Charles Sannat
Lors d’un repas de famille, nous discutions de ce que notre
génération avait eu la chance de voir « arriver », de voir
« apparaître ».
Cela peut sembler stupide ou simplet de « s’émouvoir » d’avoir vu
arriver les kiwis sur nos tables, mais aussi les leetchis, ou même le
téléphone portable, ou encore les stents en médecine qui sauvent tant de
vies.
Pourtant, l’information que vous allez lire et que vous devez
rapprocher de toutes celles où quelque chose de précieux « disparaît »
doit nous alerter sur le fait que nos enfants, les nouvelles générations
risquent d’être celles qui vont voir disparaître les choses. Et c’est
en cours, l’histoire s’est retournée, et c’est funeste pour le destin de
l’humanité qui ne sait pas prendre soin de la création qui lui a été
confiée.
Nous mangeons peut-être sans le savoir nos dernières oranges. Nous
avons savouré celles que nous avions à table d’une autre façon.
Voici l’essentiel de cette dépêche de l’AFP qui doit être diffusée.(CS)
Autour de la Méditerranée, les agrumes risquent de disparaître
« La planète pourrait-elle se retrouver un jour sans oranges, ni
citrons, des fruits aussi bénéfiques à la santé qu’ils sont accessibles à
toutes les bourses ?
En effet, après avoir décimé la quasi-totalité des orangers de
Floride, affecté la Californie et le Brésil, la maladie du Dragon jaune,
mortelle pour les agrumes et sans traitement existant, menace
aujourd’hui le pourtour méditerranéen, estiment des chercheurs.
Connue sous son acronyme HLB, pour Huanglongbing – maladie du Dragon
Jaune en chinois –, elle s’est « propagée depuis le milieu des années
2000 avec un impact et une rapidité phénoménales », dit à l’AFP Eric
Imbert, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche
agronomique pour le développement (Cirad) à Montpellier. »
Une maladie terrible qui tue les arbres
« Cet insecte suceur se nourrit de sève. En piquant un arbre, il
transmet la bactérie, qui en retour bloque le canal par où transite la
sève. Les feuilles jaunissent, les fruits se déforment. L’arbre
s’étouffe. Et meurt plus ou moins vite, selon les pays et les conditions
climatiques.
Le psylle africain transmet une forme moins forte de la maladie. Il a
été détecté au nord de l’Espagne, et au Portugal, où des arrachages ont
déjà eu lieu.
« Sans vouloir affoler, (…) si nous ne faisons rien en termes de
prévention, nous pouvons avoir une catastrophe majeure, avec des prix
qui doublent ou triplent » prévient le chercheur.
Pour preuve, le cas de la Floride : entre 2005 et 2017, la production
d’oranges y a chuté de près de 60 %. Le prix de gros du jus d’orange
concentré a plus que doublé à 2 500 dollars la tonne, car les coûts de
production se sont envolés. »
Crier dans le désert
« Le cri d’alarme, ça fait longtemps que les chercheurs le poussent,
auprès des autorités européennes notamment, mais on a l’impression de
hurler dans le désert » dit M. Imbert.
Il faut protéger à tout prix la Corse !
« En Corse, où se trouve l’un des plus beaux conservatoires d’agrumes
du monde, avec près d’un millier d’espèces en pleine terre, on prie
pour que la Méditerranée fasse tampon encore longtemps.
Toute importation d’arbre du continent est interdite. L’Inra a
commencé à mettre sous serre anti-insectes une partie de sa collection,
et se lance dans la cryogénie pour protéger le patrimoine génétique, les
pépins. »
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