Romain Loury
Les ministres de la Transition écologique et de l’Agriculture, ont
annoncé le 22 juin s’engager vers la sortie du glyphosate. Une approche
qui repose sur le volontarisme des professionnels, mais qui fragilise
l’idée d’une interdiction inscrite dans la loi.
À l’automne 2017, le glyphosate a été réautorisé par la Commission
européenne pour une durée de cinq ans. Parmi les opposants à ce
renouvellement, initialement pour une durée de 10 ans, la France faisait
incontestablement partie des plus résolus. Du moins à Bruxelles : de
retour à Paris, elle semble marcher sur des œufs.
Son président Emmanuel Macron a certes promis une sortie du
glyphosate dans les trois prochaines années, mais les députés d’En
Marche ! n’ont pas osé inscrire cette résolution dans le projet de loi sur l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agroalimentaire,
lors de son examen fin mai à l’Assemblée nationale. De quoi irriter les
adversaires du glyphosate, qui dénoncent un double discours vis-à-vis
de ce pesticide.
Le glyphosate ne polluera pas le Sénat
C’est peut-être afin de déminer la polémique, qui pourrait être
ravivée lors de l’examen du projet de loi au Sénat (discuté en séance
publique du mardi 26 au jeudi 28 juin), que Nicolas Hulot et Stéphane
Travert, dont les désaccords sont réputés nombreux, ont rencontré
vendredi matin les acteurs des filières agricole, agroalimentaire et de
la distribution. À la sortie de cette réunion, les deux ministres ont
annoncé « engager la sortie du glyphosate ».
Par quel chemin ? Notamment par la création d’un centre de ressource
pour diffuser les alternatives, par un renforcement des actions
d’accompagnement dans le cadre du programme Ecophyto (dont les résultats
se font toujours attendre), par une mobilisation des chambres
d’agriculture et de l’enseignement agricole pour faire connaître ces
alternatives… autant de mesures assez nébuleuses, à l’efficacité très
hypothétique.
Engagements des filières, transparence sur les quantités
Élément plus décisif, les deux ministres ont demandé aux
représentants des filières de leur fournir « de premiers engagements
précis de réduction et de suppression d’usages sur le glyphosate d’ici
trois semaines ». Plutôt qu’une interdiction pure et simple, comme l’a
portée la France à Bruxelles, c’est donc une sortie progressive, laissée
à la « responsabilité des acteurs », qui a été choisie. Ce qui ne va
pas faciliter, au Sénat, la tâche des partisans d’une interdiction
inscrite dans la loi.
Autre avancée notable annoncée vendredi matin, un « suivi des
quantités vendues et utilisées des produits contenant du glyphosate afin
de faire toute la transparence sur les usages en publiant régulièrement
les données et en les mettant à disposition du public ». Jusqu’alors,
les quantités de pesticides vendues et utilisées demeurent inaccessibles
au public, secret industriel oblige.
Ce plan d’action sera confié à une « task force » pilotée par les deux
ministères, avec l’appui de l’Institut national de la recherche
agronomique (Inra), de l’Association de coordination technique agricole
(ACTA) et de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA).
Ce groupe devra rendre compte des progrès accomplis et des actions
engagées tous les trois mois aux deux ministères et aux parlementaires.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire