Quinze enfants dépenaillés se sont installés,
les uns sur les autres, sur un vieux canapé devant leur maison à
Al-Walaja, un petit village juste à la sortie de Bethléem. Les gamins,
entre 2 et 10 ans, riaient et jouaient entre eux, excités par le groupe
de visiteurs qui venait d’arriver. Les adultes se sont réunis pour
discuter « du problème », pendant que les gamins semblaient ne pas
réaliser qu’il y en avait un.
Les 15 enfants et une douzaine d’adultes
vivent dans une maison modeste de deux étages. Il y avait une autre
maison dans la cour, à proximité, mais les forces israéliennes l’ont
démolie sous le prétexte qu’elle avait été construite sans permis.
Maintenant, la maison où les trente membres de la famille sont obligés
de vivre ensemble est elle aussi sous le coup d’un ordre de démolition.
L’avocat de la famille les représentera au tribunal le 9 août. S’ils
perdent la bataille juridique, toute la famille se retrouvera sans abri.
Atallah Abu Rizeq, 37 ans, se tenait devant la maison à côté de sa femme
enceinte et d’une fillette, discutant avec des militants locaux des
initiatives solidaires qui pourraient améliorer leur situation.
Lorsqu’on lui demande ce que lui et sa famille élargie feront dans le
cas où le tribunal décide contre lui, il porte la main à son front et
secoue la tête.
« S’il en est ainsi, nous n’avons pas de plan, » dit-il. « Tout
ce que je sais, c’est que nous ne quitterons pas cette terre. Nous
vivrons sur les gravats jusqu’à ce que nous trouvions une solution, mais
nous ne quitterons cette terre en aucun cas. C’est notre terre et c’est
notre maison. »
Actuellement à Al-Wajala, 28 maisons ont reçu des ordres de démolition,
mais les militants locaux s’efforcent de trouver le moyen de protéger
les maisons menacées. Au cours des 2 dernières années, au moins 10
maisons du village ont été détruites.
Al-Walaja est entouré par le mur de séparation [d’appropriation, ndt] d’Israël dans la zone charnière (les terres situées à l’est de la Ligne verte et
à l’ouest du mur). Il n’y a qu’une seule route pour entrer ou sortir du
village, et cette entrée est partagée avec la colonie illégale
israélienne de Gilo – dont l’entrée comporte tant d’appareils de
sécurité que la colonie ressemble plus à un centre pénitentiaire qu’à
une zone résidentielle.
Munther Amira, chef du Comité de coordination de la lutte populaire (PSCC) en Cisjordanie occupée, et un groupe d’autres militants et de responsables
communautaires sont allés dans le village cette semaine dans l’espoir de
coordonner une campagne populaire contre les nombreux ordres de
démolitions délivrés aux familles.
« Les gens vivant à al-Walaja sont presque tous des réfugiés
enregistrés. Le village original de al-Walaja était situé sur une
colline voisine, là-bas, » dit Amira, indiquant une direction au loin. « Mais en 1948, ils ont été chassés de leur terre et ils se sont installés ici. »
Pendant l’expulsion de 1948, les habitants de al-Walaja ont perdu les trois-quarts de leur terre.
« Il est important de trouver un moyen d’aider ces gens avant que leurs maisons et leurs vies ne soient détruites, » ajoute Amira.
Il dit que lui et les autres responsables locaux vont s’efforcer de
construire une nouvelle initiative à Al-Walaja pour lutter contre les
ordres de démolition.
« Il y a eu beaucoup d’activités militantes à al-Walaja, mais Israël a commencé à donner des permis de travail pour que les gens de al-Walaja aillent travailler en Israël
; maintenant ils ont du travail et quelque chose à perdre, alors le
militantisme n’est plus ce qu’il était, personne ne veut faire de vagues
parce qu’ils espèrent avoir un jour une carte d’identité bleue
israélienne, » dit-il, expliquant que les gens pensent qu’Israël veut inclure al-Walaja à la zone résidentielle de Jérusalem-Est pour confisquer davantage de terres. « Mais nous commençons à nous rencontrer pour créer une campagne, et nous allons proposer un plan pour essayer d’aider. »
Ahmed al-Atrash, 28 ans, espère se marier bientôt, mais dans la
tradition palestinienne, le futur époux doit avoir une maison pour sa
nouvelle famille avant de s’engager. Après avoir travaillé plusieurs
années et économisé pour fonder une famille, al-Atrash a commencé la
construction d’une maison sur le toit-terrasse de celle de ses parents,
il y a un mois. La semaine dernière, il a reçu un ordre de démolition
pour le second niveau que lui et sa famille bâtissent.
« Je veux me marier et faire ma vie, » dit al-Atrash. « Mais que puis-je faire sans maison ? »
Khader al-Araj, chef du conseil de village de al-Walaja, a dit à Mondoweiss que les responsables locaux font tout ce qu’ils peuvent pour aider à sauver les maisons de gens comme al-Atrash.
« Les familles sont de plus en plus nerveuses sur ce qui va leur arriver, en particulier depuis qu’Israël a repris la construction du mur de séparation [d’appropriation, ndt] il y a trois mois, » dit al-Araj. « Pour
le moment, nous avons décidé de nous concentrer sur trois priorités :
les actions juridiques pour lutter contre les ordres de démolition
devant les tribunaux, la sensibilisation des médias pour faire connaître
les luttes du village et les manifestations populaires pour protester
contre les actions d’Israël. »
Al-Araj a déclaré qu’il veut envoyer le message que al-Walaja est une communauté qui ne passera pas inaperçue.
« Oui, nous sommes un petit village, mais s’ils pensent qu’ils vont
pouvoir nous expulser de cette terre pour relier leurs colonies, ils se
trompent, » déclare-t-il. « Nous allons nous battre, nous n’irons nulle part ailleurs. »
En vertu de l’Accord Oslo II, la Cisjordanie occupée a été partagée en trois zones. La zone C comprend 63 pour cent de la Cisjordanie et est sous contrôle israélien total, tandis que la zone B, 20 pour cent de la Cisjordanie , est sous contrôle commun israélien-palestinien et la zone A, 17 pour cent de la Cisjordanie , est sous contrôle palestinien total.
Les gens qui veulent installer n’importe quelle sorte de structure en zone C ont besoin d’un permis, que ce soit pour surélever une maison, construire une cabane à outils ou creuser un puits, mais il est pratiquement impossible d’obtenir un permis. Selon des données de l’Administration civile israélienne recueillies par le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies OCHA), entre 2010 et 2014, les Palestiniens ont présenté 2.020 demandes de permis de construire en zone C. Seules 33 sur ces 2.020 demandes – 1,5 pour cent – ont été accordées. Toutes les demandes de permis concernent des constructions sur des terrains privés.
Avec un taux d’approbation si faible, de nombreux Palestiniens ont cessé de s’embêter à se lancer dans le processus de demande.
Même s’il était plus facile d’obtenir des permis de construire avant la montée du parti d’extrême-droite de Benjamin Netanyahu, le Likoud, cela fait des décennies que les autorités israéliennes émettent des ordres de démolition des maisons des Palestiniens.
La documentation des Nations Unies montre qu’entre 1988 et 2016, Israël a émis 16.085 ordres de démolition et démoli 3.334 structures appartenant aux Palestiniens en zone C. Depuis l’an dernier, il y a eu 2.907 ordres en attente de décision judiciaire, et les ordres concernant 487 structures appartenant à des Palestiniens ont été débloqués et les structures peuvent être démolies d’un jour à l’autre.
Jusqu’à présent sur 2017, les autorités israéliennes ont démoli 286 structures appartenant à des Palestiniens, selon OCHA, provoquant le déplacement de 435 Palestiniens, tandis qu’en 2016 un nombre record de 1.093 structures palestiniennes ont été démolies, déplaçant 1.601 Palestiniens.
En vertu de l’Accord Oslo II, la Cisjordanie occupée a été partagée en trois zones. La zone C comprend 63 pour cent de la Cisjordanie et est sous contrôle israélien total, tandis que la zone B, 20 pour cent de la Cisjordanie , est sous contrôle commun israélien-palestinien et la zone A, 17 pour cent de la Cisjordanie , est sous contrôle palestinien total.
Les gens qui veulent installer n’importe quelle sorte de structure en zone C ont besoin d’un permis, que ce soit pour surélever une maison, construire une cabane à outils ou creuser un puits, mais il est pratiquement impossible d’obtenir un permis. Selon des données de l’Administration civile israélienne recueillies par le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies OCHA), entre 2010 et 2014, les Palestiniens ont présenté 2.020 demandes de permis de construire en zone C. Seules 33 sur ces 2.020 demandes – 1,5 pour cent – ont été accordées. Toutes les demandes de permis concernent des constructions sur des terrains privés.
Avec un taux d’approbation si faible, de nombreux Palestiniens ont cessé de s’embêter à se lancer dans le processus de demande.
Même s’il était plus facile d’obtenir des permis de construire avant la montée du parti d’extrême-droite de Benjamin Netanyahu, le Likoud, cela fait des décennies que les autorités israéliennes émettent des ordres de démolition des maisons des Palestiniens.
La documentation des Nations Unies montre qu’entre 1988 et 2016, Israël a émis 16.085 ordres de démolition et démoli 3.334 structures appartenant aux Palestiniens en zone C. Depuis l’an dernier, il y a eu 2.907 ordres en attente de décision judiciaire, et les ordres concernant 487 structures appartenant à des Palestiniens ont été débloqués et les structures peuvent être démolies d’un jour à l’autre.
Jusqu’à présent sur 2017, les autorités israéliennes ont démoli 286 structures appartenant à des Palestiniens, selon OCHA, provoquant le déplacement de 435 Palestiniens, tandis qu’en 2016 un nombre record de 1.093 structures palestiniennes ont été démolies, déplaçant 1.601 Palestiniens.
Source : Mondoweiss
Traduction : MR pour ISM
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