Antoine Manessis
En Autriche le parti néofasciste FPÖ, Parti de la Liberté, fondé par d'anciens nazis, arrivent en première position avec près de 27 % dans les sondages.
Les élections législatives pour renouveler les 183 membres du Conseil national -Nationalrat- ont eu lieu le 29 septembre. Un peu plus de six millions d'électeurs ont été appelés aux urnes.
Herbert Kickl proclame : "je le sens : cette fois, nous allons gagner". Il souhaite se faire appeler "Volkskanzler" (chancelier du peuple) et il a repris à son compte le terme de "remigration", avec comme projet de déchoir de leur nationalité et d’expulser des Autrichiens d’origine étrangère. Il use de termes qui sont des références à peine voilées au langage nazi, assume vouloir une "orbanisation" (du nom de Orban, le dirigeant néofasciste hongrois) de l’Autriche et défend des positions toujours plus extrêmes en matière d’immigration, ne cessant de répéter qu’il veut une "Autriche forteresse". Ca devrait plaire à Bruno Retailleau.
Le chef du FPÖ est un démagogue habile : complotiste antivax, raciste, et se posant en défenseur de la neutralité de l'Autriche et condamnant les sanctions contre la Russie...Bref, la confusion habituelle des extrêmes-droites.
La droite, l'ÖVP, n'est pas loin derrière le FPÖ. Menée par l’actuel chancelier Karl Nehammer, elle est créditée de 25% des intentions de vote, devant les sociaux-démocrates du SPÖ à 21%. La droite envisage de gouverner avec les néofascistes même si Karl Nehammer considère Kickl lui-même infréquentable. Mais on sait combien la droite dépasse vite ce genre de scrupule. La droite pourrait aussi gouverner avec les sociaux-démocrates, ça ne serait pas la première fois.
La tempête Boris qui a durement touché l’Autriche risque aussi de faire perdre quelques voix au FPÖ qui est climato-sceptique qui n’a de cesse de dénoncer "l’hystérie climatique". Ca tombe mal...
D'autres partis se présentent aux législatives.
Les Verts- L’Alternative verte (DG), membres de la coalition gouvernementale sortante avec la droite. NEOS-Nouvelle Autriche (NEOS), un parti libéral. Le Parti communiste (KPÖ fondé en 1918) qui n’a plus de représentation au Conseil national depuis le milieu des années 1950. Et quelques autre partis plus folkloriques.
Face à cette situation anxiogène, il faut souligner que, récemment, le KPÖ parvient à réintégrer les Landtag de Styrie en 2005 et de Salzbourg en 2023, et de se hisser au rang de premier et deuxième parti dans les villes de Graz en 2021 et de Salzbourg en 2024, des succès locaux et régionaux qui nourrissent l'ambition du parti de revenir sur la scène politique nationale. Aux dernières européennes il obtient 3% des voix, meilleur résultat du parti à une élection nationale depuis 1962. Souhaitons succès à ce PC qui a su se moderniser au point de gagner la municipalité de Graz (baptisée Leningraz par la presse) et d'arriver en seconde position à Salzburg. La droite est contrariée par ce léger rebond et dénonce un “aveuglement romantico-gauchiste”. Il faudra au KPÖ obtenir au moins 4% pour avoir une représentation parlementaire. (À ne pas confondre avec le parti des travailleurs d'Autriche PdA, un groupuscule stalinoïde inféodé au KKE).
Reste que la menace néofasciste se fait de plus en plus prégnante dans toute l'Europe et que symboliquement une victoire du FPÖ en Autriche serait un très mauvais signe pour les forces de gauche antifascistes européennes.
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