mercredi 16 octobre 2024

" Aucun tabou " dans la chasse aux étrangers

Antoine Manessis

La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé, hier dimanche 13 octobre, une "nouvelle loi immigration", le futur texte doit notamment permettre de prolonger la durée de rétention administrative des immigrés clandestins jugés "dangereux". 

C'est l’une des principales pistes envisagées : faire passer la durée maximale de rétention de 90 à 210 jours, actuellement possible que pour "le terrorisme". C'est une proposition du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau (droite extrême). Mais le gouvernement "ne s’interdit pas de réfléchir à d’autres dispositions", a ajouté la porte-parole il n'y a "aucun tabou en matière de protection des Français" donc traduit en langue commune aucun tabou raciste et xénophobe contre les immigré-e-s. L’exécutif souhaite que ce texte arrive au Parlement début 2025.

Un an après le loi immigration de Darmanin-Macron-Le Pen partiellement retoquée par le Conseil Constitutionnel, on nous propose la loi immigration Retailleau-Macron-Le Pen. Loi adoptée il y a un an grâce (déjà) à l’abstention et donc la complicité des députés du Rassemblement national. C'est l'actuel ministre de l'intérieur, Bruno Retailleau, alors chef des sénateurs LR qui fut le grand artisan de l'extrême-droitisation du texte.

Marine Le Pen, la cheffe des néofascistes RN, a fait de l'adoption d'une nouvelle loi immigration une "ligne rouge" dont la non-adoption pourrait provoquer une censure du gouvernement qu'elle houspille et menace. Le Pen joue et gagne. Même si trente-deux lois sur l’immigration ont été adoptées depuis 1980 en France où le ridicule ne tue pas, même si Michel Barnier considérait qu'un nouveau texte était inutile le 3 octobre dernier sur France2...

On peut constater ainsi l'inexistante capacité de résistance de la droite à l'extrême-droite, une extrême-droite désormais présente et parfois dominante au sein des partis de droite. Nous assistons non plus à la reprise des thèmes des néofascistes pour récupérer ses électeurs ou ne pas perdre les siens, mais à une véritable osmose idéologique et politique entre les différentes familles de la droite et le néofascisme.

Retailleau, Ciotti ou Bardella quelle différence ? Chaque jour un peu plus nous voyons se mettre en place l'union des droites qui est la perspective devenue dominante à droite en vue de la prochaine présidentielle. Criminalisation de la France Insoumise, légitimation de l'idéologie néofasciste, institutionnalisation et respectabilisation du RN, de petits dîners discrets en lois immigration, de complicité cachée à complicité désormais ouverte entre le RN et la Macronie-LR, le bloc bourgeois n'est plus le bloc "extrême-centre" mais le bloc extrême-centre allié au bloc d'extrême-droite.

Les jappements de la Macronie attalienne, qui "ne voit pas d'urgence" à une nouvelle loi immigration, ne signifient rien. D'ailleurs elle se positionne sur certains sujets plus à droite encore que l'extrême-droite tel l'impôt sur les plus riches. Sa nature de classe annihile toute velléité de s'opposer stratégiquement au néofascisme. Si ce n'est sous la forme de postures tactiques qui ne changent strictement rien au fond.

Renforcer le NFP et sa composante de gauche, qui en est la seule garantie de survie, est la seule politique antifasciste efficace et cohérente. D'autant plus que la perspective qui se dessine dans un avenir proche est une explication NFP contre RN.

Antoine Manessis  

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