vendredi 11 mai 2018

Macron, un an déjà !


Olivier Cabanel

Un an de pouvoir sans partage, c’est l’occasion de faire un premier bilan, provisoire peut-être, mais qui pourrait nous éclairer pour les 4 années à suivre...

On sait que l’homme politique affectionne jouer les girouettes, qui, au grès des pressions, de la situation, de la force des vents, est capable de dire une chose et son contraire l’instant d’après.
On se souvient qu’avant son élection, Hollande avait déclaré la guerre au « monde de la finance », pour finalement se découvrir « socio-libéral  », une fois élu. lien
Macron ne faillit pas à la règle.
Après s’être déclaré ni de gauche, ni de droite, (lien) peu de temps avant, en aout 2016, il s’était clairement positionné « de gauche ». vidéo
Il a encore semé le trouble lorsque, cerise sur le gâteau, il a finalement affirmé qu’il était « de gauche et de droite ». vidéo
Au-delà de toutes ces contradictions, les politologues ont tenté de faire le tri, et, en regardant de plus près la réalité sur le terrain, il apparait clairement que finalement, Macron est à l’évidence d’abord un homme de droite, ce que ressentent la majorité des français. lien
L’affaire est entendue, il est le président des riches, voire des très riches (selon Hollande), et toutes les décisions prises depuis son élection en apportent la preuve évidente
Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS, reprenant la formule chère à François Ruffin (lien) le qualifie de « Robin des bois à l’envers », qui prend donc aux pauvres pour donner aux riches. lien
En effet, Macron n’a cessé de faire des cadeaux aux plus riches : récemment il a décidé la fin de « l’exit tax », un impôt destiné à juguler l’évasion fiscale des chefs d’entreprises, jugeant qu’il était peu productif, et néfaste à l’entreprenariat, ainsi qu’il l’a déclaré au magazine Forbes. lien
Auparavant, il avait supprimé, dès le début 2018, l’impôt sur la fortune, même si celui-ci continue à s’appliquer sur les biens immobiliers, avec une décote de 30%, ce qui représente une économie de près de 10 000 euros pour 330 000 privilégiés, soit un manque à gagner de 3,2 milliards par an pour l’état. lien
Quant au PFU (le prélèvement forfaitaire unique), c’est un autre cadeau fait aux riches estimé par le gouvernement à 1,5 milliards d’euros, chiffre que de nombreux économistes jugent trop modeste, affirmant qu’il pourrait être 10 fois plus élevé, soit 15 milliards. lien
Autre cadeau fait aux plus fortunés, la baisse de l’impôt sur les sociétés, mesure estimée à 11 milliards d’euros par an.
En résumé, le manque à gagner pour le gouvernement pendant tout le quinquennat représente 16 milliards (ISF), auxquels il faut ajouter 55 milliards (baisse de l’impôt sur les sociétés), et 6,5 milliards (PFU), soit au total 77,5 milliards de cadeaux aux plus riches, sans tenir compte du manque à gagner dû à la suppression de « l’exit-tax »...sauf que le chiffre pourrait être encore plus conséquent si l’on tient compte de l’avis de nombreux économistes concernant le PFU, estimant le manque à gagner à 65 milliards par an, soit 325 milliards pour la durée du quinquennat, auxquels s’ajouteront les autres mesures, soit au total la rondelette somme de 396 milliards d’euros, que l’on pourrait arrondir à 400 milliards d’euros si l’on tient compte de la fin de « l’exit-tax ».
C’est aussi l’occasion de revenir sur une litote martelée par le nouveau président : je ne fais qu’appliquer les promesses faites avant l’élection, en oubliant que certaines des mesures fiscales prises récemment ne figuraient pas dans son programme. lien
Par contre, il serait temps de faire le tour des promesses non tenues qui, elles, figuraient bel et bien dans le programme présidentiel.
Quid de la gratuité des prothèses dentaires, auditives, et visuelles, qui semblent remises à plus tard...d’ici la fin du quinquennat. lien
Quid de la suppression de la taxe d’habitation, qui contrairement à la suppression de l’ISF, serait appliquée pour 80% des français... mais étalée sur plusieurs années, donc pas immédiate...
Sauf que, s’il faut en croire Gérard Collomb, la suppression de cette taxe serait compensée par une nouvelle taxe...ce que dément Bruno Le Maire qui précise quand même « dès que nous aurons toutes les indications sur la manière dont peut compenser pour les collectivités locales ». lien
Alors que les salaires stagnent pour les plus pauvres des français, pour le gouvernement, c’est la « fête du slip », puisque ses membres ont bénéficié d’une augmentation de plus de 20% de leur salaire. lien
En même temps, les salariés d’Air France ne parviennent pas à grappiller les 7 petits pour-cent qu’ils tentent d’obtenir à coup de grève.
C’est l’occasion de découvrir cette courte vidéo dans laquelle l’une des françaises la plus dotée du pays donne son opinion.
Quid du virage écologique, lequel devait commencer par la fermeture de Fessenheim, alors que finalement, cette fermeture serait compensée par l’ouverture d’une autre centrale nucléaire, celle de Flamanville, prolongeant ainsi la décision du gouvernement précédent. Lien
Question environnement, comment expliquer la récente autorisation donnée par la France à Total, afin de permettre la continuation du saccage des forets indonésiennes nécessaire à la production d’huile de palme ? lien
De ce premier bilan, on peut aussi être surpris par la libération de la parole, même si la langue de bois est particulièrement bien utilisée par les communicants élyséens.
En effet, dans la droite ligne du sarkösiste « casse-toi, pauv’con » », ou des « sans-dents » Hollandais, l’arrogant Macron n’hésite pas à humilier publiquement les moins bien lotis, évoquant « ceux qui ne sont rien », accusant d’autres de « foutre le bordel », montrant du doigt les « fainéants », déclarant « le meilleur moyen de se payer un costard, c’est de travailler  », de les accuser pour certains d’être «  illettrés »...lien
On pourrait aussi être surpris de cette complicité née entre l’ébouriffé Donald Trump, et le président français, lesquels récemment ont multiplié les gestes amicaux, voire troublants, lorsque la main de l’un se pose sur les fesses de l’autre, ou lorsqu’un baiser sur la joue dérape quelque peu.
Cette courte vidéo illustre parfaitement ces situations pour le moins étonnantes, à tel point que des humoristes américains en font leur chou gras dans leurs shows.
Pour sa défense, l’homme qui se prend pour Jupiter affirme que « le toucher est fondamental, c'est un deuxième langage. C'est un toucher performatif  »... que l’on pourrait résumer ainsi : “Le roi te touche, Dieu te guérit.” ». lien
On peut aussi s’étonner du silence poli de l’Elysée qui réagit timidement à la déclaration abrupte et récente du président américain au sujet des attentats français.
Seul un communiqué émanant du ministère des affaires étrangères a fait part de sa « ferme désapprobation  ». lien
Mais le vent est-il en train de tourner ?
C’est la question que l’on peut raisonnablement se poser à la découverte du récent sondage Ispsos-Sopra Steria : 64% des français consultés se disent déçus par la politique du chef de l’état. lien
Pour rentrer dans le détail de ce sondage, 78% estiment que sur le pouvoir d’achat et la réduction des inégalités sociales, que Macron va dans le mauvais sens...
Sur le thème de la santé, de la retraite, de la maitrise de l’immigration, 72%, 70%, et 66% trouvent respectivement que ça ne va pas dans le bon sens.
Et ils sont encore 51% à juger que la lutte contre le chômage n’est pas efficace. lien
Un autre sondage, lancé par « mesopinions  », va dans le même sens, puisque sur plus de 23 000 participants, 74% ne trouvent pas qu’il ait réussi sa première année. lien
Alors que le chef de l’état avait assuré vouloir commémorer le cinquantenaire de Mai 68, il semble reculer sur la question, se demandant peut-être si les conditions d’une réplique en vrai grandeur ne serait-elle pas en train de s’annoncer à l’horizon ?
Toujours plus nombreux sont ceux qui pensent que le gouvernement les écoute, mais ne les entend pas, comme on peut le constater dans cet échange avec une infirmière et Macron, lequel semble ne pas comprendre ce qu’elle est en train de lui dire. lien
Pas étonnant dès lors que l’on s’agite un peu partout : des étudiants aux cheminots, en passant par Air France, Carrefour, les Ehpad, les éboueurs, les hôpitaux, les routiers... ce que confirme une enquête européenne déjà ancienne sur les conditions de travail, estimant qu’elles se dégradaient en France, mouvement lent et persistant depuis de nombreuses années, et qui ne va pas en s’améliorant. lien
Vivons-nous aussi une dérive monarchique, puisque « Jupiter » semble aussi vouloir se prendre pour Louis XIV, Louis XVI ou Jeanne d’Arc... voire à Napoléon pendant qu’on y est, ce qu’il a déjà affirmé à 2 reprises ? lien
On en a enfermé pour moins que ça.
Comme l’écrivait Pablo Servigne : «  l’utopie a changé de camp : est utopiste celui qui croit que tout peut continuer comme avant ». lien

Et comme dit mon vieil ami africain : « Celui qui veut avaler une noix de coco fait confiance en son anus  ». 

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