les recherches
médicales et scientifiques en général.
De nombreux spécialistes de l’éducation et des sciences de Floride
protestent contre les risques de censure, mais pour l’instant ils n’ont
pas été entendus et les conseils d’école de l’État croulent déjà sous
les demandes de retraits de livres de sciences ou de littérature, de la
part des activistes conservateurs.
politis.fr
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