lundi 21 mai 2018

Palestine : notre silence sème les graines du malheur


Le Partageux

Le silence et l’inaction des Occidentaux devant ce nouveau massacre des Palestiniens annonce de futurs drames qu’on aura bien cherchés.

Des manifestations pacifiques commémorent la Nakba, la catastrophe, qui a chassé de chez eux autour de huit-cent-mille Palestiniens en 1948. Une déportation qui n’a jamais dit son nom.
Des tireurs embusqués (“snipers”) tirent sur les manifestants comme sur des pigeons d’argile à la fête du village. En sirotant des bières fraîches et avec un “ouais !” de satisfaction quand ils réussissent un joli carton.
Le nombre de morts augmente chaque fois que l’on en prend connaissance. Si un attentat tuait autant de Juifs ou autant de Blancs ou autant d’Occidentaux, on verrait des conférences internationales, des marches blanches, des tours drapées de noir, de grandes déclarations outragées et beaucoup d’émotion dans la presse.
Comment ne pas comprendre l’amertume, la rancœur, le désespoir, la révolte sourde du monde arabe comme de ceux qui sont issus de l’immigration ? Que valent aux yeux de ceux qui ne sont rien nos beaux discours avec tous nos grands mots – Liberté, Égalité, Fraternité, Démocratie, Justice, Droits-de-l’homme et compagnie – quand on laisse tuer, en silence et sans rien faire, tant de Palestiniens désarmés ?
Des Palestiniens qui pleurent leurs maisons volées, leurs champs volés, leur pays volé, leurs vies dévastées entre misère et chômage, leurs morts assassinés par une armée étrangère. Des Palestiniens qui survivent dans une prison à ciel ouvert, sans électricité, sans eau potable, avec des logements et des égouts éventrés, une nourriture et des médicaments rationnés, des enfants toujours à la limite de la malnutrition.
Quelles graines semons-nous avec notre silence devant ce nouveau massacre ? On ne sait trop. Mais ce sont de nouveaux malheurs qui vont germer sur un terreau fertilisé par nos soins.

La démocratie du coucou

Louise Michel la communarde a transcrit ce conte, recueilli auprès de Kanaks, alors qu’elle était en relégation à Nouméa. Elle l’avait intitulé “La Démocratie du coucou”. Entre 1981 et 1990 nos amis kanaks ont beaucoup diffusé son petit texte.
« Nous vivions paisiblement dans une maison entourée d’un jardin fertile ; sur une partie caillouteuse, éloignée de la maison, une cabane où nous remisions les outils.
Un jour, deux étrangers frappèrent à notre porte. Comme de coutume nous offrîmes l’hospitalité.
Dès le lendemain, ils nous réunirent et déclarèrent : « Nous vivrons désormais ici ». Ils avaient des armes à la main, nous dûmes nous soumettre.
Quelque temps après, un des nôtres protesta contre l’intrusion. Ils le tuèrent.
Ils firent venir des leurs, prirent pour domestiques des hommes de pays voisins.
Alors, ils nous expliquèrent : « La cohabitation n’est plus souhaitable, vous ne vivez pas comme nous, et de toute façon la maison n’est pas assez grande… La cabane, au fond du jardin, reste inutilisée, vous vous y installerez ! »
Plusieurs années s’écoulèrent. Nous décidâmes de ne plus supporter cette situation.
Nous allâmes réclamer justice auprès des autorités du pays. « Qu’à cela ne tienne, nous répondit-on, nous organiserons un vote de tous les résidents de ce domaine… »
La voix du pouvoir ajouta : « un vote dans le respect de la démocratie : un homme, une voix. »
Dans la cabane, avec les enfants, nous étions sept. Dans la maison, avec les domestiques, ils étaient dix.
Nous étions, nous sommes Kanaks. » Louise Michel, 1878.

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