mercredi 11 juillet 2018

Faut-il avoir honte d’aimer le foot ?


Théophraste

« C le + bo jour de ma vi : l’équip de France est en ½ final en Rusie et el joura devant le présidan Macron. Je pourrez pa i allez, mes jé la télé et il fodra pas m’emmerdé mardi pandant le match ».

Vous avez reconnu là un footeux ? C’est parce qu’il en existe de la sorte. Sport de masse, sport du peuple. On trouve aussi des supporters capables de faire la dictée de Pivot, un autre footeux. François Ruffin confirme.
« Footballeurs : des dégénérés en culotte courte qui courent après une baballe » tranche mon voisin de palier, un esprit éclairé qui se pâme devant le tennis, sport où des métronomes en short ou jupette se renvoient une baballe avant de rentrer à la maison (en Suisse).
« Et le ski ? lui rétorque mon neveu ! Des types caparaçonnés qui descendent tout droit ou en remuant du cul et puis qui remontent pour voir si la loi de la gravitation marche à tous les coups ».
« Et la boxe où des colosses, toujours issus des classes les plus pauvres, se massacrent, finissent idiots, aveugles et souvent ruinés par des escrocs » surenchérit ma nièce avant d’ajouter, impétueuse : « Personne ne proteste contre ces démolitions légales d’êtres humains. Les citoyens sensibles qui défendent les taureaux ne peuvent pas à la fois assiéger les arènes et envahir les rings pour empêcher ces compétitions barbares. Ils pleurent quand le taureau meurt, ils ricanent quand le torero est encorné, ils se foutent du boxeur estropié ».
J’essaie d’ajouter : « Quant aux prolos qui meurent au travail au rythme de deux par jour… », mais mon député LREM ne me laisse pas finir ma phrase  : « Holà, pas de dogmatisme idéologique, pas de parti pris, pas de démagogie, pas de récupération des drames, je vous prie ! ».

Théophraste R. Mardi 10 juillet, je regarde la demi-finale, canapé, canette de bière, même pas honte (1).

(1) Et il fodra pas m’emmerdé pandant le match, qu’on vat le gagné.

Le Grand Soir

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