Claude-Marie Vadrot
Ce phénomène, qui s'amplifie, accroît inexorablement la montée des océans.
Jusqu’au début du XXIe siècle, rares étaient les scientifiques et les
58 000 habitants du Groenland qui se préoccupaient des énormes glaciers
recouvrant une grande partie des 2,160 millions de kilomètres carrés de
cette île. D’autant plus que la couche de glace qui recouvre ce pays
encore liée au Danemark, peut atteindre trois kilomètres de profondeur,
avec une épaisseur moyenne de deux kilomètres. Comme s’ils étaient
éternels. Mais en 2007, notamment alertés par les photos spatiales de la
NASA, les climatologues et les glaciologues ont découvert l’étendue de
la fonte en cours.
Leurs premiers calculs effectués en 2007 firent apparaître que les
glaciers de l’île avaient en fait déjà perdu près d’une centaine de
milliards de tonnes entre 1993 et 2003. Depuis, grâce aux travaux des
chercheurs et aux nombreux satellites qui observent en permanence la
plus grande île du monde, les spécialistes constatent que le phénomène
de fonte s’accélère. Au point qu’au cours de l’été arctique de 2019 le
Groenland a perdu environ 600 milliards de tonnes. Un phénomène à la
fois imperceptible et sans précédent qui représente, à lui seul, une
élévation des mers d’au moins 2,2 millimètres pendant ce seul été. Une
fonte qui a trois causes.
Une île glaciale réchauffée
D’abord la surface des glaciers se « salit » et se noircit, absorbant
plus facilement la chaleur du soleil ; ensuite la chaleur moyenne de
l’île augmente ; et enfin cette fonte estivale de surface alimente des
rivières souterraines de plus en plus nombreuses qui érodent la glace
jusqu’à la roche et entraînent un glissement progressif d’énormes masses
de glace qui rejoignent la mer. À la fin du mois de juillet 2019, le
phénomène a battu tous les records : pendant cinq jours la température
moyenne s’est maintenue autour de 23°C.
Les spécialistes du GIEC observent avec attention et inquiétude
l’évolution accélérée de cet immense glacier témoin, car ils savent que
lorsqu’il aura fondu et glissé vers la mer dans son intégralité,
l’élévation des océans se situera entre six et sept mètres. D’autant
plus que de nombreux autres glaciers terrestres sont en train de
disparaître peu à peu. Il y a bien sûr la célèbre Mer de glace et tous
les amas glaciaires dans les Alpes, mais aussi ceux de l’Himalaya, de la
cordillère des Andes, du Caucase, de l’Antarctique ou des Rocheuses qui
alimentent déjà les océans.
Mais comme tous sont loin, nous les
oublions ; comme nous oublions les dangers qu’ils représentent pour des
villes immenses et des plaines côtières agricoles.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire