mardi 8 octobre 2024

Netanyahou, le CRIF, le RN et Patrick Hetzel

Antoine Manessis

Emmanuel Macron s’est dit, samedi 5 octobre, favorable à un arrêt des livraisons d’armes à Israël qui sont utilisées dans le conflit dans la bande de Gaza. "Je pense qu’aujourd’hui, la priorité, c’est qu’on revienne à une solution politique, qu’on cesse de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza". Il a rajouté un peu plus tard "Si on appelle à un cessez-le-feu, la cohérence, c’est de ne pas fournir les armes de la guerre." 

Faut-il saluer cette prise de position ? Comment ne pas le faire puisque nous la réclamions depuis un an. Mais comment ne pas déplorer qu'il ait fallu un an au président de la République française pour le comprendre ? Pour que le bons sens le plus élémentaire trouve une place dans le discours du chef de l'Etat, il a fallu un an de processus génocidaire contre les Palestiniens. Il a fallu Gaza et ses dizaines de milliers de morts, enfants, femmes et hommes, résistants ou civils. Il a fallu les massacres et la colonisation accélérée de la Cisjordanie. Il a fallu les milliers assassinats ciblés contre des dirigeants palestiniens ou libanais.  Il a fallu l'agression contre un Etat souverain, le Liban. Il a fallu les provocations meurtrières contre l'Etat souverain d'Iran.

Ca fait beaucoup. C'est long. Mais cela a suffit pour que Benyamin Nétanyahou éructe "Honte!" à l’adresse du président français et des autres Occidentaux appelant à des embargos d’armes contre Israël. Le Premier ministre fasciste d'Israël ne s'embarrasse pas de nuances mais au contraire il met bas les masques en déclarant : "Alors qu’Israël combat les forces de la barbarie dirigées par l’Iran, tous les pays civilisés devraient se tenir fermement aux côtés d’Israël".

Nous voilà donc réduit à une guerre des civilisations ou plus exactement une guerre entre la civilisation et la barbarie. Une vision qu'on imagine avoir été celle de Francisco Pizarro, de George Custer, de Lothar von Trotha, du roi Leopold II, de Jacques Massu, d'Adolf Eichmann et de toute cette engeance produite par le colonialisme et l'impérialisme.

La civilisation de Nétanyahou c'est donc génocider les "animaux humains" palestiniens, massacrer, bombarder, assassiner. C'est coloniser, occuper, piller, tuer. 

On connait cela qui nous fut vendue par les classes dirigeantes françaises comme la "mission civilisatrice" de la France, de la République et de son universalisme.

Il se trouve que nous ne marchons pas dans ces pratiques et ses discours qui justifient l'injustifiable. Et qui furent en à peine moins grossier ceux de Macron et de sa clique qui appelait, il y un an, à une coalition internationale contre le Hamas et qui interdisait les manifestations de solidarité avec la Palestine pendant que sa présidente de l'Assemblée nationale campait à Tel-Aviv et exprimait son soutien inconditionnel à Israël.

Il se trouve d'ailleurs que Macron, incohérent comme toujours, veut faire interdire les manifestations de solidarité avec le peuple palestinien dans les universités et que son ministre de l'enseignement supérieur Patrick Hetzel, a mis en garde les présidents d'université avec une circulaire afin qu'ils veillent "au maintien de l’ordre public face à d’éventuelles mobilisations en faveur de la Palestine", ces manifestations iraient  "à l’encontre des principes de neutralité et de laïcité" des universités. Même le Conseil d’État a déjà souligné que les usagers de l’enseignement supérieur disposent de la "liberté d’expression à l’égard des problèmes politiques", une base des libertés académiques. 

En fait Hetzel et son gouvernement Barnier-Macron-Le Pen n’a qu’un seul but : intimider et criminaliser les soutiens aux Palestiniens pour freiner les mobilisations. Fort heureusement ces mobilisations ne se sont pas laisser terroriser par les matraques et les amendes et l'opinion a résisté à la campagne massive en faveur du colonialisme israélien et s'est même retourné en faveur des Palestiniens et des Libanais depuis l'agression dont ils sont victimes.

Saluons une fois de plus Jean Luc Mélenchon "C’est un abus de pouvoir", a-t-il dénoncé. Le ministre "dit que comme l’université est laïque, il ne faut pas parler de Gaza mais parler de géopolitique n’est pas attentatoire à la laïcité. Je demande à la jeunesse étudiante de s’insoumettre, de ne pas accepter cet interdit ; à l’université, on parle d’adultes majeurs citoyens […] donc ils disent ce qu’ils veulent, parce qu’on est dans un pays libre. Alors je recommande qu’à partir du 8 octobre on mette des drapeaux palestiniens partout où on peut, de manière que cette personne n’ait pas le dernier mot".

Et, tenez-vous bien, il se trouve des individus pour dire que c'est Mélenchon qui tient "des propos dangereux, qui risquent d’importer ce conflit au sein de nos campus" ! Ce n'est pas la circulaire liberticide d'Hetzel qui est dangereuse c'est la riposte démocratique et internationaliste de Mélenchon...On aura eu droit à tout.

Au fait le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) a "vivement déploré les propos du chef de l’Etat ; appeler à priver Israël d’armes, ce n’est pas faire le jeu de la paix, cela revient à faire le jeu du Hamas et du Hezbollah ! et les néofascistes du RN a dénoncé la nouvelle position française comme  irresponsable et criminel alors que l’Etat d’Israël est attaqué de tous côtés, Macron veut le désarmer". 

Qui se ressemble s'assemble.

Antoine Manessis

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