Gérard Le Puill
Le sujet est occulté par le gouvernement d’Edouard Philippe comme par le président de la République qui inventa les cars Macron quand il était ministre.
Mais l’application du projet de réforme de la SNCF se traduirait par une augmentation sensible des émissions de CO2 en France. Or, il est urgent de les réduire, tant pour préserver notre santé que pour freiner le réchauffement climatique conformément aux engagements pris lors de la Cop 21 à Paris en décembre 2015.
Le sujet est occulté par le gouvernement d’Edouard Philippe comme par le président de la République qui inventa les cars Macron quand il était ministre.
Mais l’application du projet de réforme de la SNCF se traduirait par une augmentation sensible des émissions de CO2 en France. Or, il est urgent de les réduire, tant pour préserver notre santé que pour freiner le réchauffement climatique conformément aux engagements pris lors de la Cop 21 à Paris en décembre 2015.
En
page 6 du Monde, daté de ce 25 avril, une photo en couleurs nous montre
Donald Trump et Emmanuel Macron, pelle en main, en train de planter un
arbuste sur la pelouse de la Maison Blanche. Même quand il sera grand,
ce chêne venu de France ne permettra pas, loin s’en faut , de capter
autant de carbone que n’en libérera à chaque fraction de seconde la
relance de l’exploitation du pétrole de schiste par Donald Trump aux
Etats-Unis. D’autant que l’ami d’Emmanuel Macron a retiré la signature
de son pays de l’accord de Paris, bien que ratifié par son prédécesseur
Barack Obama.
Certes, cet accord sur le climat adopté le 12 décembre 2015 est
désormais ratifié par une immense majorité des pays. Néanmoins, les
émissions de gaz à effet de serre (GES) continuent d’augmenter partout
dans le monde. Alors qu’il conviendrait de la diviser par trois ou
quatre d’ici 2050, l’Agence Internationale d l’Energie (AIE) prévoit que
la consommation de pétrole continuera d’augmenter dans le monde d’ici
2040. Grosso modo, la consommation des camions passerait de 15 millions
de barils par jour en 2016 à 19 millions en 2040, tandis que celle des
avions passerait de 11 millions à 15,7 millions. Seule celle des
voitures particulières pourrait baisser un peu via la progression des
véhicules électriques, mais la consommation de l’industrie chimique
augmentera de plus de 30%, tirée par la fabrication des matières
plastiques.
Le train, un atout pour la mobilité bas carbone
En page 1 du cahier Eco-entreprise du Monde de ce même mercredi,
Jean-Baptiste Fressoz, chercheur CNRS, rappelle que, toujours selon
l’AIE, « la part des émissions de CO2 dues au transport est passée de
15% en 1970 à plus de 40% en 2017, essentiellement à cause des voitures
et des camions ». À l’inverse, selon l’Agence de l’environnement et de
la maîtrise de l’énergie (ADEME) « le train est l’un des modes de
transport terrestre les plus performants du point de vue énergétique et
environnemental ». Une politique ambitieuse consisterait à envisager la
SNCF non comme un poids mort économique, mais comme un atout pour une
mobilité bas carbone, poursuit le chercheur. C’est aussi l’un des
arguments majeurs des cheminots en lutte.
Mais Jean Baptiste Fressoz explique aussi comment les Etats-Unis
ont progressivement sacrifié les lignes de tramway au début du XXème
siècle dans plusieurs villes américaines au profit des bus et des
voitures individuelles pour finalement déboucher sur l’étalement urbain
et les pollutions qui vont avec. Et de conclure ainsi son article : «
L’histoire des tramways montre que, à l’heure du changement climatique,
l’ouverture à la concurrence ne peut plus être la boussole de nos choix
technologiques. Alors que le gouvernement se dit fasciné par «
l’innovation verte », il semble oublier qu’il possède avec la SNCF une
technologie bien réelle pour réduire drastiquement les émissions de CO2.
Si le président Macron veut vraiment rendre sa grandeur à notre
planète, il lui faudra d’abord redonner toute son importance à la SNCF
», écrit leur chercheur en conclusion de sa chronique.
Le bilan désastreux des cars Macron pour l’écologie et pour la SNCF
Avant d’être président de la République, Emmanuel Macron fut
ministre de l’économie et fit voter une loi qui déboucha sur la mise en
place des « cars Macron » pour enlever des clients à la SNCF au nom de
la sacro-sainte concurrence. Elle est entrée en vigueur en août 2015 et
elle aurait permis de transporter 5,2 millions de voyageurs durant ses
douze premiers mois. La majeure partie de ces clients fut enlevée à la
SNCF. Depuis leur mise en service, le taux de remplissage de ces cars a
oscillé entre 34,2% et 46,6% selon les trimestres, la fréquentation
étant plus forte à la belle saison. La société Mégabus a fait faillite
sur ce marché en novembre 2016 et Ouibus, la filiale créée par
Guillaume Pépy pour concurrencer ses propres trains, n’a affiché que des
pertes jusqu’à présent.
Ce bilan commun au président Macron, à la ministre Elisabeth
Borne, ancienne directrice de la stratégie à la SNCF, et à Guillaume
Pépy, PDG de l’entreprise publique, ne laisse guère d’arguments à ces
trois personnages pour donner des leçons d’économie aux cheminots en
lutte pour sauvegarder et développer le service public des transports le
plus adapté face aux enjeux climatiques de ce XXIème siècle.
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