Ça crame ! Des forêts entières partent en fumée. Il faut cent ans pour
faire un pin, une minute pour qu’il explose en feu… Ça crame
essentiellement en Provence et en Corse. Ça crame en juillet, ça cramera
encore en août. Ça ne cramait pas en juin malgré une canicule et une
sécheresse supérieures aux conditions actuelles, ça ne cramera que peu
en septembre.
Alors pourquoi ça crame là et en ces périodes de grandes migrations
touristiques ? Comme par hasard, la Provence, la Côte d’azur et la Corse
sont les lieux les plus prisés par les touristes. C’est comme ça.
Ce ne sont pas ces touristes qui mettent volontairement le feu. Les
actions réellement malveillantes sont généralement le fait de locaux :
jalousie de chasseurs, bergers « préparant » de futurs parcours à
moutons, promoteurs prévoyants dégageant une colline pour, vingt ans
après, acheter et construire. Sans oublier les abrutis fascinés par le
feu et le ballet des Canadair. Si, ça existe. Mais il faut savoir qu'un
incendie volontaire, c'est les assises.
Mais les touristes mettent le feu non pas sciemment mais par KONNERIE.
La konnerie tragique, c’est de jeter son mégot, même sommairement
écrasé, par la fenêtre de sa voiture, sur autoroute comme sur toutes les
nationales et départementales. Elles sont belles nos petites routes qui
permettent de découvrir ces si jolis paysages de l’intérieur, qui
traversent ces odorantes forêts de pins où cransignent les cigales. Mais
ce sont de véritables brûlots avec la chaleur et la sécheresse
estivales. Les aiguilles de pins dégagent des vapeurs de térébenthines
extrêmement inflammables. Un mégot et surtout son filtre vont se
consumer lentement et longtemps. Assez longtemps en tout cas pour qu’une
rafale de mistral ravive la minuscule braise jusqu’au point éclair. Et
c’est le départ d’un feu de forêt… Ça coûte jusqu'à 45000 euros et 3 ans
de taule. Mais que dire des constructeurs automobiles qui ont supprimé
le cendrier dans les nouvelles voitures ?
La konnerie, c’est de faire un barbecue en campagne. On les fait
griller à l’ombre bien sûr les merguez et les côtelettes d’agneau. Qui
dit ombre dit arbre. Et les arbres, chez nous, ce sont presque toujours
des pins… On revient au cas précédant…
La konnerie, c’est de faire un sympathique feu de camp au bord d’une
petite rivière. Il y a quelques années, j’ai vu, de mes yeux vu, un
groupe de sympathiques jeunes Allemands allumant un feu entre quatre
pierres sous une pinède bordant le Gardon, dans les magnifiques gorges
de Collias. Je les ai « allumés » gentiment mais fermement et ils ont
éteint leur truc. Hélas, quelques jours plus tard, à la suite de
pareilles konneries inconscientes, les gorges ont cramé…
La konnerie, pour ceux qui arrivent l’été dans leur résidence
secondaire dans le Luberon, dans les Alpilles ou dans les Maures ou
l’Estérel, c’est de ne pas avoir fait débroussailler le pourtour de sa
propriété et de brûler les herbes, les branches tombées de l’hiver et
autres végétations qui gênent les vacances. "Oui mais on fait attention : on a le tuyau d’arrosage prêt…" Mouais….
Le débroussaillage est pourtant obligatoire dans les 32 départements
des régions PACA, Corse, Aquitaine, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées,
Poitou-Charentes + l’Ardèche et la Drôme. Également dans les autres
départements si un arrêté préfectoral l’exige surtout en cette période
de sécheresse. Les maires des communes concernées doivent veiller à la
bonne exécution du débroussaillement mais aussi du maintien en état
débroussaillé. Ils peuvent donc intervenir auprès des propriétaires
négligents et même le faire exécuter d’office au frais de l’intéressé.
Et ça coûte bon bon. Comme la contravention et l’astreinte journalière.
La konnerie, c'est l'urbanisme caractérisé souvent par le laxisme des
autorités responsables voire les magouilles qui permettent ou tolèrent
la construction de cabanons ou de maisons au milieu des forêts. Avoir sa
villa sous les pins, sur la colline dominant la grande bleue ! Le
bonheur. Sauf que ça brûle...
Tous ces fauteurs de feux ne risquent pourtant pas grand-chose par
rapport aux dégâts que leur négligence, leur konnerie ou leur
malveillance coûtent à l'environnement et à la société. À l'époque de
Napoléon, il y avait déjà beaucoup d'incendies dans le Midi. Le Napo, il
a été expéditif : il a ordonné à ses préfets de faire fusiller sur le
lieu de leurs méfaits les incendiaires ! Et les incendies se sont
« miraculeusement » arrêtés...
Quant aux touristes, leur manière de faire tient au fait qu’ils
ignorent les spécificités du Midi. Le danger d’incendie n’est pas le
même dans les forêts de l’Île de France, de Belgique ou d’Allemagne et
dans celles de Provence, du Languedoc et de Corse.
Alors, amis touristes qui nous faites l’amitié de venir chez nous, de
grâce respectez ces paysages que vous aimez. Ne devenez pas des
POURISTES !
Mais il y a autre chose aussi. C'est la faiblesse des moyens aériens.
26 appareils (12 Canadair, 9 Tracker, 2 Dash et 3 Beechcraft). Des
appareils vieux de trente à cinquante ans, à bout de souffle dont
plusieurs restent au sol parce qu'en panne…
Question : comment se fait-il que la France, deuxième pays du monde
après les États-Unis en matière de construction aéronautique, ne soit
pas foutue de concevoir et construire des appareils modernes,
spécifiques à ce difficile travail de pompiers de l'air ? Il y a déjà un
marché conséquent dans tous les pays autour de la Méditerranée. France
mais aussi Italie, Espagne, Portugal, Grèce, Croatie, etc. Et aussi de
l'autre côté de la Mare nostrum. Et encore au Canada, aux États-Unis et partout dans le monde.
Question : comment se fait-il qu'il n'y ait pas une force
d'intervention anti incendies européenne ? Avec des moyens aériens payés
par l'Union Européenne et une coordination efficace ?
« Aux feux » ? Ou « Aux fous » ? Ô fan !
agoravox.fr
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