christophecroshouplon
Imitant les méthodes du management en entreprise, voilà que notre
premier des ministres se lance en ce début juillet dans une campagne
d'entretiens annuels d'évaluation.
Un à un il s'en va donc plusieurs
heures – ça a commencé par Blanquer, considéré comme le chouchou –
recevoir sous les ors ses ministres ainsi que les seuls secrétaires
d'état qui lui sont directement rattachés. Afin de faire le bilan de
l'année écoulée, de définir les objectifs de l'année à venir ainsi que
les moyens a prévoir.
Les cadres sup qui nous servent de ministres, ceux dont on peut dire
que 9 sur 10, inconnus des français ou jugés sévèrement, sont nuls en
politique, vont retrouver une petite boîte à outils confortable de leur
ancienne vie dite civile. Quoi de plus simple que ces entretiens
auto-centrés sur soi et sa mission et où on peut à l'infini ergoter sur
la turbine du navire tout en s'attribuant mille qualités. L'EAE c'est
typiquement – en tant qu'ancien consultant RH j'en sais quelque chose –
un truc de managers pour faire croire qu'on donne et qu'on produit du
sens à propos de choses qui n'en ont pas, ou plutôt si, un et un seul,
produire davantage de dividendes pour de gros actionnaires invisibles.
L'objectif étant quelque peu bas de plafond, enrober l'intérêt du job
tout en flattant l'égo du soutier compte.
Donc c'est parti pour tout juillet. On notera donc ces messieurs
dames mais sans, précise Edouard Philippe le bon gendre, vouloir prendre
de sanctions. On pourra quand même faire passer quelques messages sur
un ton mielleux et feutré, du genre à Madame Belloubet, Nicole, s'il te
plaît prépare mieux tes interventions, ou à Madame Pénicault, Monique,
le Yogi essaie d'éviter à l'avenir.
Macronneuses et macroneux s'en iront j'imagine obtenir – on parle de
collégialité, d'excellence et d'efficacité pour la presse – un blanc
seing de lèche Monarque, avec ou sans félicitations du jury. Comme au
temps de ce bon Sarkozy qui avait mis, via Fillon, le truc en application
une et une seule fois en 2008, dire du bien du chef, c'est plus que bien
vu. Bien, à chaque fois, rappeler que juste avant d'être élu, le candidat
avait promis que, et que la promesse 57 est en cours d'exécution, les
décrets sont dans le pipe. Penser à reprendre les éléments de langage
sur les trahisons bien sûr, ne pas improviser, surtout pas – c'est ça
aussi, la collégialité.
Ainsi evalués, ainsi notés, les petits soldats de la Macronerie
pourront alors, lestés d'une feuille de route, prendre le chemin de
leurs congés. Frimer un peu en exhibant leurs carnets de notes auprès de
leurs entourages proches, tout en tenant secret le fond des échanges.
Manu, depuis son Fort de Bregançon, relira d'un oeil distrait les
dossiers d'évaluation entre un Levy et un Musso, Brigitte y glissera de
petits mots dans la marge au stylo rouge en s'essuyant les lèvres.
Non
vraiment, chéri, cette Belloubet, non mais ça va pas du tout.
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