Pierre Barbancey
Benyamin Netanyahou et son gouvernement d’extrême droite s’acharnent
contre l’avocat franco-palestinien, en détention administrative depuis
déjà dix mois. Son épouse, Elsa Hamouri, n’a toujours pas été reçue par
Emmanuel Macron.
La nouvelle est tombée. Sèche comme le claquement
d’une porte de prison : la détention administrative de l’avocat
franco-palestinien Salah Hamouri, qui devait se terminer ce 30 juin, a
été renouvelée pour trois mois sur ordre du ministre de la Défense
israélien, Avigdor Lieberman.
Salah Hamouri a été arrêté le 23
août dernier au prétexte qu’une enquête était en cours sur son
appartenance supposée à une « organisation ennemie ». Le jeune
Franco-Palestinien de 32 ans était supposé être libéré cinq jours plus
tard, après avoir subi en tout et pour tout un interrogatoire d’une
vingtaine de minutes à son arrivée au centre de police. Mis à
l’isolement, il apprend par la suite que, pour les besoins de l’enquête,
il est maintenu en détention. Le 29 août, il est présenté devant un
juge de la Cour de Jérusalem, qui décide tout d’abord de le placer en
résidence surveillée pour vingt jours, sans qu’aucune des charges ne
soit révélée, contenues dans un « dossier secret ». Le magistrat lui
interdisait également l’entrée à Jérusalem ainsi que toute sortie du
pays pendant trois mois. Et puis, l’ordre émanant du ministre de la
Défense arrivait : placer Salah Hamouri en détention administrative.
Soit six mois renouvelables au bon gré du ministère.
Et le
sinistre ministre ne s’en est pas privé ! Au mois de février, il
annonçait que, cette fois, il décidait l’emprisonnement de Salah Hamouri
pour quatre mois. Hier, le couperet tombait à nouveau : trois mois.
Un déni de justice
La
détention administrative est non seulement un déni de justice mais
surtout une véritable torture psychologique, puisque le prisonnier ne
sait pas s’il sortira ou s’il restera enfermé. Cette détention
administrative est renouvelable autant de fois que « nécessaire ». Se
dire qu’il va sortir ? Se préparer à ne pas quitter sa cellule ? On sait
combien la privation de liberté n’est supportable que si un horizon
d’élargissement peut se dessiner. Dans ce cas, c’est impossible.
Autre
torture imposée par les autorités israéliennes : Salah Hamouri ne peut
pas recevoir la visite de son épouse, Elsa (ni de son fils âgé de 2
ans), puisque celle-ci est interdite de territoire israélien, passage
obligé même si elle veut se rendre en Palestine. Cela fera bientôt un an
que Salah n’a pas vu son enfant. Imagine-t-on la douleur, pour lui et
sa famille, d’autant qu’aucune charge ne lui est signifiée ?
Se
pose donc une question : que font les autorités françaises ? Il a été
dit qu’à au moins deux reprises Emmanuel Macron a soulevé le cas de
Salah Hamouri devant son « cher Bibi », comme il aime à appeler Benyamin
Netanyahou. Visiblement sans résultat. Comment ce dernier peut-il se
permettre d’humilier ainsi le président de la République française et la
France ? Tout simplement parce que rien de ce qu’entreprend Israël
n’est soumis à critiques publiques et encore moins à des mesures de
rétorsion comme, par exemple, des sanctions d’État. D’ailleurs, Emmanuel
Macron n’a toujours pas daigné recevoir Elsa Hamouri, contrairement à
ce qui a été fait pour d’autres familles de Français emprisonnés à
l’étranger.
L’État français se tait
C’est
un véritable acharnement de la part de Benyamin Netanyahou et de son
gouvernement d’extrême droite. Ils n’ont qu’un mot d’ordre : faire taire
toutes les voix qui s’élèvent contre leur politique coloniale
d’occupation. Une répression qui frappe aussi bien les Palestiniens que
les Israéliens. À Gaza, on tue sous prétexte du Hamas, en Cisjordanie et
à Jérusalem-Est, on procède à des assassinats ciblés et à des
arrestations. Et en Israël même, des associations de défense des droits
de l’homme comme B’Tselem ou d’expression d’anciens soldats qui
dénoncent les exactions de l’armée dans les territoires occupés comme Breaking the Silence
sont l’objet d’attaques répétées. Des exactions qu’on ne pourra plus
filmer ni enregistrer par la grâce d’une nouvelle loi israélienne
liberticide.
Interrogé par L’Humanité hier, le ministère
français des Affaires étrangères n’a pas souhaité réagir immédiatement
« compte tenu de la complexité de la situation de M. Hamouri que nous
suivons avec attention », en attente d’« un retour détaillé » des
diplomates sur place.
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