Les fanfaronnades des dirigeants étasuniens
expriment surtout l’incapacité du régime américain à faire de la
diplomatie et la frustration qui en résulte, estime l’écrivain politique
Diana Johnstone.
RT France : Le secrétaire d’Etat à la Défense James Mattis a menacé la Corée du Nord de mettre fin à son régime et de «détruire» son peuple. Cela veut-il dire qu’on est à la veille d’une guerre ?
Diana Johnstone (D. J.) : On peut espérer que ces fanfaronnades expriment
surtout l’incapacité du régime américain à faire de la diplomatie et la
frustration qui en résulte. Quand on est dépassé par les événements, on
menace de faire tout sauter. C’est tout de même très inquiétant, en
montrant l’arrogance démesurée et stupide d’une hyperpuissance en
dégringolade intellectuelle et morale. Son seul argument : nous sommes
les plus forts, nous pouvons tuer tout le monde !
Puisque les Etats-Unis n’ont pas de diplomatie, mais seulement des
menaces, ils semblerait qu’en brandissant le danger de l’Apocalypse,
Washington veut effrayer les puissances adultes, la Chine et la Russie,
suffisamment pour les inciter à faire de la diplomatie à sa place en
persuadant Pyongyang de modifier son projet de dissuasion nucléaire.
Mais plus les Américains menacent «le feu et la fureur», moins Pyongyang sera incité à se désarmer.
RT France : Pourquoi c’est la Corée du Nord qui est dans le viseur cette fois ?
D. J. : Difficile d’analyser une politique plutôt incohérente. Bloqué au Moyen-Orient, on se tourne vers l’Asie ?
La politique intérieure peut jouer un rôle. Accusé par l’establishment clintonien
de complicité criminelle avec Moscou, Trump peut vouloir montrer qu’il
est «dur» en tapant sur le petit pays le plus isolé du monde.
La seule solution de cette crise qui dure depuis plus de soixante ans
serait de retirer les forces américaines de la Corée et de permettre
aux deux moitiés de ce peuple divisé de trouver leur propre modus vivendi. Jusque là, les tensions persisteront.
RT France : Pensez-vous que la Corée du Nord, après les déclarations sur l’attaque contre l’île de Guam représente un vrai danger pour les Etats-Unis ?
D. J. : En se vantant de pouvoir larguer une bombe
nucléaire sur la base militaire américaine sur l’île de Guam en plein
océan Pacifique, il est parfaitement clair que la Corée du Nord veut se
montrer prête à riposter à l’agression plutôt que de la déclencher.
Les dirigeants américains donnent l’impression de croire que tout ce
qui bouge dans le monde représente un danger pour les Etats-Unis. Qu’un
petit Etat à l’autre bout du monde veuille créer les moyens de dissuader
une attaque américaine, Washington se sent menacé. D’une certaine
manière c’est vrai, car le régime étasunien aspire à un règne planétaire
absolutiste, au nom de la «démocratie» – système qui se trouve très mal
en point aux Etats-Unis mêmes, en ce moment.
Il faut espérer que, dans ce cas, la rhétorique se montre vide et que la tempête précède le calme.
RT –
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