jeudi 9 avril 2009

« Être un parti populaire », selon l’UMP

Par Jean Dornac

Si vous avez l’occasion et la patience, voire le courage d’écouter le secrétaire général de l’UMP vous serez, comme moi, frappés d’entendre cet homme répéter à l’envi que son parti est « un parti populaire ». En l’observant, je constate que le personnage est plutôt « bonhomme », donc a priori sympathique, si on oublie les idées qu’il représente.

Il n’empêche, je reste à chaque fois quelque peu interloqué de l’entendre prononcer le sigle UMP accolé si souvent (trop souvent !) au terme « populaire ». Je peux faire ce que je veux, mais pour moi, ce sigle et ce terme sont antinomiques au possible. Un peu comme le jour et la nuit. Pourtant, Xavier Bertrand a vraiment l’air d’y croire. Ou alors, autre hypothèse, il y croit si peu qu’il se sent forcé de répéter sans cesse que son parti est populaire.

Pour tout dire, personnellement, je n’y crois pas. À commencer par son chef, Nicolas Sarkozy dont a vu depuis bientôt deux ans son besoin de jouer au « people » avec force dépenses à la clef. Vous avez dit « populaire » ?

Ce jour (8 avril 09), ce qu’a dit un député « populaire » montre que bien des élus de ce parti du Président sont surtout contaminés par le mépris envers le peuple, le petit peuple, ce mépris affiché par leur chef depuis son élection. Faut-il rappeler son « casse-toi, pauvre con ! ». Si l’expression est, péjorativement, très populaire, elle marque surtout un mépris humiliant envers un citoyen qui n’avait pas envie de prendre la main présidentielle dans la sienne.

Aujourd’hui donc, prenant exemple sur l’illustre figure, le député Alain Destrem, élu du XVème arrondissement, a dû complètement oublier qu’il appartenait à « un parti populaire ». Sans doute encore choqué, bouleversé, mentalement tourmenté par la demande de pardon exprimée au Sénégal par Ségolène Royal dont je parlais hier, ici même (voir Nouveau « dogme » présidentiel ?), voilà ce que cet élu a dit :
« Ségolène Royal en boubou me rappelle ma femme de ménage » !

Voilà une façon bien étrange d’exprimer le côté « populaire » de son parti ! Car, enfin, ce monsieur n’exprime pas moins de quatre mépris évidents :
- Le mépris des femmes de ménage ! Cela concerne à peu près toutes les femmes, partout dans le monde. Cette phrase n’est pas populaire, c’est du machisme de bas étage ! Faisant le ménage de mon petit chez moi, bien qu’étant un homme, je me sens quelque peu visé aussi… On suppose que chez lui, soit, s’il est marié et que sa femme fait le ménage, il la méprise comme les autres ; soit il paye les services d’une femme de ménage (ce que sa phrase semble affirmer), « petit » personnel bien pratique pour ne pas s’abaisser au misérable rang du peuple. Vous avez dit « parti populaire » ?
- Plus fondamentalement, il s’agit aussi d’une attaque contre toutes les femmes. Je doute, personnellement, qu’avec une telle mentalité, cet élu soit pour l’égalité des droits entre les femmes et les hommes. Et je ne parle même pas de l’éventuelle horreur que doit représenter pour lui le « quota » de mixité obligatoire pour les postes d’élus…
- Ce qu’il a dit marque également un mépris cinglant envers les Sénégalaises qui s’habillent avec des vêtements traditionnels. Où va se nicher le complexe de supériorité de certains élus « populaires » de droite ? Ayant fait mon service militaire obligatoire au Sénégal, au début des années 70, je peux témoigner de l’élégance de ces femmes, de leur grande dignité. Et, me souvenant d’elles, je ne peux qu’être blessé par les dires de cet élu qui, ô joie, ne me représente pas au Parlement !
- Enfin, au-delà des Sénégalaises, c’est un nouveau mépris affiché, après celui de Nicolas Sarkozy, contre toute l’Afrique. Décidément, l’UMP qui se veut « populaire » est loin du compte.

N’est pas populaire qui veut ! Il faut un minimum d’éducation pour cela et surtout de la « bonne éducation ». Or, avouons-le, on est loin du compte !

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