dimanche 8 juillet 2018

Novitchok, le retour !


christophecroshouplon

Après l'empoisonnement au Novitchok de deux personnes à Amesbury, le secrétaire d'Etat britannique à la Sécurité somme Moscou de fournir des explications. Le Kremlin assure ne pas disposer d'informations.


Lors d'une conférence de presse le 5 juillet, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a déclaré que son gouvernement était « très inquiet » de « l'utilisation répétée de telles substances [les agents innervants] en Europe » et a précisé : « Nous n'avons pas d'informations sur la substance en réalité utilisée, la façon dont elle a été utilisée ».

Une deuxième affaire Skripal en tous points analogue à la première. Même poison, mêmes accusations, même système de défense russe. La première n'ayant finalement point convaincu mais permis à une opinion amorphe de gober sans réfléchir la propagande du 10 Downing Street, on recommence. Histoire de faire diversion – en pleine coupe du monde – sur les armes trouvées en Syrie par les russes et le refus occidental de se rendre sur place pour les étudier.

Le poker menteur se joue toujours à deux, certains jouent mieux que d'autres. Depuis les fioles brandies à l'ONU par Collin Powell – bien après les fausses couveuses de Saddam Hussein lors de la 1ère guerre du Golfe -, les scénarii americano-européens ne dépassent pas le niveau d'un Cluedo pour grands enfants. Le fameux Novitchok tu en trouves où tu veux, tu peux même le fabriquer tout seul si tu as acheté ce livre écrit par un israélien, en vente sur Amazon, où il y a la recette. Novitchok dans la tête des gens ça sonne russe, donc ça vient des russes. Le téléspectateur a besoin de stimuli simples, fabriqués sur le principe de la publicité. Un mot une idée un avis. Point.

Sur les réseaux en Angleterre, les internautes se déchainent. Le remake fait rire, les blagues de potaches se multiplient. L'une mentionne qu'à ce rythme de deux morts anglais par an les russes sont gentils. La dérision immédiate montre que le plan marche moins bien que la fois précédente, May et Johnson en ont trop fait, tout le monde a en mémoire les larmes feintes de Nikky Haley à l'ONU avec ses photomontages, Khadafi et sa garde rapprochée de violeurs en série de marocaines emprisonnées dans un harem, tout ce cinéma quelque peu grossier. Les ficelles hollywoodiennes sont par trop répétitives et bien des citoyens, rompus aux intrigues allambiquées de bonnes séries US, ne se font plus avoir. D'autant que les pinocchios ne font même plus l'effort de renouveler leurs mensonges, ils se contentent de copiers collers et de surjouer l'émotion. À la longue, le doute s'installe et finit par élire domicile. On ne sait si les russes disent vrai, eux aussi ont des intérêts en jeu, ce ne sont pas des anges loin de là. Mais force est de constater que des manigances aussi grossières, jamais ils ne nous en ont concoctées.

Ca sent le réchauffé, le trop plein, le trop tard. Trop d'évènements en ce moment, le Foot, le Tour de France, les vacances qui approchent, la chaleur. Les gens ont la tête ailleurs, l'histoire aura du mal à prendre, ça sent l'erreur au niveau du tempo.

La diplomatie et les services secrets britanniques pataugent de plus en plus dans la guimauve, ils ont dû égarer 007. Ian Flemming, où es-tu, s'il te plait, reprends la plume.

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