lundi 2 juillet 2018

Palestine : le « cher Bibi » emprisonne Salah Hamouri pour trois mois de plus


Pierre Barbancey

Benyamin Netanyahou et son gouvernement d’extrême droite s’acharnent contre l’avocat franco-palestinien, en détention administrative depuis déjà dix mois. Son épouse, Elsa Hamouri, n’a toujours pas été reçue par Emmanuel Macron.

La nouvelle est tombée. Sèche comme le claquement d’une porte de prison : la détention administrative de l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, qui devait se terminer ce 30 juin, a été renouvelée pour trois mois sur ordre du ministre de la Défense israélien, Avigdor Lieberman.
Salah Hamouri a été arrêté le 23 août dernier au prétexte qu’une enquête était en cours sur son appartenance supposée à une « organisation ennemie ». Le jeune Franco-Palestinien de 32 ans était supposé être libéré cinq jours plus tard, après avoir subi en tout et pour tout un interrogatoire d’une vingtaine de minutes à son arrivée au centre de police. Mis à l’isolement, il apprend par la suite que, pour les besoins de l’enquête, il est maintenu en détention. Le 29 août, il est présenté devant un juge de la Cour de Jérusalem, qui décide tout d’abord de le placer en résidence surveillée pour vingt jours, sans qu’aucune des charges ne soit révélée, contenues dans un « dossier secret ». Le magistrat lui interdisait également l’entrée à Jérusalem ainsi que toute sortie du pays pendant trois mois. Et puis, l’ordre émanant du ministre de la Défense arrivait : placer Salah Hamouri en détention administrative. Soit six mois renouvelables au bon gré du ministère.
Et le sinistre ministre ne s’en est pas privé ! Au mois de février, il annonçait que, cette fois, il décidait l’emprisonnement de Salah Hamouri pour quatre mois. Hier, le couperet tombait à nouveau : trois mois.

Un déni de justice

La détention administrative est non seulement un déni de justice mais surtout une véritable torture psychologique, puisque le prisonnier ne sait pas s’il sortira ou s’il restera enfermé. Cette détention administrative est renouvelable autant de fois que « nécessaire ». Se dire qu’il va sortir ? Se préparer à ne pas quitter sa cellule ? On sait combien la privation de liberté n’est supportable que si un horizon d’élargissement peut se dessiner. Dans ce cas, c’est impossible.
Autre torture imposée par les autorités israéliennes : Salah Hamouri ne peut pas recevoir la visite de son épouse, Elsa (ni de son fils âgé de 2 ans), puisque celle-ci est interdite de territoire israélien, passage obligé même si elle veut se rendre en Palestine. Cela fera bientôt un an que Salah n’a pas vu son enfant. Imagine-t-on la douleur, pour lui et sa famille, d’autant qu’aucune charge ne lui est signifiée ?
Se pose donc une question : que font les autorités françaises ? Il a été dit qu’à au moins deux reprises Emmanuel Macron a soulevé le cas de Salah Hamouri devant son « cher Bibi », comme il aime à appeler Benyamin Netanyahou. Visiblement sans résultat. Comment ce dernier peut-il se permettre d’humilier ainsi le président de la République française et la France ? Tout simplement parce que rien de ce qu’entreprend Israël n’est soumis à critiques publiques et encore moins à des mesures de rétorsion comme, par exemple, des sanctions d’État. D’ailleurs, Emmanuel Macron n’a toujours pas daigné recevoir Elsa Hamouri, contrairement à ce qui a été fait pour d’autres familles de Français emprisonnés à l’étranger.

L’État français se tait

C’est un véritable acharnement de la part de Benyamin Netanyahou et de son gouvernement d’extrême droite. Ils n’ont qu’un mot d’ordre : faire taire toutes les voix qui s’élèvent contre leur politique coloniale d’occupation. Une répression qui frappe aussi bien les Palestiniens que les Israéliens. À Gaza, on tue sous prétexte du Hamas, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, on procède à des assassinats ciblés et à des arrestations. Et en Israël même, des associations de défense des droits de l’homme comme B’Tselem ou d’expression d’anciens soldats qui dénoncent les exactions de l’armée dans les territoires occupés comme Breaking the Silence sont l’objet d’attaques répétées. Des exactions qu’on ne pourra plus filmer ni enregistrer par la grâce d’une nouvelle loi israélienne liberticide.

Interrogé par L’Humanité hier, le ministère français des Affaires étrangères n’a pas souhaité réagir immédiatement « compte tenu de la complexité de la situation de M. Hamouri que nous suivons avec attention », en attente d’« un retour détaillé » des diplomates sur place.

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