Laurent Maffeïs
Chaque mois et même désormais chaque semaine se multiplient les
mauvaises nouvelles liées à l'énergie nucléaire.
Jeudi 9 novembre, un
nouvel « incident significatif de sûreté » a touché la centrale de
Paluel en Normandie : des équipements de refroidissement étaient en
panne en raison de la … rouille ! Le risque était bien connu depuis
plusieurs mois car l'Autorité de Sûreté nucléaire a alerté sur la
rouille qui endommage les tuyaux de refroidissement ou les groupes
électrogènes de secours d'une vingtaine de centrales. La cause est un
défaut de maintenance touchant en fait l'essentiel du parc nucléaire du
pays. C'est dans ce contexte « corrosif » que le ministre Hulot a
annoncé le report d'au moins 10 ans (de 2025 à 2035) de la modeste
baisse votée en 2015 de la part du nucléaire de 75 à 50 %. Son seul
mérite est sa franchise, alors que le nucléaire est devenu en France une
véritable industrie du mensonge, notamment en terme de délais, jamais
respectés, et de coûts, toujours dépassés.
Le gouvernement a ainsi validé la fuite en avant du lobby nucléaire
dans le maintien et même le prolongement à tout prix du parc nucléaire.
Son but est de repousser le plus longtemps possible un démantèlement qui
est tellement coûteux et complexe qu'EDF a déjà reporté au siècle
prochain (le 22ème!) l'achèvement prévisible du démantèlement de 6 vieux
réacteurs déjà à l'arrêt depuis plusieurs années. Plutôt que d'investir
immédiatement dans ce démantèlement, EDF préfère tout miser sur le
prolongement au-delà de 40 ans des centrales existantes. D'abord estimé à
50 milliards, ce « grand carénage » devrait coûter plus de 100
milliards. Il s'agirait ainsi de prolonger pour une bonne moitié du
21ème siècle des choix du milieu du 20ème siècle ... et d'envisager la
suite plus tard. Ce choix historique aggraverait le retard désormais
pris par la France dans les énergies renouvelables, dont toutes les
filières sont freinées par un gigantesque effet d'éviction nucléaire qui
aspire crédits, compétences et attentions. Alors même que la filière
nucléaire supprime des emplois (moins 10 000 en 10 ans) et perd de
l'argent au point que l’État a dû lui verser plus de 10 milliards rien
qu'en 2017 !
Sortir rationnellement de cette impasse financière et technique
suppose de briser le verrou démocratique entourant le nucléaire en
France. Et d'ouvrir un débat national sur la sortie du nucléaire,
sanctionné par un vote par référendum.
Les citoyens feraient ainsi œuvre
utile pour toute l'humanité, en raison de la lourde responsabilité de
la France dans un risque nucléaire mondial dont les récentes traces de
ruthénium-106, venues de l'Est de l'Europe et détectées dans le sud de
la France, ont montré qu'il se joue des frontières.
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