François Cocq
Triste anniversaire. Dans la nuit du 29 mai 2018, 13 ans après le Non
au TCE galvaudé par les émissaires coloniaux de Bruxelles, le Parlement
national a une nouvelle fois dû céder sous les coups de boutoir du
gouvernement LREM et avaler la farce de la fausse interdiction du
glyphosate concédée à l’UE et à Mme Merkel.
L’interdiction dans les trois ans du glyphosate, substance classée cancérogène probable par l’Organisation mondiale de la santé[1]
et principe actif du Roundup de Monsanto, a en effet été rejetée dans
la nuit à l’Assemblée nationale. Jusque dans la majorité présidentielle,
des députés avaient pourtant posé des amendements en ce sens. Las !
Elèves obéissants voire serviles, M. Macron et son gouvernement s’en
tiennent à l’accord qu’ils ont avalé à Bruxelles : la reconduction du
glyphosate pour 5 ans et la vague promesse d’interdire le glyphosate en
France dans trois ans. Seulement voilà : il est désormais clair que
cette dernière ne tient plus après le camouflet infligé cette nuit par
le ministre de l’agriculture aux partisans de l’interdiction réelle.
Le gouvernement se dédit donc aujourd’hui et renonce dans les faits à
son engagement non sans avoir au préalable déjà cédé face à Bruxelles.
M. Hulot avait en effet beau prétendre vouloir imposer l’interdiction
du glyphosate au bout de 3 ans, le 27 novembre 2017 l’Allemagne votait
en « comité d’appel » en faveur de la prolongation de l’utilisation de
l’herbicide de Monsanto alors que M. Macron pensait l’avoir convaincue
de s’abstenir. La majorité qualifiée requise était ainsi obtenue de
justesse grâce à cette voie décisive. Non seulement le délai était porté
à cinq ans mais il n’était pas, même à cette date, garanti qu’une
interdiction entre en vigueur, seulement qu’un nouvel examen de la
question ait lieu.
Il
faut dire que les Allemands avaient quelques intérêts dans l’affaire :
la firme germanique Bayer était au même moment en train de racheter
Monsanto. Un détail…Matignon en était réduit à « regretter » le
résultat du vote européen. Encore n’était-ce pas le cas de tous les
membres du gouvernement, le ministre de l’agriculture, Stéphane Travert,
premier concerné, s’étant au contraire déclaré « heureux » que
les États membres de l’UE soient parvenus à un accord. Quoi qu’il en
soit, la position de M. Macron de reconduction pour trois ans de
l’herbicide a été battue en brèche, la logique commerciale européenne
s’imposant sur les intérêts des populations. Le président s’est donc
replié comme à son habitude sur le ministère de la parole, promettant
pour la France une interdiction au bout de trois ans…mais refusant donc
cette nuit de la voir inscrite dans la Loi (éléments à retrouver plus en
détails dans le livre Alerte à la souveraineté européenne ! La chimère de Macron contre la souveraineté populaire).
Deux logiques se mêlent donc en la matière : la première est
l’avilissement de la France aux politiques de l’UE et aux intérêts
contradictoires de ses états membres. Ou tout du moins aux logiques
mercantiles qui prennent le pas sur l’intérêt des populations. Rien de
plus facile pourtant que de s’affranchir de ces règles, pour peu que
l’on change la nature des votes sur ces questions en restaurant le droit
de veto, ou en mettant en place un principe de non régression sociale
et écologique qui permettrait de voter et d’appliquer une loi dans un
pays qui ne se retrouve pas corsetée par le cadre législatif et
réglementaire de l’UE. Ou plus simplement encore en assumant de désobéir
aux traités, ce qui est toujours possible sans même disposer d’un
rapport de force favorable au sein de l’UE. La volonté et la légitimité
populaire suffisent.
Si cela n’est pas fait, c’est qu’une seconde logique prolonge la
première : la soumission du pouvoir aux lobbys et aux intérêts des
multinationales qui, on l’a vu sur ce débat, ont leurs entrées
privilégiées jusqu’au sein de l’Assemblée et bénéficient des documents
avant même les parlementaires ! Voilà qui explique dès lors que derrière
les simagrées des effets d’annonce, M. Macron et son gouvernement
refusent d’inscrire dans la Loi leur promesse. À coup sûr parce que
celle-ci ne verra jamais le jour. Pour quelle autre raison sinon ?
Treize ans après le Non au TCE, la souveraineté populaire est donc
prise sous un tir croisé : celui de l’UE d’un côté, et celui de ses
valets qui renient leur parole et leurs engagements de l’autre.
Dans un
an presque jour pour jour, lors des élections européennes, il faudra
reprendre la main contre les uns et les autres qui sont, on le voit, en
réalité les mêmes.
[1] Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) des Nations unies notamment, qui a classé le glyphosate cancérogène probable en mars 2015.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire