vendredi 13 juillet 2018

Et si on disait merci à Trump ?


Victor Ayoli

Pendant que le pays se paie une saine érection suite aux exploits fouteux de quelques millionnaires en culottes courtes, notre monarque républicain (avez-vous remarqué, comme mon pote Casanova, que Macron est une anagramme de Monarc ?) ainsi que les autres vassaux de l’Otan, rencontrent leur suzerain, le yankee Trump. Parce que l’Otan est aussi un outil de domination de l’Europe par les États-Unis.

Au sortir de la guerre mondiale, pour faire face à l’URSS triomphante, c’est Churchill qui, en 1949, a conçu cette alliance. Elle a été réalisée par Truman et mise en place par Eisenhower. Son but était de grouper, en une alliance, sous direction hégémonique étasunienne, l’essentiel des forces militaires des pays de ce qu’on appelait alors le bloc occidental, du Cap Nord au Bosphore, afin de contenir les forces adverses de l’URSS et du pacte de Varsovie, pendant communiste de l’Otan. C’était alors la guerre froide et elle avait une certaine raison d’être. L’Otan a donc été demandé par les nations d’Europe, se mettant volontairement sous la domination des USA.
Mais cette alliance avait aussi un but moins avoué : permettre aux États-Unis d’avoir d’importantes forces militaires en Europe occidentale et, par ce protectorat qu’on lui demandait, d’éviter la constitution d’une armée européenne intégrée, condition indispensable a une émancipation politique de l’E.U.
Mais les choses ont changé, l’URSS s’est effondrée et, dans les années 90, suite à la chute du mur de Berlin, l’Otan perdit sa raison d’être avouée. Ce qui donnait des boutons aux Yankees… C’est alors que Georges Bush père, proposa la création « d’une communauté euro atlantique  », un montage entre la Communauté Économique Européenne (CEE), la CSCE (Accord d’Helsinki) et l’OTAN. La proposition avait pour but de justifier le maintien de l’OTAN et d’éteindre chez les alliés européens toute tentation émancipatrice d’une défense commune européenne en dehors du cadre nord atlantique. Ce fut avalisé en novembre 1991, avec la Déclaration de Rome du Conseil de l’Atlantique Nord qui souligne la « permanente validité  » de l’Alliance atlantique.
Dans les années 90, les guerres dans les Balkans, attisées sinon fomentées par la CIA, ont donné une occasion à l’Otan de se refaire une légitimité, puisque l’ONU lui a délégué ses prérogatives… À partir de là, l’Otan nouveau devint un instrument d’intervention des États-Unis partout dans le monde… Le bras armé des intérêts des multinationales étasuniennes… Avec les succès plus que douteux que l’on sait, notamment en Afghanistan.
En décidant de réintégrer le commandement de l’Otan, Sarkozy a rompu avec la politique d’équilibre qui, de De Gaulle à Mitterrand et Chirac, a toujours été une permanence de la politique étrangère française. Il a placé notre pays parmi les féaux des États-Unis, avec toutes les conséquences qu’on peut en craindre.
Puis arrive Trump. Il veut bien de l’Otan en tant qu’instrument de la domination étasunienne (entre autres, imposer l’industrie de l’armement US puisque 80 % des armées de l’OTAN sont équipées par les USA ; faire financer et participer aux guerres impérialistes des USA) mais il veut en faire payer le prix par les Européens ! « Je vous que vous casquiez 4 % de votre PIB pour que nous vous protégions » (enfin, pour protéger les seuls intérêts du suzerain !)
On peut s’offusquer, on peut gueuler, mais il a raison le pittoresque locataire de la Maison blanche. Nous, Européens, sommes trop arc-boutés sur des querelles d’ego pour organiser et mettre en place une véritable armée européenne, alors nous n’avons plus qu’à baisser la tête et nous agenouiller devant l’arrogance et surtout les intérêts du suzerain tout-puissant.
Et en même temps, comme dirait Jupitounet, Trump – qui sait ce qu’il doit aux Russes – s’acoquine avec son alter ego, Poutine qui, comme lui a intérêt à avoir à ses portes une Europe morcelée, frileuse, sans frontières ni ambition, grasse et juteuse larve à sucer !
Et pourtant, la politique constante d’encerclement de la Russie par l’Otan est la véritable cause du fait que la Russie soit perçue comme une menace par les Européens, conditionnés par des médias acquis aux mensonges atlantiques. Dans les cercles de la bien-pensance atlantique, la Russie est présentée comme le grand méchant loup… Son président est affublé de tous les défauts, considéré comme un infâme dictateur liberticide et sanguinaire. Et la Russie présentée comme un pays de brutes illettrées et alcooliques représentant une terrible menace pour l’Europe et le monde. Pourtant, la Coupe du monde de foot montre un peuple amical, une nation organisée et efficace.
La russophobie étasunienne prend deux aspects : - une forme idéologique autour de la soi-disant défense de la démocratie et des droits de l’homme ; - une rivalité géopolitique car les Yankees ne supportent pas que d’autres puissances osent contester leur « hégémonie » et font tout ce qui est en leur pouvoir pour faire passer la Russie pour une puissance hostile à l’Europe. Ce qu’elle n’est pas. Et nous, Européens veules, serviles et puants d’ingratitude, nous nous faisons les complices de toutes les forfaitures des États-Unis sous prétexte « qu’ils nous ont sauvés en 45 », oubliant que c’est l’URSS - c’est-à-dire les Russes - qui a le plus donné de vies pour délivrer le monde du monstre nazi…
Pourtant, la Russie est évidemment européenne, par la géographie, par la population, par la (les) religion(s), par la civilisation, par l’histoire. C’est une civilisation jumelle, imbriquée depuis toujours à la nôtre. Ils connaissent nos penseurs, nos artistes, nos idées.
Finalement, Trump, en mettant l’Europe au pied du mur, nous rend de grands services.
Tout d’abord, il nous oblige à réfléchir sur la création d’une véritable armée européenne, car, pour paraphraser Staline, « L’Union européenne, combien de divisions ? ».
Mais aussi il nous pousse à reconsidérer nos rapports avec une Russie qui est un voisin géographique immédiat, un partenaire économique incontournable et non pas une menace.
Enfin, il nous incite à rejeter notre vassalité par rapport à ces grands « démocrates » qui font Guantanamo, qui assassinent par drones aux quatre coins du monde, qui embastillent sans procès, qui assassinent légalement leur propre peuple, qui, par de sordides guerres jamais gagnées, ont semé l’enfer sur terre de Kaboul à Bagdad, qui pillent le monde à l’aide de leur dollar. Qui nous espionnent, nous épient et nous méprisent.

Alors, merci Donald ? Tout dépend de nos dirigeants : en « auront-ils » ou pas…

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