vendredi 26 juin 2009

Alan Garcia : coup de reins du néolibéralisme

par Carlos Iaquinandi Castro

Antécédents du conflit

Alan Garcia
En réalité, le processus qui a mené aux affrontements prend son origine dans la décision du gouvernement péruvien de signer le TLC (Traité de Libre Commerce) avec le gouvernement nord-américain, malgré la forte opposition de divers secteurs productifs du pays qui redoutent les conséquences de ce pacte. Ensuite Alan Garcia a sollicité au Congrès la permission de légiférer (Émettre des décrets pour mettre en œuvre le TLC). En août et septembre de l’année passée, l’Association Inter-ethnique de Développement de la Forêt Péruvienne – AIDESEP – qui regroupe 1350 communautés locales, a entamé une mobilisation pour dénoncer les mesures officielles qui « ouvriraient le voie à l’exploitation des territoires amazoniens » et a organisé les premières mobilisations. Malgré les demandes de dialogue, les promesses du Congrès de former des commissions spéciales ont été réitérées mais jamais concrétisées. En avril passé, les communautés indigènes amazoniennes se sont déclarées en état d’alerte à l’égard de certains décrets qui, selon elles, font courir un risque aux régions naturelles où elles sont implantées et ouvrent la voie aux multinationales de la filière bois, des mines,…

Le Comité de Lutte Provinciale Condorcanqui-Amazone a publié à la mi-mai une « lettre ouverte au gouvernement central » qui stipule dans un de ses paragraphes : « La forêt amazonienne fait partie de notre existence et de notre développement, nous y construisons notre Bien Vivre : c’est notre garde-manger, notre champ de production, notre bibliothèque, notre pharmacie, notre banque de semences et d’élevage, notre école. En résumé, c’est notre sens et notre conception du monde en tant que Peuple Indigène. Et maintenant, elle est menacée parce que les décrets dont nous demandons l’abolition sont faits de telle sorte qu’ils assurent aux concessions minières et pétrolières de pouvoir aller toujours plus en avant en détruisant une partie de la forêt et en contaminant les sources d’eau. Pour cette raison notre lutte fait partie de la défense de la survie de l’humanité, maintenant que la planète est en crise de changement climatique ». Plus loin le même document proposait au gouvernement d’Alan Garcia qu’il humanise ses politiques « en mettant à l’avant-plan les droits humains et les droits collectifs des Peuples Indigènes, devant les intérêts privés de petits groupes de pouvoir économique dont le seul désir est de maximiser ses bénéfices à tout prix ».

Le Président a affirmé que « 400.000 indigènes ne peuvent décider des ressources qui appartiennent à des millions de péruviens ». Et il a ajouté qu’abolir le décret 1090 « porterait atteinte » à l’accord signé avec les Etats-Unis. Le fait que Alan Garcia se retranche derrière le Traité de Libre Commerce signé avec les Etats-Unis pour justifier ses décrets qui font courir un risque aux ressources naturelles de l’Amazonie a mis le feu aux protestations d’amples secteurs sociaux péruviens. Le mois passé, deux avocats des mouvements qui défendent le milieu ambiant et les ressources naturelles dans la province amazonienne de San Martin ont obtenu un inespéré jugement de la Cour Constitutionnelle qui a suspendu les travaux d’exploration pétrolière d’une entreprise multinationale.

La concession d’exploitation pétrolière dans cette région qui a les dimensions de Puerto Rico appartient à un consortium transnational, formé par la compagnie canadienne Talisman Energy, actionnaire majoritaire avec 40% ; l’espagnole Repsol et la brésilienne Petrobras détiennent 30% chacune. L’Amazonie est une des zones où l’on trouve le plus de diversité biologique sur la planète. Et plus de 70% de cette superficie est divisée en concessions attribuées pour des explorations et des exploitations pétrolifères et gazières. Il y a au Pérou approximativement une centaine de compagnies minières et d’extraction, et 600 projets.

En mai également, des milliers de mineurs artisanaux ont pris diverses routes du pays et ont paralysé les avenues de Lima. La mobilisation se fit sur le refus du Décret Suprême 005-2009 qui criminalisait l’activité des mineurs artisanaux. Ceux-ci ont dénoncé le décret comme étant une des lois promues pour les multinationales et également liées aux exigences du TLC signé avec les États-Unis. Le gouvernement a demandé une « trêve » et la levée des mesures. Le groupement national qui regroupe les manifestants a donné un délai de 30 jours au gouvernement pour changer ces lois.

D’un autre côté, la vigilance et les mobilisations pacifiques des populations amazoniennes se sont prolongées pendant plus de 50 jours. Durant cette période, les communautés ont bloqué des routes et réclamé avec insistance que le gouvernement réalise ses promesses d’étudier l’abrogation de quelques-uns des décrets rejetés car nuisibles pour l’environnement naturel des peuples indigènes.

Les lettres et les messages au Congrès n’ont pas reçu de réponse effective. Les réclamations contenaient des arguments mais aussi des raisons légales. Les communautés ont dénoncé la non-exécution de la convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail, qui a été ratifiée par le Pérou et qui impose de consulter les peuples indigènes pour toute législation ou décision gouvernementale qui pourrait affecter leurs intérêts. Quelques législateurs ont même qualifié les décrets approuvés par Alan Garcia d’inconstitutionnels. Ces congressistes ont affirmé que les décrets en question favorisent l’ « étrangérisation » des terres et de leurs ressources.

Au cours de ces presque 9 semaines, il n’y a rien eu de plus que des demandes de délais et aucun geste effectif du gouvernement face aux demandes des indigènes qui continuaient pacifiquement à espérer être écoutées.

Le gouvernement ordonne la répression

Vendredi passé, le 5, sur ordre du gouvernement, quelques 600 membres de la DINOES (Direction Nationale des Opérations Spéciales) – fortement équipés – sont intervenus à 5 heures du matin contre des milliers de membres des communautés indigènes qui barraient la route panaméricaine dans la zone dénommée Virage du Diable, à proximité du village de Bagua. Au cours de ces opérations, on a utilisé aussi des tanks et l’appui d’un hélicoptère duquel – selon ce qu’ont relaté des dirigeants indigènes et des habitants – ont été tirés des coups de feu contre les manifestants. Ces derniers, comme on peut le constater sur les photos et les séquences filmées, étaient dans leur grande majorité armés de lances et de flèches.

L’affrontement fut violent et laissa au début 15 indigènes et 7 policiers morts. Mais d’autres évènements, comme la séquestration d’un groupe d’une trentaine de policiers par des centaines d’indigènes, ont débouché sur de nouveaux affrontements. Les chiffres officiels et ceux que fournissent les communautés indigènes sont très différents. Tous admettent qu’il y a plus de 50 morts, bien que tous les corps n’aient pas été retrouvés. Le gouvernement a décrété le couvre-feu dans les provinces de Bagua et Utcubamba.

Certaines communautés ont dénoncé le fait que les forces spéciales ont emporté les cadavres et même des blessés qui étaient dans les hôpitaux des localités proches. Certains indigènes ont disparu et pourraient avoir fait l’objet de transferts extrajudiciaires vers la Base Militaire « El Milagro », proche de Bagua.

Il est difficile de trouver des chiffres fiables, mais il y a au moins 169 blessés et des dizaines de détenus. Amnesty estime qu’il y a 79 détenus dont on ne sait pas quel traitement ils reçoivent, ni quelle charge leur est reprochée, ni s’ils bénéficient d'une assistance médicale ou d’un avocat. La même organisation internationale indique qu’elle dispose d’informations sur « l’usage excessif de la force par la police et de cas d’agents séquestrés et tués par des membres des communautés indigènes ». Pendant ce temps, Alberto Pizango, leader de l’Association Inter-ethnique qui représente 1350 communautés amazoniennes, a demandé et obtenu l’asile politique à l’ambassade du Nicaragua à Lima. Plusieurs dirigeants des communautés indigènes sont recherchés par la police et se trouvent dans la clandestinité. La région a été militarisée, y compris des zones qui ont été fermées et interdites à la presse ou aux représentants des organisations des Droits de l’Homme.

Condamnation du massacre

Amazonnie péruvienne - photo Joel Takv
Diverses organisations sociales, comme la Confédération Générale des Travailleurs du Pérou, ont exprimé leur rejet de l’intervention policière et ont condamné ce qu’elles ont appelé « une tuerie ordonnée par le gouvernement du président Alan Garcia ». Divers mouvements, syndicats et courants politiques divers exigent du Congrès de la République l’abrogation immédiate des décrets qualifiés d’ « inconstitutionnels » et réclament que le dialogue soit rétabli. Le président a dit qu’il était indispensable de « rétablir l’ordre dans cette zone » et, en tout cas au début, il a insisté sur le fait que la Loi sur la Forêt et les autres décrets qui ouvrent l’Amazonie à l’exploitation par les transnationales ne seraient pas modifiés.

Le gouvernement a essayé de contrecarrer la contestation avec une vidéo publicitaire qui rappelle ceux de la dictature militaire des années 70. On y proclame, avec des images de violence et une voix solennelle, que les indigènes « sont subversifs et vont à l’encontre des intérêts de la majorité des péruviens ». « C’est ainsi qu’agit l’extrémisme contre le Pérou » est la phrase finale, tandis que l’on voit l’image de policiers tués pendant les affrontements. Le commentateur définit les amazoniens comme des « sauvages », « assassins féroces » et « extrémistes » qui suivent des « consignes venues de l’étranger » pour « empêcher le développement du Pérou » et empêcher que le pays « profite de son pétrole ». Ce commentaire soutient qu’il n’y a pas eu de répression policière, ni d’affrontements, mais seulement un « assassinat sauvage de simples policiers ». La propagande officielle, régulièrement diffusée par les médias publics et privés, a généré de nombreuses protestations, non seulement des communautés amazoniennes, mais aussi de diverses organisations de la société civile. Elle fut même le détonateur de la démission de la Ministre de la Femme et du Développement Humain, Carmen Vildoso, qui n’a pas caché ses désaccords avec les méthodes répressives utilisées par Alan Garcia dans le conflit amazonien et a immédiatement communiqué sa démission du gouvernement.

Pour sa part, Miguel Jugo, directeur de l’Association Pour les Droits Humains (APRODEH) a affirmé que le gouvernement péruvien a la plus grande responsabilité dans les évènements du vendredi 5 juin à Bagua. Il a dit que le Premier Ministre Yehude Simon et la Ministre de l’Intérieur, Mercedes Cabanillas, devraient renoncer à leur fonction comme l’a fait Carmen Vildoso, pour « calmer le jeu ». Il a défini la répression ordonnée par l’Exécutif comme pouvant être qualifiée d’ « intention génocidaire et attitude dictatoriale et criminelle ».

Et il a ajouté : « mais au-delà de la qualification technique juridique, on trouve ici un mépris pour la vie humaine ». Ensuite il a affirmé que l’attitude du gouvernement n’est pas seulement contre « les communautés indigènes amazoniennes ou les civils, mais aussi contre les policiers eux-mêmes », en les « amenant dans une zone qu’ils ne connaissent pas, même s’ils sont armés, contre des milliers de personnes qui y sont et qui évidemment réagissent et n’ont pas peur des balles et des bombes, car ils sont dans leur habitat et défendent leurs droits même au prix de leur vie », a-t-il ajouté. Le défenseur des Droits de l’Homme a exhorté le gouvernement à suspendre de façon immédiate les décrets qui permettent la privatisation des terres amazoniennes et que rejettent les communautés natives de la région et il a conclu en affirmant : « la situation reste tendue, il n’y a toujours pas de résolution claire sur ce qui va se passer avec les décrets législatifs, je crois que c’est cela qui est au centre de la contestation et au centre du problème », a déclaré Jugo.

Climat de tension et de contestation

Les graves évènements de Bagua ont ému et indigné la société péruvienne et semblent déboucher sur la possibilité de formation au Pérou d’un front populaire contre les mesures libérales et les actions répressives du gouvernement d’Alan Garcia. Les communautés maintiennent leur mobilisation et bloquent les routes. Elles ont reçu le soutien et des marques de solidarité de diverses organisation sociales, tant péruviennes que des pays voisins.

Les peuples indigènes de la Forêt Centrale (Ashaninka, Asheninka, Yine, Yanesha, Kakinte, Nomatsiguenga et Matsiguenga) et les Peuples Andins et les organisations Sociales de la Forêt Centrale, ont rendu le gouvernement d’Alan Garcia responsable des évènements. Dans un long document, ils rappellent qu’« il a porté atteinte à l’ordre constitutionnel en faisant approuver une série de normes qui violent les traités internationaux avec pour seule fin de nous déposséder de nos territoires ancestraux et d’offrir les ressources naturelles aux transnationales ». Ils lui reprochent aussi d’avoir passé sous silence, dans les médias de communication, la voix indigène dans la défense de ses territoires et des ressources naturelles comme les bois, l’eau et la vie. Ils l’ont également accusé « d’avoir refusé le dialogue expressément et largement espéré par notre organisation représentative AIDESEP, et au contraire d’avoir déclaré l’état d’urgence en suspendant les libertés personnelles et les droits politiques dans les régions où se développait la contestation indigène ». Plus loin, et se référant toujours au gouvernement d’Alan Garcia, le document affirme : « ce qui est devenu évident au cours de ces 55 jours de « grève amazonienne », c’est que votre option est la défense des intérêts pétrolifères et miniers transnationaux contre ceux de notre pays et des droits de nos peuples, même si cela a signifié provoquer un massacre avec effusion de sang d’innocents et morts de policiers et de frères indigènes qui ne faisaient rien d’autre que de défendre héroïquement et pacifiquement la vie de nos peuples face aux atteintes contenues dans les normes institutionnelles de ce gouvernement qui maintenant est devenu assassin ». Ils rappellent plus loin d’autres cas similaires qui se sont produits durant le premier gouvernement d’Alan Garcia, comme le cas Accomarca, en 1985, où une patrouille de l’armée a assassiné 62 personnes, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées ; ou le cas des exécutions dans les prisons de El Fronton et Lurigancho, au cours desquelles 200 détenus ont perdu la vie par usage délibéré et excessif de la force contre des prisonniers mutinés, alors qu’ils s’étaient rendus. Ils exigent l’arrêt de la campagne du gouvernement et de certains médias de communication qui les identifient comme « terroristes ».

« Nous signalons-disent-ils- que nos actions se font pour la défense de notre vie et de notre dignité de peuple ». Ils concluent en exigeant l’abrogation des décrets législatifs qui leur portent atteinte et affirment que « la seule chose que produira ce gouvernement avec ses mesures répressives et ses assassinats sera de démultiplier notre lutte ». Ils déclarent que les peuples indigènes de la forêt centrale commenceront une journée de résistance permanente pour la défense de leur territoire ancestral.

De son côté, la Fédération Nationale des Mineurs Artisanaux du Pérou a décidé à l’unanimité une grève illimitée à partir du lundi 15 juin contre le décret officiel qui accorde des facilités aux entreprises transnationales. La Fédération, qui représente 300.000 mineurs, a également exprimé sa solidarité avec les indigènes de la région forestière.

Les derniers évènements

Pérou - Photo Nasa - source wikipédia
Pour les prochaines heures, il se prépare une grève générale de protestation dans la région amazonienne et des actions dans les principales villes du pays.

Au moment de conclure cet article, le gouvernement étudiait la possibilité de proposer au Congrès l’abrogation ou la modification de certains des décrets en question et d’adopter des mesures qui puissent détendre une situation sociale qui peut représenter un risque même pour la continuité de la gestion d’Alan Garcia.

Une grande majorité du peuple péruvien rejette la voie suivie par le gouvernement et la résistance au TLC, signé en janvier avec Bush (une de ses dernières « signatures » en tant que président des Etats-Unis), semble croître. A la lumière des évènements vécus ces deux derniers mois, d’autres secteurs de la société civile mettent en garde contre les risques qu’entraîne cet accord pour les intérêts des péruviens.

Pendant que Alan Garcia essaie de « vendre » la fable de la « modernisation », comme l’ont fait avant lui Sanchez de Losada en Bolivie ou Menem en Argentine, les gens perçoivent que le Pérou pourrait subir des dommages irréparables dans sa structure économique, sociale et productive et affecter gravement ses terres, ses rivières et sa forêt. Des raisons suffisantes pour dire « assez » et freiner ce dernier spasme néolibéral sur le continent.

Traduit par Jean-Louis Seillier et révisé par Cédric Rutter pour Investig'Action.

Source d'origine : SERPAL

Source : http://www.michelcollon.info/


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Alan García: coletazo del neoliberalismo.

* Por Carlos Iaquinandi Castro, redacción de SERPAL


Antecedentes del conflicto

En realidad el proceso que dio origen a estos enfrentamientos, nace con la decisión del gobierno peruano de firmar el TLC ( Tratado de Libre Comercio ) con el gobierno norteamericano a pesar de la fuerte oposición de diversos sectores productivos del país que temen por las consecuencias del pacto. Luego, Alan García solicitó al Congreso permiso para legislar ( emitir decretos para implementar el TLC). En agosto y setiembre del año pasado, la Asociación Interétnica de Desarrollo de la Selva Peruana -AIDESEP -que agrupa a 1350 comunidades nativas, inicia una movilización denunciando medidas oficiales que “abrirían las puertas a la explotación de los territorios amazónicos” y dispone las primeras movilizaciones. A pesar de los pedidos de diálogo, en el Congreso las promesas de formar comisiones especiales se reiteran pero no llegan a concretarse. Y en abril pasado, las comunidades indígenas amazónicas, se declaran en estado de alerta ante algunos decretos que a su juicio, ponen en riesgo las regiones naturales donde están asentados y abren las puertas a las transnacionales madereras, mineras, etc.

El Comité de Lucha Provincial Condorcanqui – Amazonas, publica a mediados de mayo una “carta abierta al gobierno central” que en uno de sus párrafos expone: “ El bosque amazónico es parte de nuestra existencia y desarrollo, ahí construimos nuestro Buen Vivir: es nuestra despensa, nuestro campo productivo, nuestra biblioteca, nuestra farmacia, nuestro banco de semillas y de crianzas, nuestra escuela. En resumen es nuestro sentido y cosmovisión como Pueblo Indígena. Y ahora está amenazada porque los decretos que demandamos su derogatoria están hechos de tal modo que asegurarán que las concesiones mineras y petroleras sigan adelante, destruyan parte del bosque y contaminen las fuentes de agua. Por eso nuestra lucha forma parte de la defensa de la supervivencia de la humanidad ahora que el planeta está en crisis de cambio climático.” Más adelante, el mismo documento planteaba al gobierno de Alan García que humanizara sus políticas “anteponiendo los derechos humanos y los derechos colectivos de los Pueblos Indígenas, antes que los intereses privados de pequeños grupos de poder económico cuyo único afán es maximizar sus ganancias a todo costo.”

El presidente afirmó que "400.000 indígenas no pueden decidir sobre recursos que pertenecen a millones de peruanos". Y añadió que derogar el decreto 1090 "atentaría" contra el acuerdo firmado con Estados Unidos. El hecho de que Alan García se ampare en el Tratado de Libre Comercio firmado con Estados Unidos para justificar sus decretos que ponen en riesgo los recursos naturales de la Amazonia, ha encendido los reclamos de amplios sectores sociales peruanos. El mes pasado, dos abogados de los movimientos que defienden el medio ambiente y los recursos naturales en la provincia amazónica de San Martín, lograron un inesperado fallo de la Corte Constitucional que suspendió tareas de exploración petrolera por una empresa transnacional.

La concesión de explotación petrolera en la región que tiene el tamaño de Puerto Rico, le pertenece a un consorcio transnacional, conformado por la compañía canadiense Talisman Energy, que cuenta con la mayoría accionaria con el 40% ; la española Repsol y la brasileña Petrobras tienen 30% cada una. La Amazonia es una de las áreas de mayor diversidad biológica en el planeta. Y más del 70% de esa superficie está dividida en concesiones otorgadas para exploraciones y explotaciones petrolíferas y gasíferas. Hay en Perú aproximadamente un centenar de compañías mineras y extractivas y 600 proyectos.

También en mayo, miles de mineros artesanales tomaron varias carreteras del país y paralizaron las avenidas de Lima. La movilización fue en rechazo del Decreto Supremo 005-2009 donde se criminalizaba la actividad de los mineros artesanales. Estos denunciaron el decreto como una de las leyes promovidas por las transnacionales, y vinculadas también con las exigencias del TLC firmado con Estados Unidos. El gobierno pidió una "tregua" y el levantamiento de las medidas. La organización nacional que les agrupa, dió un plazo de 30 dias al gobierno para que rectificar esas leyes.

Por su parte, la vigilia y las movilizaciones pacíficas de los pobladores amazónicos se prolongaron durante más de 50 dias. En su transcurso las comunidades hicieron bloqueos de carreteras y reclamaron insistentemente que el gobierno cumpliera sus compromisos de estudiar la derogación de algunos de los decretos objetados por ser lesivos al entorno natural de los pueblos indígenas.

Las cartas y mensajes al Congreso no tuvieron una respuesta efectiva. Los reclamos estaban cargados de argumentos, pero también de razones legales. Las comunidades denunciaban el incumplimiento del convenio 169 de la Organización Internacional del Trabajo, que oportunamente fuera ratificado por Perú y que obliga a consultar con los pueblos indígenas cualquier legislación o decisión gubernamental que afecte sus intereses. Incluso algunos legisladores peruanos calificaron de inconstitucionales los decretos aprobados por Alan García. Esos congresistas afirmaron que los decretos favorecen la "extranjerización" de la tierra y de sus recursos.

En el transcurso de esas casi nueve semanas, no hubo más que dilaciones y ningún gesto efectivo del gobierno hacia las demandas indígenas que pacíficamente seguían esperando ser escuchados.

El gobierno ordena reprimir

El pasado viernes 5, cumpliendo órdenes del gobierno, unos 600 efectivos de la DINOES (Dirección Nacional de Operativos Especiales) - fuertemente pertrechados -intervinieron a las cinco de la madrugada contra miles de miembros de las comunidades indígenas que cortaban la carretera panamericana en la zona conocida como Curva del Diablo en proximidades de la población de Bagua. En las operaciones se utilizaron también tanquetas y el apoyo de un helicóptero, desde el cual -según relataron dirigentes indígenas y pobladores - se hicieron disparos contra los manifestantes. Estos, como se advierte en las fotos y en las secuencias filmadas, estaban en su mayoría armados con lanzas y flechas.

La confrontación fue violenta, e inicialmente dejó un saldo de 15 indígenas y 7 policías muertos. Pero otros sucesos, como el secuestro de un grupo de una treintena de policías por cientos de indígenas derivaron en nuevos enfrentamientos. Las cifras oficiales y las que manejan las comunidades indígenas son muy diferentes. Todos admiten que los muertos superarían el medio centenar, aunque no todos los cuerpos han aparecido. El gobierno decretó el toque de queda en las provincias de Bagua y Utcubamba.

Hay comunidades que han denunciado que fuerzas especiales han retirado cadáveres e incluso se han llevado heridos que estaban en los hospitales de las localidades próximas. Hay indígenas desaparecidos que podrían haber sido víctimas de traslados extrajudiciales a la Base Militar “El Milagro”, próxima a Bagua.

Es difícil encontrar cifras fiables, pero hay al menos 169 heridos, y decenas de detenidos. Amnistía estima que hay 79 detenidos que no se sabe que trato están recibiendo, que cargos se les imputan y si tienen asistencia médica o letrada. La misma organización internacional indica que dispone informes "del uso excesivo de la fuerza por la policía y de casos de agentes secuestrados y muertos por miembros de las comunidades indígenas." Mientras tanto, Alberto Pizango, líder de la Asociación Interétnica que representa a 1.350 comunidades amazónicas, pidió y obtuvo asilo político en la embajada de Nicaragua en Lima. Varios de los dirigentes de las comunidades indígenas son buscados por la policía y actúan en la clandestinidad. La región ha sido militarizada, incluso hay áreas que han sido cercadas y vedadas a la prensa o a representantes de organismos de derechos humanos.

Condenan la masacre

Diversas organizaciones sociales, como la Confederación General de Trabajadores del Perú, expresaron su rechazo a la intervención policial, y condenaron lo que califican de “matanza ordenada por el gobierno del presidente Alan García”. Desde movimientos, sindicatos y diversas corrientes políticas se exige al Congreso de la República, la derogación inmediata de los decretos que califican de inconstitucionales” y reclaman que se retome el diálogo. El presidente dice que era imprescindible “restituir el orden en la zona”, y al menos en principio, insistió en que no se modificarán ni la Ley Forestal ni otros decretos que abren la Amazonia a la explotación de las transnacionales.

El gobierno ha intentado contrarrestar las protestas con un video publicitario que recuerda a los de las dictaduras militares de los años 70. Allí, con imágenes de violencia y locución solemne, se proclama que los indígenas "son subversivos y van contra los intereses de la mayoría de los peruanos." “Así actúa el extremismo contra Perú” es la frase inicial, mientras muestra la imagen de los policías muertos en los enfrentamientos. El locutor define a los nativos amazónicos como “salvajes”, “asesinos feroces” y “extremistas” que siguen “consignas internacionales” para “detener el desarrollo del Perú” e impedir que el país “disfrute de su petróleo”. Este aviso sostiene que no hubo represión policial ni enfrentamiento, sino un “asesinato salvaje de policías humildes”. La propaganda oficial, reiteradamente difundida por los medios públicos y privados, generó numerosas protestas, no solo de las comunidades amazónicas, sino de diversas organizaciones de la sociedad civil. Incluso, fue el detonante para la renuncia de la Ministra de la Mujer y Desarrollo Humano, Carmen Vildoso, quien no ocultó sus diferencias con los métodos represivos con los que Alan García afrontó el conflicto amazónico y comunicó su inmediato abandono del gobierno.

Por su parte, Miguel Jugo, director de la Asociación Pro Derechos Humanos ( APRODEH ) afirmó que el gobierno peruano tiene la mayor responsabilidad en los sucesos del viernes 5 de junio en Bagua. Dijo que el primer ministro Yehude Simon y la ministra del interior, Mercedes Cabanillas deberían renunciar a sus carteras como lo hizo Carmen Vildoso, para "ir calmando las aguas". Definió que la represión ordenada por el Ejecutivo, podía calificarse "como una intención genocida y una actitud dictatorial y criminal".
Y añadió: "pero mas allá de la calificación técnica jurídica, acá hay un desprecio por la vida de las personas". Seguidamente afirmó que la actitud gubernamental no es sólo contra “las comunidades indígenas amazónicas o de los civiles, sino de los propios policías”. “Llevarlos a una zona que no conocen, aunque ellos pueden estar armados, pero hay miles de personas que están allí y que obviamente reaccionan y no tienen miedo a las balas y las bombas, que están en su hábitat y defienden sus derechos hasta con la vida”, agregó. El defensor de los DD.HH exhortó al gobierno a suspender de forma inmediata los decretos que permiten la privatización de las tierras amazónicas que son rechazados por las comunidades originarias. Y concluyó afirmando : " la situación sigue siendo tensa, todavía no hay una resolución clara de lo que va a pasar con los decretos legislativos, creo que ese es el centro de las protestas y el centro del problema”, manifestó Jugo.

Clima de tensión y protesta

Los graves sucesos en Bagua, han conmovido e indignado a la sociedad peruana y parecen derivar en la posibilidad de que se conforme en Perú un frente popular contra las medidas neoliberales y las acciones represivas del gobierno de Alan García. Las comunidades mantienen su movilización y bloquean carreteras. Han recibido respaldo y solidaridad de diversas organizaciones sociales, tanto peruanas como de los países vecinos.

Los pueblos indígenas de la Selva Central: (Ashaninka, Asheninka, Yine, Yanesha, Kakinte, Nomatsiguenga y Matsiguenga ) y los Pueblos Andinos y Organizaciones Sociales de la Selva Central, responsabilizaron de los sucesos al gobierno de Alan García. En un extenso documento recuerdan que "vulneró el orden constitucional al aprobar una serie de normas que incluso violan tratados internacionales con el claro fin de despojarnos de nuestros territorios ancestrales y entregar los recursos naturales a las transnacionales." Le reprochan también haber silenciado en los medios de comunicación a la voz indígena en su defensa de sus territorios y de los recursos naturales como los bosques, las aguas y la vida. También le acusan "de haber negado de hecho el diálogo expresa y largamente esperado por nuestra organización representativa AIDESEP, y por el contrario declaró el estado de emergencia suspendiendo las libertades personales y los derechos poíticos en las regiones donde estaba la proesta indígena." Más adelante y refiriéndose siempre al gobierno de Alan García expresa el documento: "lo que sí hizo evidente a lo largo de estos 55 dias de paro amazónico es que su opción es por la defensa de intereses petrolíferos y mineros transnacionales en contra de los de nuestro país y de los derechos de nuestros pueblos, aunque ello le haya significado provocar la masacre con el derramamiento de sangre inocente y las muertes de policías y de hermanos indígenas que no hacían nada más que defender heroica y pacíficamente la vida de nuestros pueblos frente a los atentados contenidos en las normas institucionales de este gobierno que hoy se ha convertido en asesino". Recuerdan luego otros casos similares que se produjeron durante el primer gobierno de Alan García, como el caso Accomarca, en 1985, donde se produjo el asesinato de 62 comuneros incluyendo mujeres, ancianos y niños por una patrulla del ejército; o el el caso de las ejecuciones en los penales de El Frontón y Lurigancho en el que perdieron la vida más de 200 internos por el uso deliberado y excesivo de la fuerza contra reclusos amotinados, una vez rendidos. Exigen el cese de la campaña del gobierno y de algunos medios de comunicación donde se les identifica como "terroristas".

"Señalamos -dicen- que nuestras acciones son en defensa de nuestra vida y nuestra dignidad como pueblos". Concluyen exigiendo la derogación de los decretos legislativos que les afectan, y afirman que "lo único que logrará este gobierno con sus medidas represivas y sus asesinatos es multiplicar nuestra lucha". Comunican que los pueblos indígenas de la selva central iniciarán una jornada de resistencia permanente por la defensa de su territorio ancestral.

Por su parte, la Federación Nacional de Mineros Artesanales del Perú, decidió por unanimidad realizar un paro indefinido a partir del lunes 15 de junio contra el decreto oficial que otorga facilidades a las empresas transnacionales. La Federación que representa a 300.000 mineros, expresó también su solidaridad con los indígenas de la región selvática.

Los últimos acontecimientos

Para las próximas horas, se gestaba una huelga general de protesta en la región amazónica y actos en las principales ciudades del país.

Sobre el cierre de esta crónica, el gobierno estudiaba la posibilidad de tratar en el Congreso la derogación o modificación de algunos de los decretos cuestionados y adoptar medidas que pudieran descomprimir una situación social que puede poner en riesgo la propia continuidad de la gestión de Alan García.

Una gran mayoría del pueblo peruano rechaza el rumbo que lleva el gobierno, y parece crecer la resistencia al TLC firmado en enero pasado con Bush ( una de sus últimas "firmas" como presidente de los Estados Unidos ). A la luz de los acontecimientos que se han vivido en los dos últimos meses, otros sectores ciudadanos advierten los riesgos que entraña ese acuerdo para los intereses de los peruanos.

Mientras Alan García pretende "vender" la fábula de la "modernización" como ya lo hicieran antes Sánchez de Losada en Bolivia, o Menem en Argentina, la gente percibe que Perú puede sufrir daños irreparables en su estructura económica, social y productiva y afectar gravemente sus tierras, sus ríos y su selva. Motivos más que suficientes para decir basta y frenar este postrero espasmo neoliberal en el continente.

* Carlos Iaquinandi Castro, redacción de SERPAL, Servicio de Prensa Alternativa

http://www.serpal.info/news05/news.php?new=395

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