Pierrick Tillet
La polémique à propos du Mondial de foot a au moins remis au centre de la discussion la notion de plaisir.
Ce
qu’il y a de rassurant, c’est qu’aux critiques acerbes qui n’ont pas
manqué de surgir, comme souvent à chaque moment d’exaltation populaire,
ont répondu, timidement d’abord mais de plus en plus vivement, les
protestations de ceux qui ne voulaient pas voir leur vie restreinte aux
malheurs qu’ils subissaient.
Non, il n’y a aucune comparaison recevable entre les foules qui
défilent pour la victoire d’une équipe de foot, celles qui se
précipitent aux liesses populaires quelles qu’elles soient, et le nombre
de manifestants contre l’application du 49.3, la loi travail ou la
sauvegarde de la fonction publique.
Les révolutions devraient avoir pour objectif d’exalter les liesses populaires
Vouloir limiter l’expression populaire aux démonstrations de
protestations politiques est proprement mortifère, inhumain, asocial,
réactionnaire. Les révolutions sont trop souvent pourries par les
“révolutionnaires” ascétiques, les empêcheurs de danser les carmagnoles
en rond, les commissaires politiques, les procureurs de tous les
enthousiasmes populaires.
Le plaisir, qu’il soit jouissance physique, exubérance mentale ou
exaltation intellectuelle est un élément fondamental de la vie humaine.
Les révolutions – mais y en a-t-il une par vie ? – devraient d’abord en
faciliter l’émancipation. Un peuple privé de pains, de jeux, de baise et
autres menus plaisirs de l’existence devient juste neurasthénique,
amorphe, aigri, incapable de révolte, encore plus de révolution.
Une véritable révolution ne peut être contrainte par des dogmes
rigoristes, limitées aux revanches aigres contre les frustrations, aux
promesses, à l’instar de vulgaires religions, de paradis douteux pour
après les guillotines et les camps de rééducation.
Plutôt que de les
laisser aux mains des pouvoirs qu’elles combattent, les révolutions
devraient avoir pour objectif d’exalter les liesses populaires.
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