François Cocq
Qui a vécu cette Fête à Macron en est ressorti avec de la joie, du
bonheur, de l’allant, mais aussi de la fierté. Ce 5 mai est et restera
comme une immense réussite.
Oh, le pari de la mobilisation à cette date n’était pas gagné. Par
l’importance de la manifestation bien sûr : 160.000 personnes qui
s’égrainent le long des boulevards, emplissant déjà la Bastille tandis
que la queue de cortège n’est pas même entrée sur la place de la
République, c’est le peuple qui se donne à voir quand la multitude
s’érige en force du nombre. C’est un franchissement de seuil quantitatif
qui permet à l’ensemble du mouvement initié par les cheminots, les
fonctionnaires, les soignants, ceux de chez Carrefour, Air-France, GMS
et ailleurs, de continuer à se propager.
Mais ce 5 mai est aussi une grande réussite par l’état d’esprit qui
animait celles et ceux qui défilaient. Ceux-là étaient heureux de se
retrouver là si nombreux. Déterminés à envoyer un message clair au chef
de l’Etat à l’occasion de son premier anniversaire à l’Elysée : nous ne
voulons pas de cette politique qui ne sert que la bourse des très riches
au détriment de l’intérêt du peuple. Par delà la lutte, par delà les
luttes, un état d’esprit commun a émergé en revendication commune : face
à la monarchie présidentielle, nous voulons vivre et être traités
dignement. En cela, nous refusons d’être cantonnés au rang de citoyens
épisodiques et nous portons l’exigence de pouvoir exprimer nos droits
civiques entre deux élections : la souveraineté ne se limite ni dans la
sphère du droit, ni dans le temps. Voilà par quel biais nous entendons
faire valoir nos justes revendications sociales. Ce réceptacle à
l’équivalence de nos luttes s’affiche désormais comme une bascule qui
retentit jusque dans les mots d’ordre : le traditionnel « Résistance » a
par endroits laissé la place au duo plein de souffle et d’avenir
« Résistance, Existence ! ».
De la fierté aussi. Chacun-e avait pleinement conscience de la
contribution individuelle qu’il apportait par sa seule présence à la
construction de la confluence syndico-politico-associative. Bref la
libération, dans une forme d’unité et d’entièreté de la citoyenneté, de
ce que jusqu’ici chacun-e faisait vivre là dans le syndicat, ailleurs
dans l’organisation politique ou associative, mais déjà toujours en tant
que membre de la Cité. Désormais, il n’est plus besoin de s’auto-
parcelliser en fonction de la casquette ou de l’étiquette, souvent
multiple, qu’il est la sienne. Et pouvoir s’exprimer pleinement crée un
souffle nouveau qui entraîne.
Laissons aux esprits chagrins et au pouvoir macroniste le soin de
disserter sur de prétendues divergences ou dissensions pour mieux
masquer leur inquiétude devant l’émergence du phénomène. Chacun-e a pris
toute sa part à l’initiative sans barguigner et le résultat en atteste.
La France insoumise comme les autres a assumé sa part. Toute sa part.
Que n’aurait-on dit si elle avait d’elle-même pris l’initiative ? Que
n’aurait-on dit si elle n’avait pas mis la puissance de l’appel
populaire qui est le sien au service du 5 mai ou si elle l’avait fait à
moitié ? Ne peuvent aujourd’hui y trouver à redire que celles et ceux
qui voudraient la voir réduite au silence. Esprits sectaires pour les
uns. Intéressés pour les autres. L’ombre macroniste plane.
Car ce 5 mai n’est pas une finalité en soi. Il est un point d’étape
vers le 26 mai. Ce jour-là, les graines semées ces derniers mois et qui
ont commencé à bourgeonner ce samedi vont enfin pouvoir éclore partout
en France à l’appel conjoint des confédérations syndicales, des
organisations politiques, des associations, et agréger autour d’elles
les citoyen-ne-s qui aspirent à une perspective concrète pour tous. Dès
lors, et quelle que soit la suite, celle-ci reprendra où nous l’aurons
collectivement amenée, à cette étape nouvelle du rapport citoyen au
mouvement politique et social dans son ensemble.
Ce n’est pas le moindre
des acquis et des points d’appuis pour les combats qu’ils nous restent à
mener. Ah ! Les jolis ponts de mai…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire