samedi 29 juillet 2017

Hot spots en Libye : notre bon Prince et la souriante xénophobie d’Etat

1311740-Fronton_dun_palais_de_justice.jpgGilles Devers                   

Ça, on peut dire qu’on ne s’ennuie pas avec cette équipe. Vous verrez que notre bon Prince nous fera regretter et Sarkozy et Hollande… 

Le gag est en effet sublime : le Prince a été recadré par l’Elysée ! Ubu roi est battu… Jeudi matin, le prince, en visite à Orléans, annonce fièrement : « L'idée est d'ouvrir des hot spots en Libye afin d'éviter aux gens de prendre des risques fous alors qu'ils ne sont pas tous éligibles à l'asile. Les gens, on va aller les chercher. Je compte le faire dès cet été. On va essayer de le faire avec l'Europe mais nous, la France, on le fera ». Mais, boum badaboum, l’Elysée publie un démenti dans l’après-midi : « En Libye même, ce n'est pas possible aujourd'hui, mais ce peut être le cas à courte échéance. Dès fin août, nous aurons une mission de l'Ofpra pour voir comment il est possible de mettre ça en place ». Et l’Elysée affirme avoir « identifié une zone, qui est le Sud libyen, le nord-est du Niger et le nord du Tchad pour installer des centres avancés de l'Ofpra ». 

1/ On est bien avancé ! 

La zone du Sud libyen, du nord-est du Niger et le nord du Tchad se compte en centaines de kilomètres de chaque côté. Et le mec ose nous dire « j’ai identifié la zone ». Complètement nul, comme son pseudo accord libyen, non signé, et qui ne va faire qu'envenimer la situation là-bas, ruinant les efforts de l'Italie. 

2/ Un truc faux-cul à 100%

Selon notre bon Prince, « l'idée est d'ouvrir des hot spots en Libye afin d'éviter aux gens de prendre des risques fous alors qu'ils ne sont pas tous éligibles à l'asile ». Je traduis en français : « l’idée est de bloquer les pauvres là-bas pour qu’ils n’arrivent pas sur notre sol, on en a déjà bien assez comme ça ». On aurait pu imaginer que notre bon Prince en profite pour s’expliquer sur le rapport de Human Right Watch qui l’accuse de gazer des mineurs à Calais, mais cette question très contingente n’est pas du niveau de la hauteur de vue du Prince et de sa pensée complexe.
C’est donc un pas de plus dans la xénophobie d’État, avec le style cool et décontracté. 

3/ Le truc est illégal à 100 %

Le principe de base du droit d’asile est l’accueil sur le territoire, avec la mise en place de procédés de garantie de droits, dont un hébergement décent pour retrouver une stabilité minimale, la consultation d’un avocat et la possibilité d’exercer un recours en justice.
Rien de cela dans les hot spots libyens: aucune garantie de droit, aucune consultation d’avocats et aucune possibilité de recours.
Ce que dit ce type est horrible pour quiconque sait un minimum ce qu’est la réalité dans les camps de réfugiés et la vie pour les réfugiés, un quotidien de violences, de menaces et de rackets. Que devient le migrant rejeté par le hot spot, devenu proie des mafieux ? 
De plus, avec ses formules à la con, le prince nous fait croire qu’il a trouvé la distinction évidente entre réfugiés et migrants économiques, alors que cette question éminemment complexe et tout au centre de tous les recours individuels exercés devant les juges. Qu'il se taise ! 

4/ L’Europe ne suivra jamais

La Commission européenne a accepté des hot spots sur le territoire des Etats membres, en Grèce et en Italie, et les bilans sont catastrophiques, car ces hot spots deviennent des centres de rétention avancés, avec des conditions misérables. Mais jamais été question de manière réaliste de créer ses centres sur des territoires étrangers. La question de la sécurité est rédhibitoire, à commencer pour les demandeurs d’asile, puis pour le faire, il faudrait une loi, et modifier le traité international sur les réfugiés. 

« Je veux, je veux… » Si notre bon Prince persiste, on va le coller devant les juges, et basta. Ce gus commence à bien faire. 

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