dimanche 13 janvier 2019

Lire dans le marc de café ?


Olivier Cabanel

Au-delà du fait avéré que le marc de café est parfait pour améliorer la qualité d’un compost, est-ce bien sérieux de l’utiliser pour tenter de connaitre l’avenir ?

En ce début d’année, les prédictions poussent comme des petits champignons, et les prophètes en tout genre étalent leur vision de l’avenir dans de nombreux médias...mais pour deviner l’avenir, n’est-il pas finalement plus simple d’analyser le passé ?
Le devin des aventures d’Astérix pouvait lire dans les entrailles d’un poisson pas bien frais, quitte à lire dans celles du chien d’Obélix...mais il y a mieux.
Jemima Packington lit dans les asperges, et pour prédire le futur, jette des asperges fraîches en l’air, interprétant leurs positions une fois qu’elles sont au sol...sauf que les asperges ne poussent qu’au printemps, ce qui limite sérieusement ses prédictions. lien
Pour être le plus convaincant possible, le « médium » doit rester le plus dans le vague possible, afin de limiter le risque d’erreur...et pour ne pas se tromper, il lui suffit de décrypter attentivement ce qui s’est passé l’année précédente pour prédire celle qui vient.
Ainsi Eva Gardini, avait prédit, pour 2018, et sur le plan politique français, une « restructuration »...prévision assez logique, d’autant qu’elle était au calendrier du nouveau président de la République...
Elle avait prédit aussi des risques d’attentats en « avril mai »... mais comme notre pays en subit régulièrement, ça ne semblait pas si complexe à prophétiser. lien
Quant à ceux qui détaillent leurs prédictions, ils sont, hélas, souvent désavoués par la réalité, telle cette voyante qui prévoyait la victoire de Fillon en 2012. lien
Un autre prévoyait une dissolution de l’assemblée nationale avant la fin 2017... un peu en avance peut-être ? lien
Au-delà de ces prophètes bien mal inspirés, il y en a au moins un qui peut surprendre.
Son livre a été publié il y a 25 ans, sous le titre « les prophéties  » et il s’appelle Raphaël Vacinny. lien
Voilà ce qu’on peut lire à partir de la page 31 : « Paris assiégé par la population toujours plus grande (...) les gouvernements se succèderont au moment de la révolution : gouvernement français une fois bleu, une fois rose, ne cherchera qu’honneur et gloire. Devant peuple assouvi par douleur et chômage, grande langue de bois, (...) révolution surgira. Les peuples se révolteront contre leurs états politiques (...) lesquels sont avides du pouvoir et d’argent à gagner, ils ne créeront autour d’eux que tristesse désarroi et révolution. (...) Les agriculteurs et les ouvriers contre les politiciens : par villes trop étouffées, par campagne désertifiée, agriculture divisée en si grand désarroi, paysans révoltés prendront le pas, ridicules politiciens, ils chasseront, Révolution marquera le début de son temps.
La révolution française déstabilisera l’économie mondiale : France émeute si forte qu’on t’entendra des 4 points de la terre, entre cerise et bleuet, libertés menacées, chars si bruyants, République tuera ses enfants ».
Un peu plus loin on peut lire (page 34) : « le peuple français abolira la république : il sera dit ici que ces mots sont transcrits : quand un gouvernement tue les enfants de sa patrie, celui-ci n’est plus digne d’être au pouvoir. Ni la droite, ni la gauche, ne relèveront la France : peuple français assoiffé d’argent et d’or criera révolte. Une fois à droite, deux fois à gauche, une fois à droite, l’envers comme l’endroit, Paris vivra un grand désarroi. (...) la guillotine de retour : il est aussi ressemblant et froid comme la pierre, l’homme cyclope qui remettra au pouvoir la lame tranchante, sur les places d’une république militaire.
La suite est encore plus noire, mais on peut encore noter la page 38 dans laquelle il annonce une Europe qui se disloque, et qui finit à 5.
Et puis, lui-même semble avoir changé, car il est aujourd’hui auteur compositeur interprète, proposant des chansons plutôt douces, parsemées de petites fleurs. lien
Finalement, si on peut douter de sa clairvoyance, il n’empêche que les évènements qui se suivent depuis un certain 17 novembre, avec son lot de morts... une douzaine déjà... et de mutilés, 248 au dernier comptage, donnent un sens aux prophéties de ce Vacciny. lien
Et puis, il ne serait pas juste de passer sous silence un prophète bien plus célèbre, le fameux Nostradamus, d’autant qu’il aurait annoncé l’arrivée des gilets jaunes dans l’un des quatrains dont il avait le secret.
« Tonnant ainsi sur touste le territoire de gauslie,
Or de gilet, aux ronds point amassés
Une horde de mécontants
Sur le pouvoir sa haine déferlera ». lien
S’agit-il d’un fake ?..., car dans l’ouvrage de Jean-Charles de Fontbrune, lequel évoque les prophéties de Nostradamus, sur une période allant de 1995 à 2025, on ne trouve pas trace de ce quatrain étrange. lien
Ajoutons pour la bonne bouche que même Nostradamus a été pris en défaut, puisqu’il avait prévu pour 2018 la 3ème guerre mondiale, et même si les conflits de manque pas sur cette belle terre, elle n’est pas encore mondiale. lien
Tout cela peut prêter naturellement à sourire, et pourtant, il reste des phénomènes étranges qu’il sera difficile d’expliquer rationnellement.
On entre alors dans le domaine des rêves ou même des écrits prémonitoires.
Il faut s’attarder à la tragédie qu’a connu un américain, David Booth, employé modèle, tragédie qui a commencé en mai 1979.
Il fait toutes les nuits un cauchemar, si douloureux qu’il hésite chaque soir à aller se coucher : il se trouve en bordure des pistes d’un grand aéroport, et chaque nuit, il voit un avion gros porteur, triréacteurs, aux couleurs américaines, décoller, et s’écraser au milieu d’une immense gerbe de flammes.
Au début, il garde pour lui ce cauchemar, et finit par consulter un psychiatre...puis il téléphone aux autorités aériennes de l’aéroport le plus proche, celui de Cincinnati, qui va prendre au sérieux cette étrange prémonition, renforçant, d’après les détails fournis par le rêveur, les mesures de sécurité.
Et c’est le 26 mai qu’un DC10 d’American Airlines, décollant de l’aéroport de Chicago, s’écrase au sol, avec ses 273 passagers. lien
Le soir même, le cauchemar de David Booth disparaissait.
Aussi terrible est la tragédie d’une fillette galloise de 10 ans, Eryl-Mai Jones, d’Aberfan, petite cité minière, qui le 20 octobre 1966, raconte à sa mère : « j’ai rêvé que l’école avait disparu et que quelque chose de noir m’avait engloutie ». Lien
Le lendemain, elle alla donc à l’école, et elle y perdit la vie, avec ses 122 camarades, un demi-million de tonnes de poussières de charbon ayant dévalé sur la cité, engloutissant l’école et tous ses occupants. lien
À ce stade, il n’est pas inutile de rappeler le roman de fiction de Morgan Robertson qui publie en 1898, « le naufrage du Titan », le plus grand paquebot jamais construit, 70 000 tonnes, 2500 passagers, et tout juste 24 canots de sauvetage. Lors de sa première traversée, il percutera un iceberg en plein Atlantique, emportant dans la mort, la plupart des passagers...lien
Et c’est 24 ans après, un triste 14 avril, que le Titanic, et ses 66 000 tonnes, éventrait sa coque sur un iceberg : comme il n’y avait qu’une vingtaine de canots de sauvetages, seulement 705 passagers auront la vie sauve, sur les 2207 voyageurs : il faisait lui aussi sa 1ère traversée. lien
Ironie du sort, le journaliste W.T. Stead, qui avait fait une critique du livre de Robertson, regrettant que « les grandes compagnies persistent à ne pas prévoir assez de chaloupes pour tout le monde », était à bord du Titanic, et il y perdit la vie.
Si l’on en croit Marcel Belline, considéré comme « le prince des voyants » : « tout se passe comme si existait en chacun de nous une dimension plus originelle du temps où passé, présent, futur jouent entre eux d’étranges jeux de miroir ». lien
Mais revenons en 2017.
Au mois de novembre, lors de l’examen du budget de 2018 au Sénat, alors que la hausse de la TICPE, la célèbre taxe carbone, venait d’être validée, un sénateur de droite, Jean-François Husson, s’était emparé du micro de l’hémicycle et s’adressant à Gérard Darmanin avait prophétisé involontairement : « nous ne voulons pas avoir un deuxième phénomène des bonnets rouges ».
Un autre sénateur, de gauche celui-là, Ronan Dantec, avait lui aussi fait part de ses inquiétudes. lien
Et depuis, ces inquiétudes semblent bien s’être concrétisées.

Comme dit mon vieil ami africain : « L’homme qui se noie s’accroche à l’eau  ».

agoravox.fr

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