Alexis Taïeb
Mercredi, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a annoncé que la centrale syndicale signait les accords autour des retraites complémentaires. Derrière les effets d’annonces, la centrale syndicale poursuit sa politique de dialogue social et signe la régression sociale.
Un accord de régression sociale déguisé en victoire
D’un autre côté, la CGT revendique la fin du système de malus. Celui-ci incitait les salariés à travailler trois années supplémentaires après l’âge légal de départ, sous peine de percevoir seulement 90% de leur pension pendant trois ans. Mais avec la réforme des retraites de 2023, cette mesure semblait de facto vouée à disparaitre. En bref, la suppression du malus était d’ores et déjà prévu, dès l’accord trouvé le 5 octobre, tandis que les revalorisations sont en réalité une baisse réelle des pensions.
Le gouvernement recule sur la ponction du régime de l’Agirc-Arrco… et demande aux syndicats de compenser eux-mêmes
L’un des éléments qui a créé la discorde au sein de ces tractations, c’est la volonté du gouvernement de ponctionner les caisses du régime complémentaire afin de financer l’augmentation des petites pensions du régime générale. Ce qui était en l’occurrence la seule mesure dite « sociale » annoncée dans le cadre de la dernière réforme du régime des retraites. Au-delà du mensonge, cela a provoqué une levée de bouclier du côté des syndicats, mais aussi des partis d’oppositions, qui se sont scandalisés du fait que le gouvernement interfère dans les négociations du régime complémentaire, historiquement géré en autonomie de l’Etat par les organisations syndicales et patronales.
C’est sur ce sujet que la CGT a principalement émis, pour se couvrir, des « réserves » suite à la signature de l’accord, en raison des implications que pourraient provoquer une ponction de l’Etat dans les caisses de l’Agir-Arrco, à savoir une accentuation de la baisse continue du rendement des pensions. « Aussitôt sécurisées les retraites complémentaires, nous allons relancer l’offensive sur la valeur du point et les droits des futurs retraités, en particulier les jeunes générations », a ainsi déclaré Sophie Binet. C’est d’ailleurs l’argument utilisé par la centrale pour justifier sa signature de l’accord, la CGT allant même jusqu’à se féliciter dans un communiqué d’avoir mis un coup d’arrêt à la mesure proposée par le gouvernement. Une annonce qui frôle le mensonge, étant donné qu’en l’état l’accord acte d’ores et déjà une baisse réelle des pensions.
Conférence sociale, Accords Agir-Arrco… le dialogue social ou l’accompagnement de la régression sociale
En fin de compte, rien n’a fondamentalement changé quant au contenu de cet accord, qui reste toujours une régression sociale pour les travailleuses et les travailleurs. « L’objectif c’est la culture de la gagne » déclarait Sophie Binet dans son interview aux échos. Après l’enfumage de la conférence sociale qui n’a sans surprise abouti à aucune mesure concernant les salaires et la signature de ces accords sur les retraites complémentaires avec le cachet du MEDEF, la CGT remet de nouveau de l’huile dans les rouages du « dialogue sociale » pour accompagner la régression sociale.
Quelques mois après la défaite de l’intersyndicale sur la réforme de retraites, Sophie Binet tente par ses déclarations de garder la face. En réalité, la politique de la CGT est celle d’un alignement sur les positions de la CFDT et d’un retour en force du « dialogue social », qui n’aboutit à rien d’autre, au mieux, qu’à des miettes concédées par le patronat, au pire, à de nouvelles attaques anti-sociales.
Si la centrale syndicale s’est impliquée dans les combats de certains grévistes, comme à Verbaudet, sa politique reste pour le moment bien insuffisante. Alors que l’inflation persiste et que les prix des produits de premières nécessités sont toujours aussi élevé, les salaires des travailleurs de leurs côtés sont loin de suivre les prix. Face à cette situation qui aggrave la crise sociale, les directions syndicales et en premier lieux la CGT devrait tirer le bilan d’une stratégie qui, loin de mettre une quelconque « pression », ne fait que désarmer les travailleurs. À l’opposée du dialogue sociale, les directions syndicales et la CGT devraient s’atteler à construire un véritable plan de bataille qui, loin des discussions feutrées avec le gouvernement et le grand patronat, articule le combat contre l’offensive autoritaire du gouvernement, la lutte pour les salaires...
... pour exiger à minima des augmentations générales des salaires, des pensions et des minimas sociaux, ainsi que leur indexation sur l’inflation.
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