Victor Ayoli
« Donner à tous les Français un accès à des soins de qualité,
pris en charge à 100 % par l’Assurance Maladie obligatoire et
complémentaire, dans le domaine de l’optique, de l’audiologie et du
dentaire, constitue l’un des engagements du Président de la
République. »
C’est comme ça que c’est écrit dans le site du Ministère de la santé et des solidarités.
C’est beau, c’est bon, c’est généreux. Merci not’bon présiden t !
Seulement ce qui est moins agréable, c’est que les tarifs de ces
assurances complémentaires augmentent depuis le début de l’année entre 10 et 15 % pour les nouveaux assurés ou lors de renouvellement ! Une paille…
Mais au fait à quoi ça sert une assurance complémentaire ? À RIEN !
Sinon engraisser les actionnaires des assurances privées. Si vous êtes
atteint d’une maladie grave, ou d’une affection chronique invalidante
(diabète, cardiopathie, Alzheimer, etc.) vous serez couvert à 100 % par
le régime général. Alors, pourquoi payer chaque mois 80, 100, 150 euros
et plus si affinité à une "complémentaire" ? Pour se faire rembourser
(tous les cinq ans ?) des lunettes ? On en trouve, verres progressifs,
de bonne qualité à moins de 100 euros ! Idem pour les prothèses
dentaires. Le reste, c’est du confort. Donc en fait, votre pognon sert à
engraisser des actionnaires…
Ces « complémentaires » sont le cheval de Troie des mafias de
l’assurance privée qui bavent de gourmandise devant l’énorme gâteau de
la Sécu dont ils rêvent de se goinfrer. Ils peuvent compter, pour
réussir ce forfait, sur tous les gouvernements, de gauche (enfin de
gôôôche) comme de droite. À la solde du Medef, tous n’ont eu de cesse
d’ouvrer pour démanteler cette conquête essentielle du Conseil national
de la Résistance (CNR).
Une des mesures essentielles du programme de ce CNR fut d’instaurer « un
plan complet de Sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens
des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se
le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants
des intéressés et de l’État ». Dans le droit fil de ce texte fondateur, dès le 4 octobre 1945 une ordonnance fut prise dont l’article 1 est le suivant : « Il
est institué une organisation de la Sécurité sociale destinée à
garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute
nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à
couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils
supportent. »
La solidarité fondatrice de la nation, qui correspond au terme
« Fraternité » de notre belle devise, elle est là. C’est ce que les
droites avides et cupides – et les gôches-Ganelon genres
Valls-Hollande-Macron ont toujours brocardé en daubant sur « l’État
providence ».
Dans le cadre de sa stratégie de démantèlement des conquêtes sociales
du C.N.R., le patronat accentue avec persévérance et obstination ses
attaques contre la Sécurité sociale. Le chantre du Medef Denis Kessler
avait au moins le mérite de la franchise lorsqu’il disait :…/… La
liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place
entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui
de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil
national de la Résistance ! »
La tactique pour la mise à mort de la Sécu ? On ruine celle-ci (qui
pourtant était arrivée à l’équilibre avant que Macron ne décide de la
racketter : les baisses de cotisations décidées par l’État étaient
jusqu’ici compensées par l’État, et étaient donc neutres pour le budget
de la Sécurité sociale. Ce n’est plus le cas, de façon à faire
apparaître les comptes de la Sécurité sociale dans le rouge.) de façon à
la déconsidérer vis-à-vis des assujettis ; parallèlement, on prend
prétexte de ce déficit abyssal pour baisser les taux de remboursement
des médicaments, voire on dérembourse des médicaments considérés comme
peu efficaces ; le résultat est un transfert du remboursement du reste à
payer sur les assurances dites « complémentaires ». Ce faisant, on
habitue le cotisant à s’appuyer de plus en plus sur les assurances
privées et à critiquer la Sécurité sociale. C’est de l’action
psychologique destiné à préparer les cerveaux (déjà karchérisés par la
télé et les merdias) à l’abandon progressif de la Sécu. Depuis que les
grands groupes d’assurance rêvent de mettre leurs pattes crochues sur
cet énorme gâteau !
Dans cette stratégie, il est des dispositions qui sont présentées
comme des « avancées sociales » et qui sont tout le contraire. C’est le
cas de l’Accord national interprofessionnel (ANI) qui a rendu
obligatoire, à dater du 1er janvier 2016, l’adhésion des salariés à une
assurance complémentaire santé d’entreprise. Mumm ! La bonne soupe pour
les assurances privées, au détriment de la protection sociale
collective ! Un énorme gâteau… qui vient d’augmenter de 10 à 15 %.
Oui mais alors on fait quoi ? On fait comment ? Ben, on rend toutes
ses prérogatives à la Sécurité sociale. À défaut d’un remboursement à
100 % - ce qui devrait être pourtant la norme – il suffit de créer, au
sein de la Sécu, un département d’assurance volontaire, couvrant le
remboursement de ce qui ne serait pas pris en compte par la Sécu
principale. Avec évidemment, pour l’assuré, le versement volontaire
d’une cotisation qui, de toute façon, serait bien moins chère que celle
des assurances « complémentaires » privées, mutuelles ou non. Et,
surtout, supprimer toutes les exonérations de cotisations car, si les
entreprises ont de l’argent pour payer des complémentaires d’entreprise,
pourquoi n’en auraient-elles pas pour payer des cotisations à la Sécu ?
La santé n’est pas une marchandise.
Sources :

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