Claude-Marie Vadrot
Un rapport souligne le risque d'un empoisonnement progressif de la planète.
Les scientifiques américains, canadiens et russes (avec plus de
réticences) ont déjà alerté les décideurs de la planète que la fonte de
plus en plus rapide du pergisol, la couche de sol gelée depuis des
millénaires, relâchait plusieurs gaz à effet de serre, dont du méthane,
contribuant à son tour au réchauffement de l’atmosphère. Cette fonte
remet aussi en cause la stabilité des immeubles et des maisons dont les
fondations sont appuyées depuis longtemps sur le sol gelé, au point de
faire pencher ou écrouler des constructions ou, comme à Irkoutsk en
Sibérie, de provoquer l’enfoncement des isbas dont les fenêtres de
rez-de-chaussée se retrouvent souvent désormais au niveau du bitume.
Mais les spécialistes constatent désormais que la fonte en cours
entraîne la dispersion dans les écosystèmes des produits toxiques
emprisonnés depuis le début de l’ère industrielle.
Une étude publiée il y a quelques jours par la Geophysical Research Letters
met l’accent sur un autre risque actuel : le relâchement progressif
dans notre environnement, qu’il s’agisse des sols, des mers et de
l’atmosphère des millions de litres de mercure actuellement emprisonnés
dans les sols gelés.
120 millions de litres actuellement captifs
D’après les estimations des chercheurs répartis dans une quinzaine
d’universités américaines, 120 millions de litres de mercure sont
actuellement captifs du pergisol. Cette réserve commence à se libérer et
une partie, expliquent Kevin Schaefer et Paul Schuster, les deux
scientifiques qui ont coordonné et rédigé l’étude à partir des mesures
faites sur le comportement des sols gelés de l’Alaska, va peu à peu
empoisonner la planète. Ils ajoutent que la situation est la même dans
de vastes territoires du Canada, de la Russie et de nombreux espaces de
territoires des pays nordiques.
L’une des explications fournies par les scientifiques est la suivante
: alors que, dans les espaces tempérés, le mercure habituellement
absorbée par les plantes subit une décomposition au moins partielle,
dans les zones arctiques, les racines sont gelées et le mercure
imprégnant les végétaux se retrouve piégé dans les sols. Avant de
retourner à l’atmosphère et aux cours d’eau à la moindre de fonte ou
moindre dégel.
Car le problème, expliquent les auteurs de l’étude, c’est que nous ne
savons pas où le mercure va se répandre. Soit il va se diffuser dans
les océans à partir des rivières, soit il va se diffuser dans l’air,
transporté par les pluies. Mais le risque immédiat c’est qu’il contamine
de plus en plus les poissons, ce qui représentera un danger pour ceux
qui les consomment, entraînant des empoisonnements d'abord pour les
populations arctiques indigènes, puis pour tous les habitants de la
planète qui en mangent régulièrement.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire