C’est par une simple lettre adressée à
la Commission des finances de l’Assemblée Nationale que le gouvernement a
fait savoir le 12 juillet dernier qu’il procèderait à une coupe de 331
millions d’euros sur les crédits déjà budgétés qu’il devait verser en
2017 aux établissements de l’Enseignement supérieur et de la recherche.
Cette
brutale coupe constitue une rupture nette avec les promesses de
campagne de Macron qui s’était engagé dans sa campagne à
« sanctuariser » les crédits de l’enseignement supérieur et de la
recherche. Elle donne ainsi du crédit aux rumeurs qui annoncent, qu’à
rebours de toutes ses promesses de campagne, le gouvernement serait en
train de préparer un budget de choc en 2018 pour les Universités.
Si
l’Enseignement supérieur et la recherche ne sont pas les seuls à être
concernés par le tournant austéritaire du gouvernement Macron, qui a
visiblement fait de l’ensemble de la fonction publique sa cible
prioritaire, ces annonces prennent un sens particulier en raison de
l’impasse financière dans laquelle se trouvent les Universités. Depuis
la mise en place sous le gouvernement Sarkozy de l’autonomie des
Universités, qui a organisé le désengagement financier de l’Etat,
celles-ci n’ont cessé de se débattre dans des difficultés inextricables
qui les ont amenées à multiplier les fermetures de cours et de filières
et à geler massivement leurs propres postes. Chaque mois un nouvel
établissement annonce un nouveau plan de réduction de ses coûts : en mai
dernier, l’Université de Grenoble-Alpes annonçait par exemple la
suppression de 21 500 heures de cours, tandis qu’au mois de juin
l’Université de Bourgogne décidait de son côté de supprimer 40 000
heures de cours. La précarisation des personnels a atteint des niveaux
historiques : non seulement 26,6 % des emplois des Universités sont
précaires, mais l’enseignement n’est assuré que grâce à 130 000
vacataires sous-payés et privés de tout droit.
La
situation est d’autant plus inextricable que les Universités doivent
faire face à une croissance démographique qui les amène à accueillir
40 000 étudiants de plus chaque année. Une telle situation a aujourd’hui
atteint ses limites : 15 Universités ne parviennent plus aujourd’hui à
réaliser leur budget, se trouvant ainsi soumis à des plans de
redressement rectoraux, et les établissements n’arrivent plus à faire
face à la demande des étudiants. Elles ont obtenu la possibilité de
mettre en place une sélection en master, ce qui leur permet de
restreindre leurs étudiants, mais aussi à procéder à un tirage-au-sort
en licence dans les filières les plus demandées (STAPS, Psychologie,
Infocom, PACES etc.).
C’est dans ce
contexte qu’il faut comprendre la politique austéritaire du
gouvernement. Comme Macron n’a cessé de le suggérer durant sa campagne
et comme le rapport du 29 juin 2017 de la Cour des comptes l’explique
clairement, les Universités ne peuvent aujourd’hui se sortir de leurs
difficultés qu’en prenant deux mesures structurelles : augmenter les
droits d’inscription, afin de prendre dans la poche des étudiants ce que
l’Etat ne leur donne plus, et mettre en place de la sélection en
licence, afin de pouvoir diminuer leur charge d’enseignement. Cette
dernière mesure est déjà à l’ordre du jour, puisque dans son discours
d’investiture le Premier ministre a annoncé la mise en place d’un
« contrat de réussite étudiant » à la rentrée 2018, avec la créations de
« pré-requis » à l’entrée de la licence, ce qui permettra d’exclure
certains bacheliers de certaines filières. Quant à la hausse des droits
d’inscription, tout montre que la mesure est déjà toute prête et que le
gouvernement n’attend que le moment propice pour la sortir.
Les
étudiant.e.s et les personnels de l’Enseignement supérieur et de la
recherche se trouvent placés donc au pied du mur. Derrière le tournant
austéritaire du gouvernement Macron se profile une politique de casse du
service public de l’enseignement supérieur qui vise très clairement à
mettre en place la sélection et la hausse des droits d’inscription.
Et
pour arrêter cette politique de casse, il faudra bien plus que des
rodomontades syndicales : l’heure est à la préparation d’une rentrée de
lutte, en sachant que seul un mouvement d’ensemble dans les Universités
pourra permettre d’arrêter le gouvernement et de permettre à chaque
bachelier ou bachelière de pouvoir avoir accès à l’enseignement
supérieur en choisissant la filière de son choix.
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