samedi 5 octobre 2024

Jusqu’à 210 jours d’enfermement en CRA pour les étrangers : la nouvelle attaque raciste de Retailleau

Arno Gutri

Dans une interview au Figaro, le nouveau ministre de l’Intérieur détaille les mesures d’une future loi immigration brutale. Parmi celles-ci, le prolongement de la durée de rétention des étrangers dans l'enfer des CRA jusqu’à 180 jours, voire 210 dans certains cas.

Dans la continuité de ses multiples sorties racistes depuis sa nomination au gouvernement, Bruno Retailleau s’est exprimé dans une interview au Figaro Magazine, mercredi 2 octobre. Le ministre de l’Intérieur LR, incarnation du programme de l’extrême droite dans ce gouvernement, y dévoile de nouvelles attaques contre les étrangers et dessine les contours d’une future loi immigration XXL.

Parmi ces mesures, l’ancien sénateur LR détaille son plan pour prolonger l’enfermement des étrangers sans-papier dans les centres de rétention administrative (CRA). « Pour les actes terroristes, la loi française prévoit déjà un délai pouvant aller jusqu’à 210 jours. Pour les crimes les plus graves, notre main ne doit pas trembler : il faut aller jusqu’à 180 jours, voire 210 jours », explique Retailleau. Portés à 90 jours sous le quinquennat Hollande, les délais de rétention administrative des étrangers en CRA seraient donc considérablement allongés, en s’alignant sur la législation anti-terroriste. Un alignement juridique préparé méthodiquement par les campagnes médiatiques et étatiques permanentes qui cherchent à faire passer les immigrés pour des monstres responsables de tous les problèmes du monde !

Partisan du durcissement de la dernière loi immigration, Bruno Retailleau cherche ainsi à inscrire dans sa future loi les dispositions censurées par le Conseil constitutionnel en janvier 2023. Une nouvelle attaque brutale contre les étrangers, dont le quotidien dans ces prisons est synonyme de tabassages, d’empoisonnement chimique, de privation de nourriture et d’humiliations systématiques« Enfermer plus et plus longtemps n’a qu’un objectif : assimiler toujours plus les étrangers à des criminels », dénonce Julie, militante au Collectif d’action judiciaire.

L’arsenal de cette future loi immigration concernant la détention des étrangers pourrait aller encore plus loin. Dans son interview au Figaro Magazine, Retailleau désigne les associations qui interviennent dans les CRA comme les prochaines cibles de ses attaques. En effet, le ministre souhaite aussi « que l’État soit plus exigeant vis-à-vis des associations qui interviennent en CRA » et « que le conseil juridique et social aux personnes retenues dans les CRA relève de l’OFII et non des associations, qui sont juge et partie ». Enfin, le ministre de l’Intérieur souhaite que les préfets « fassent systématiquement appel de la libération d’un CRA, même si cet appel n’est pas suspensif ». Des annonces qui ouvrent la voie à la suppression de tout droit de recours pour contester la rétention et à des coupes dans les subventions aux associations. Ces associations, comme France Terre d’Asile ou la Cimade, qui informent les migrants de leurs droits et permettent de faire des recours juridiques pour freiner et parfois bloquer le rouleau compresseur de l’Etat qui écrase les migrants. Elles documentent également la violence et le racisme d’Etat qui se déchaînent à l’abri des murs des centres de rétention.

Pour légitimer sa nouvelle offensive, le ministre de l’Intérieur s’appuie sur l’instrumentalisation raciste du meurtre de Philipinne, prétexte d’une vaste campagne pour un durcissement de la législation anti-migrants. À l’occasion de cette cabale ultra-réactionnaire, dont toute la droite et l’extrême-droite s’est saisie, Les Républicains avaient déjà proposé d’allonger la durée maximale de rétention en CRA à 135 jours voire 210. Un vœu bientôt exaucé par l’ancien sénateur LR.

Le nouveau ministre de l’Intérieur peut également s’appuyer sur le durcissement de la législation européenne en matière migratoire, à l’image du Pacte asile et immigration adopté en avril dernier. « La directive européenne fixe un délai de six mois, c’est-à-dire 180 jours, qui peut être prolongé de 12 mois », note ainsi le ministre pour justifier ses nouvelles attaques. Sur TF1, Retailleau a évoqué l’idée d’inscrire ses ambitions racistes au plan européen en alliance avec « un maximum de gouvernements, y compris de gauche », faisant référence au gouvernement allemand d’Olaf Scholz, à l’avant-garde des attaques contre les migrants à l’échelle européenne.

Face à ce programme qui laisse présager un saut dans l’enfer que vivent déjà les étrangers détenus en CRA, il faut revendiquer la fin des CRA et de la traque contre les migrants. Les frontières des capitalistes ne servent qu’à justifier plus de répression et à exploiter de manière toujours plus immonde les sans-papier. Ces attaques racistes ne sont pas un supplément d’âme des attaques anti-sociales du gouvernement Macron-Barnier-Le Pen, mais une conséquence logique. Les campagnes racistes qui pointent les migrants comme l’origine de tous les problèmes créés par les capitalistes, ne servent qu’à diviser les travailleurs selon leur nationalité, leur statut administratif. Elles permettent aussi de justifier l’explosion de l’arsenal répressif que l’Etat utilisera ensuite contre tout type de mobilisation. 

Le mouvement ouvrier doit lutter pour une liberté totale de circulation et d’installation et pour une unité sans faille de tous les travailleurs, avec ou sans papier !

Révolution Permanente

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