Victor Ayoli
- Oh Loulle, tu peux me faire une de tes andouillettes au vin blanc
que je m’en fasse péter l’embouligue avec deux canons de rosé de Tavel ?
- Je peux pas te refuser ça Victor. Mais,… teng ! On prend des risques, avec la terreur véganne qui nous cerne !
- De quoi tu tchatches là, Loulle ?
- Ben, t’as pas vu ? Des terroristes végans s’en prennent à des
boucheries, à des poissonneries, à tel point que le syndicat des
bouchers-charcutiers a porté plainte. Tè, je te lis : « "Les 18 000 artisans bouchers-charcutiers" en France "s’inquiètent des conséquences de la surmédiatisation du mode de vie vegan", indique le responsable se déclarant choqué qu’une partie de la population "veuille imposer à l’immense majorité son mode de vie pour ne pas dire son idéologie". Il déplore les "intimidations" récentes dont ont fait l’objet des boucheries-charcuteries, une "violence" qui s’exerce "tant à visage découvert que masqué".
- Eh, Loulle, la konnerie humaine est la seule approche qu’on puisse
avoir de l’infini. Et en matière de konnerie, les végans étaient au
premier rang à la distribution ! Un végan ne bouffe strictement rien qui
provienne des animaux. Il refuse la viande animale, le poisson, mais
aussi le lait, les œufs ou encore le fromage et le miel. Un végan
s’habille aussi dans le respect des animaux : pas de fourrure, de cuir,
de soie ou de laine. Enfin, le véganisme proscrit tous les produits,
cosmétiques par exemple, testés sur les animaux. Les végans
se revendiquent anti-viande, anti-élevage et s’opposent à toute
hiérarchie entre espèces, notamment entre l’être humain et les animaux, y
compris les rats, les puces, les tiques, les poux et les cafards. Et,
manifestement, certains de ces joyeux lurons ne supportent plus de voir
les autres (l’humanité encore non végane) continuer de s’en régaler !
- Ils « aiment » tellement les bestiaux ces braves gens qu’ils en
arrivent à haïr le bestiau humain ! Pourtant, dans cette « nature »
qu’ils disent vénérer, les bestiaux se bouffent à qui mieux mieux !
Cette grande bouffe, ce grand massacre est la condition première de
l’existence harmonieuse de cette nature. Tout ce qui vit est à la fois
proie et prédateur. La Vie, c’est bouffer l’autre et être bouffé. Non
mais tu imagines si tous les bestiaux devenaient végans ? Sans la
régulation par les prédateurs, les herbivores détruiraient en quelques
décennies toute verdure sur terre, et donc toutes vies tant végétales
qu’animales. Le « respect » végan entre les espèces amènerait donc la
mort de toutes les espèces !
- Bien vu Loulle. Mais méfi, ne fais pas brûler mon andouillette !
Tè, j’ai une suggestion qui devrait intéresser ces pittoresques
tofuphages. C’est de manger les bestiaux de l’espèce qui est la plus
nombreuse et la plus nocive pour la Nature.
- C’est quoi ces bestiaux.
- Ben toi, moi, l’Homme quoi ! Enfin, ne faisons pas de sexiste, la
Femme aussi. Ah ! La bonne chère rejoignant la tendre chair ! Il y
aurait des boucheries anthropophagiques. Elles débiteraient et
vendraient des anthropocotelettes, des anthropogigots, des
anthropopiettes, de l’anthropoboudin, de l’anthroposaucisson. Rien que
des races à viandes.
- Ah ! Objection Victor. On ne parle pas de race concernant les humains.
- C’est vrai. On mangerait donc de l’anthropoviande asprodermée,
melanodermée, flavodermée. Il y aurait de l’élevé sous la mère mais
aussi de la vieille carne fournie par les hostos et les ephads que
l’industrie agroalimentaire transformerait en lasagnes, en raviolis, en
hachis parmentier, en merguez.
- Ouais mais il y a un problème Victor. Est-ce que la viande humaine
est halal et casher ? Parce que notre barbaque est paraît-il celle qui
se rapproche le plus de celle du cochon.
- Ouais. Il faudra creuser la question. En tout cas, pour les
chrétiens, pas de problème puisqu’ils préconisent de bouffer le corps de
leur dieu fait homme !
- C’est vrai ça. Ton idée a de l’avenir Victor.
- Bon, sers-moi mon andouillette en attendant les temps de me faire cuire un andouille végan !
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