Charles Sannat
Il est important de rappeler ce qui se joue collectivement. Comme il était à redouter, ce qui devait arriver arriva.
C’est,
pour le moment, une évidente insurrection. Elle n’est pas localisée aux
Champs-Élysées, comme les caméras de médias tellement parisiens et
parisianistes peuvent le montrer ou le laisser croire. Elle touche tout
le pays. De Toulouse à Marseille, de la préfecture incendiée du
Puy-en-Velay à la dévastation qui a frappé la ville de Narbonne.
Il
est important de rappeler à tous ce qui se joue, et aux premiers
d’entre nous qui président (encore) aux destinées de cette grande
nation.
La Révolution de 1789, ce sont des centaines de milliers
de morts à l’échelle d’un pays qui, à l’époque, ne comptait évidemment
pas presque 70 millions d’habitants.
Une insurrection tourne vite
en révolution, et la révolution, si elle peut être séduisante, est
évidemment porteuse de grandes violences. Non, pour être plus précis,
une révolution violente c’est la certitude d’immenses massacres.
Éteindre l’insurrection ne se fera pas par la répression, mais par une solution politique.
L’État
doit d’ailleurs plus redouter 500 000 coléreux soutenus par 80 % de la
population que 1 million de cégétistes soutenus par … 1 million de
cégétistes ! C’est ainsi que naissent les insurrections qui terminent en
révolution.
Par et pour le peuple ? Non, par l’élite et pour l’oligarchie !
L’une
des causes profondes de notre malaise collectif c’est évidemment que
les politiques menées ne le sont plus pour et par le peuple, mais par
les élites contre le peuple.
Il importe peu, d’un point de vue
analytique, que ce que je dis ici soit vrai ou faux. Non pas que la
vérité n’ait pas d’importance, mais parce que la situation démocratique
est vécue et ressentie de cette manière-là par le peuple de France.
Les élites font la politique de Bruxelles.
Les élites font la politique du FMI.
Les élites font la politique des marchés.
Les élites font la politique de la solvabilité.
Les élites font la politique du FMI.
Les élites font la politique des marchés.
Les élites font la politique de la solvabilité.
Peu
importent les mots que vous utilisez. Nos gilets jaunes veulent être
remis au centre des préoccupations, de la politique et… de l’action
publique, de même que les 80 % de Français qui les soutiennent.
Bien
évidemment, toutes les violences sont intolérables, mais pour tout vous
dire, je n’ai pas trop peur des violences auxquelles nous avons assisté
ce week-end. N’imaginez pas un seul instant que je les tolère. Pour le
coup, je partage l’avis de Castaner, ministre de l’Intérieur, qui
expliquait qu’il fallait protéger les personnes plus que les biens. Les
dégâts matériels restent des dégâts matériels. C’est désagréable,
parfois très triste, mais cela reste du matériel. Ce qui me fait peur,
c’est la montée terrible de cette colère dont j’essaie, avec mes
modestes moyens, de prévenir du danger qu’elle représente si elle n’est
pas traitée à la racine.
Demain, ou samedi prochain, les fourches
sortiront à nouveau. Un jour, il y aura mort d’homme. On pendra les
riches ou ceux que l’on croit riches, et comme à chaque fois dans ces
moments de l’histoire, c’est le vent de l’anarchie qui balaiera notre
pays. Au Puy-en-Velay, le préfet était enfermé à triple tour dans son
bureau et refusait d’en sortir. Assiégé. À ce niveau, nous ne sommes
presque plus en insurrection, mais bien en révolution.
Les causes
sont complexes, multiples, mais comme tous les problèmes, même les plus
complexes, si on regarde avec le cœur, comme disait si justement
Saint-Exupéry, alors l’essentiel devient visible pour les yeux.
L’essentiel tient en 3 mots
Par et pour le peuple.
Ces
trois mots qui justifient tout, qui expliquent tout et qui sont à la
base de toute notre société, ont été oubliés depuis 40 ans par nos
dirigeants successifs. Tous.
Le dernier en date, celui qui se fait
siffler avenue Kléber, n’est que l’incarnation de la fin d’un processus
de négation de la justification de l’action publique.
Le peuple
a, depuis des décennies, l’impression de se faire prendre pour un
imbécile. Quand il vote non à un référendum, on lui fait un traité sur
ce qu’il vient de refuser. Mépris démocratique évident.
Nous
sommes confrontés à l’arrogance d’élites qui se pensent éclairées et
susceptibles de mieux décider de notre avenir que chacun de nous.
Des
élites qui pensent mieux penser que tous les autres qui sont méprisés
et dont il faut faire le bonheur à l’insu de leur plein gré.
Ils
sont tellement enfermés dans leur arrogance et leur mépris qu’ils
pensaient que cela durerait toujours et que cela resterait toujours
indolore.
Macron n’est pas responsable de tout. Il est
l’aboutissement, le summum de ceux qui ne dirigent plus pour le peuple
et par le peuple. Pourtant, tout n’était pas à jeter, loin de là.
Désormais, plus rien n’est audible, et les gilets jaunes ne rentreront
pas chez eux. Samedi prochain, le peuple ira encore à Paris faire
entendre ses demandes.
Son exigence. Par et pour moi ! Je suis le peuple proclame le peuple. Alors justement, ce cri doit être entendu.
Il
ne faut pas tomber dans le piège uniquement de la taxe qui sera
baissée. La situation exige de remettre le peuple au centre des choix et
des complexités et d’accepter d’abandonner un peu de pouvoir.
Il
existe un très beau concept : celui de subsidiarité. L’essentiel de la
solution et d’une gouvernance moderne y est. C’est parce que ce principe
est oublié que nous sommes dans la situation de blocage qui est la
notre.
La subsidiarité
Dit
très simplement, le principe de subsidiarité c’est le fait qu’une
autorité centrale ne peut effectuer que les tâches qui ne peuvent pas
être réalisées à l’échelon inférieur….
« Le principe de
subsidiarité est une maxime politique et sociale selon laquelle la
responsabilité d’une action publique, lorsqu’elle est nécessaire,
revient à l’entité compétente la plus proche de ceux qui sont
directement concernés par cette action. Ainsi, lorsque des situations
excèdent les compétences d’une entité donnée responsable de l’action
publique, cette compétence est transmise à l’entité d’un échelon
hiérarchique supérieur et ainsi de suite. Le principe de subsidiarité
veille à ne pas déconnecter la prise de décision publique de ceux qui
devront la respecter. C’est en somme la recherche du niveau hiérarchique
pertinent auquel doit être conçue une action publique.
La
signification du mot latin d’origine (subsidiarii : troupe de réserve,
subsidium : réserve / recours / appuis) reflète bien ce double
mouvement, à la fois de non-intervention (subsidiarité) et de capacité
d’intervention (suppléance). »
Une politique qui respecte le
principe de subsidiarité est une politique qui n’impose rien. Elle est
menée par et pour les gens. Elle vient en aide, elle est par nature
bienveillante et ne cherche en aucun cas à se substituer justement à la
responsabilité individuelle de chaque personne.
Elle doit
respecter l’autonomie de tous. Elle n’est, par nature, jamais
autoritaire et toujours limitée. C’est un peu la plus petite
intervention possible.
Prenons l’exemple concret d’une famille.
Nous travaillons, nous ne pouvons pas assurer forcément l’instruction de
nos enfants. Alors la structure familiale qui est la nôtre demande
l’aide de l’école. Les problèmes se posent quand l’école oublie le
principe de subsidiarité et qu’elle n’est plus là pour donner des leçons
de lecture et de l’instruction, mais pour faire l’éducation à la place
des parents… Dès lors, petit à petit, l’école devient détestée, elle se
referme sur elle-même, et devient une immense machine dictatoriale qui
sait mieux que les familles ce qui est bon pour leurs enfants.
Vous
voyez bien ce qui ne fonctionne plus dans la gestion politique.
Partout. À tous les niveaux, la subsidiarité a été oubliée. De l’école à
la politique, du village forcé à être regroupé en communauté de
communes qui éloigne les décisions de la vie des gens et de l’échelon le
plus proche.
La politique, parce que personne n’y a prêté trop
d’attention, est devenue autoritaire. On décrète en haut et on impose en
bas. La seule question que se posent nos mamamouchis est de savoir
comment avoir la bonne communication, la bonne propagande pour faire
« passer la pilule ».
L’action publique n’est plus ressentie comme
par et pour le peuple, mais comme la bonne propagande pour faire avaler
aux gens et aux peuples la politique faite par et pour une petite
oligarchie de multinationales.
La réponse est simple : redéfinir l’action publique et redonner le pouvoir au peuple…
Macron a un mot à dire : j’ai entendu.
Je ne peux pas diriger contre vous, mais qu’avec vous. Il faut dire au président que dans une « start-up nation », les salariés c’est le peuple, mais qu’il ne se méprenne pas. On ne peut pas licencier un peuple.
Je ne peux pas diriger contre vous, mais qu’avec vous. Il faut dire au président que dans une « start-up nation », les salariés c’est le peuple, mais qu’il ne se méprenne pas. On ne peut pas licencier un peuple.
On peut le réprimer.
On peut l’emprisonner.
On peut le tuer.
… Mais on ne peut pas le licencier.
On peut l’emprisonner.
On peut le tuer.
… Mais on ne peut pas le licencier.
J’ai entendu et nous remettons immédiatement le peuple au cœur de l’action publique.
Désormais,
toutes les décisions seront prises par le peuple et pour le peuple qui
ne déléguera à l’échelon supérieur que ce qu’il ne peut pas faire à son
échelon.
Cela implique un terrible abandon de pouvoir auquel nos mamamouchis ne sont évidemment pas encore prêts.
Cela implique que tous les mamamouchis se mettent au service des gens et de la population.
Nous
avons donc encore vécu un moment de violence, et les messages que je
peux recevoir ne m’incitent pas à l’optimisme. Alors, inlassablement,
nous devons, chacun en fonction de nos moyens, parler à l’intelligence
et à la raison de tous.
Néanmoins, il faut dire. Il faut avoir le
courage de dire ce qu’il passe. Il ne faut pas faire plaisir, il faut
dire. Il faut prévenir.
Il faut dire que les gens veulent faire la
politique qu’ils souhaitent, et cette politique n’est sans doute pas
celle souhaitée par notre « aimable » oligarchie.
Si elle n’entend
pas la sourde colère du peuple, il se passera la même chose qu’à chaque
fois : une révolution. Et quand la France se soulève, ce n’est jamais
pacifique ni de tout repos. Ce n’est donc pas souhaitable. La réponse
politique est donc urgente.
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