Alors que le gouvernement Macron-Philippe profite de l’été pour
avancer sur sa loi travail 2, l’enseignement supérieur et la recherche
ne sont pas exempts des attaques du ministère, entre la réduction des
budgets, les 65 000 bacheliers sans facs, et la réforme sur la sélection
en licence pour 2018.
65 000 étudiants sans inscription...
Ils
n’étaient que 2 500 l’an dernier, les voilà 65 000, soit près d’un
étudiant sur 13, à ne pas avoir été admis dans une formation post-bac
par le logiciel APB. Évidemment, l’augmentation de celles et ceux qui
commencent leur vie estudiantine par une année blanche n’est pas due à
un problème informatique du portail APB, malgré des défaillances
régulières. En réalité, il était attendu près de 40 000 demandes de
plus, à raison de l’augmentation du nombre de bacheliers chaque année.
Mais
les récentes attaques contre les universités, qui ont amené à des
fermetures de filières ou à des réductions des places disponibles, ont
rendu les universités françaises incapables d’accueillir tous les
bacheliers. En effet, le quinquennat Hollande aura été celui des
« fusions d’universités », qui ont largement abouti à des fermetures de
filières (surtout dans les sciences sociales et les arts) et parfois
d’établissements. La nouvelle ministre de l’ESR, Frédérique Vidal, a
d’ailleurs annoncé que cette situation ne pouvait plus durer, pour
instaurer dès 2018 ce qui existe déjà de fait : la sélection dès la
licence.
La sélection en licence dès la rentrée 2018
C’est
la prochaine attaque d’ampleur à laquelle devront faire face les
étudiantEs : dès 2018, le gouvernement veut imposer la sélection en
licence sous la forme de « prérequis ». Une façon de revenir sur le
droit de tous les étudiantEs à pouvoir aller dans l’enseignement
supérieur, en s’appuyant sur les déficits de places, qui exempte le
gouvernement de toute responsabilité.
D’autant plus que la
sélection existe déjà à l’université : outre la sélection en master 1,
qui a été instaurée cette année par le gouvernement Hollande et acceptée
par l’Unef, ce sont près de 380 cursus universitaires qui pratiquent
déjà la sélection, notamment via la forme sélective des doubles
licences. Le moyen de faire une université à deux vitesses, entre des
cursus d’excellence sélectifs d’un côté, avec plus d’heures et des
classes moins remplies, et des cursus « poubelles » de l’autre, avec
moins d’heures de cours et des salles pleines à craquer...
Et on
peut penser que cela va aller de mal en pis : le gouvernement a aussi
annoncé une baisse de 331 millions d’euros du budget pour le ministère
de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Des centaines de
millions d’euros qui seront surtout retirées aux facultés les moins
prestigieuses : en 2013, le budget moyen de l’État pour un étudiant de
l’université était de 8 000 euros... et de 21 000 euros pour les grandes
écoles publiques comme Polytechnique ou Centrale.
Un fossé qui va
encore s’élargir, et avec lui les inégalités sociales qui vont avec.
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