mercredi 7 juillet 2021

Les présidentielles rendent fou

Antoine Manessis

Nous le constatons chaque jour, les présidentielles rendent fou. 

Le monde politique semble de plus en plus fébrile. Depuis que Macron est parvenu à se faire élire sans un parti organisé derrière lui, sans avoir été élu et adoubé par le suffrage universel avant sa victoire de 2017, sans avoir été élu local puis régional enfin national et ministre ou premier ministre chaque chefaillon se croit investi par Marianne pour être le prochain locataire de l' Elysée.

À droite au moins 3 ou 4 candidats potentiels. De la rumba dans l'air...avec une surenchère droitière assez accablante. Il faut dire que les plus malins sont passés chez Macron et que ceux qui restent ne sont pas les plus sagaces, ni les plus subtils. C'est plutôt le cerveau reptilien qui domine.

La Macronie ne sait plus sur quel pied danser, constatant son incapacité à construire une organisation qui porterait la candidature de Macron. Elle contrôle les médias mais depuis le référendum de 2005 on sait que ce n'est pas suffisant (95% des médias votaient Oui et le Non l'emporta à 55%). Elle hésite entre faire profil bas ou à provoquer. Le navire tangue mais ne coule pas, les rats sont inquiets mais pas encore en panique mais on sent dans la bande un certain flottement.

Au PS on espère la femme providentielle, la candidature d'Anne Hidalgo après avoir été prêt à se planquer derrière un Vert, le catastrophique Hollande étant encore dans toutes les mémoires. Et bien sûr quelques débris du PS y songent pour eux-mêmes.

Au RN les choses sont bien à la main de Marine Le Pen mais, en embuscade, Marion Maréchal Le Pen attend son heure pour remplacer la stratégie de tantine par la sienne. Mais elle aurait à faire aux jeunes loups du parti d'extrême-droite tel Jordan Bardella désigné vice-président du RN par MLP.

À gauche la seule candidature crédible est celle du candidat de la France insoumise qui veut rassembler le plus largement possible autour de son projet dans une dynamique d'Union populaire qu'il a résumée ainsi hier en meeting "Nous sommes le camp de la rupture avec le capitalisme, le productivisme agricole, la volonté de trier les gens sur la couleur de peau. Nous sommes le camp du social de rupture, de l'écologie de rupture, de l'humanisme de rupture. Voilà ce qu'est l'Union Populaire."

Mais la folie présidentielle a frappé aussi à gauche : Fabien Roussel, le ravi de la crèche, chef de ce qui reste du PCF, s'y voit aussi. De toute évidence satisfait d'avoir perdu le dernier département dirigé par le parti communiste (le Val de Marne) du moment qu'il y a des élus communistes en plus grand nombre dispersés dans les conseils départementaux où ils pourront ronronner avec le PS, se réunir sans payer de salle, faire des photocopies gratos et utiliser une voiture de fonction du département. Tout cela est certes bien utile mais au service de quoi, de quelle perspective politique, au service de quelle stratégie? 

Même les partisans de la "révolution permanente" sont frappés par cette folie particulière : le NPA explose et chaque morceau du déjà tout petit parti aura ou souhaite avoir son candidat : Philippe Poutou pour les "officiels"  et Anasse Kazib pour les "dissidents". Quant à Nathalie Arthaud de Lutte Ouvrière, elle veut sans doute battre le record du nombre de candidatures d'Arlette Laguiller, avec la même utilité politique que l'on constate de la part de ce groupuscule depuis de puis 1936...

Du côté des paléos-orthodoxes, on assiste à des choses surprenantes : une campagne qui n'est n'est pas une, un candidat qui n'en est pas un et organisant une conférence de presse virtuelle, imaginaire, sans journalistes ceux-ci étant remplacés par des militants qui posent eux-mêmes les questions...et tout en assurant que leur invisible campagne "ça commence à se voir". Faut-il pleurer, faut-il en rire...?!?!

EELV ont déjà 5 gugus pour leur primaire. Que ceux qui parmi eux seraient lucides se dépêchent de rejoindre l'Union Populaire car il n'y a pas d'écologie hors d'une politique globale de rupture avec le capitalisme, de transformation sociale.

Et cela vaut pour toute la gauche. Pour tous les progressistes. Pour tout le peuple.

Antoine Manessis

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