lundi 29 juin 2009

Heinrich Heine

Textes et oeuvres d'art sélectionnés par Cristina Castello
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Heinrich Heine, l’un des plus grands poètes allemands.

« Ce n'était qu'un prélude : là où l'on brûle les livres, on finit par brûler les hommes », c’est l’une de ses citations les plus connues. Après sa mort, parmi les livres brûlés par les nazis sur l'Opernplatz (Place de l'Opéra) de Berlin en 1933, se trouvaient ses ouvrages.

Il fut prophétique comme tous les poètes. D’origine juive et ami de Karl Marx, « armé » des mots, il a défendu la liberté aussi bien comme poète que comme journaliste. Sa destinée fut Paris : pour vivre et pour avoir sa dernière demeure.
Cristina Castello


Heinrich Heine
(Düsseldorf, 1797 - Paris, 1856)

© Sigmar Polke
« ...Tu disparaîtras, ton nom se perdra.
Le sort des poètes est très différent;
La mort ne les tue pas entièrement... »


« Questions »

Près de la mer, la mer nocturne et déserte,
Un jeune homme est debout,
Le cœur plein de chagrin, l'esprit plein de doute ;
Sombre et triste, il interroge les flots :
« Oh ! expliquez-moi l'énigme de la vie,
L'antique et douloureuse énigme,
Sur laquelle tant d'hommes se sont penchés :
Savants à calottes hiéroglyphiques,
Magiciens en turban et barrettes noires,
Têtes coiffées de perruques et mille autres
Pauvres fronts humains baignés de sueur.
Dites-moi, la vie humaine a-t-elle un sens ?
D'où vient l'homme ? Où va-t-il ?
Qui habite là-haut dans les étoiles d'or ? »
Les flots murmurent leur éternelle chanson,
Le vent souffle, et les nuages s'enfuient,
Les étoiles scintillent, indifférentes et froides,
Et un fou attend une réponse.


Quatre Poèmes d'après l'Intermezzo

1.
Tendrement enlacés, ma chère bien-aimée
Nous nous étions assis dans un esquif léger,
Et par le calme soir, nous nous laissions nager
Sur les moires d'une eau limpide et parfumée.

L'île mystérieuse ou vivent les esprits,
Dessinait vaguement ses formes anguleuses ;
Sous la lune flottaient des danses nébuleuses,
Et des sons sensuels d'instruments désappris

Et la ronde toujours resserrait sa spirale
Et les sons devenaient plus suaves toujours
Et pourtant nous voguions abandonnés au cours
De l'onde sans espoir sous la lueur astrale.

2.
Pourquoi vois-je pâlir la rose parfumée ?
Dis-moi, dis-moi, ma bien-aimée,
Dis-moi pourquoi !
Pourquoi, dans le gazon touffu, les violettes,
Si fraîches d'habitude, ont-elles aujourd'hui
Un air d'ennui ?
Pourquoi le chant des alouettes
Si nostalgiquement meurt-il par les chemins ?
Pourquoi s'exhale-t-il des bosquets de jasmins
La funéraire odeur qui sort des cassolettes ?
Pourquoi, semblable au feu suprême d'un flambeau
Qui s'éteint, le soleil à l'horizon sans borne
Jette-t-il un éclat moins ardent et moins beau ?
Pourquoi la terre entière est-elle grise et morne
Comme un tombeau ?
Pourquoi suis-je si las, si triste et si malade ?
Ma chère bien-aimée oh ! Dis-le, dis-le moi,
Si tu, trouves encore un mot qui persuade,
Dis-moi pourquoi tu m'as abandonné ?
Pourquoi ?

© Sigmar Polke
3.
Ceux qui, parmi les morts d'amour,
Ont péri par le suicide
Sont enterrés au carrefour
Là s'épanouit et réside

Une fleur bleue étrange fleur
Aussi rare que sa couleur
Aucun nom ne l'a désignée
C'est la fleur de l'âme damnée !

Pendant la nuit au carrefour
Je soupire dans le silence
Au clair de lune se balance
La fleur des damnés de l'amour !

4.
Depuis que nul rayon de tes yeux bien-aimés
N'arrive plus aux miens obstinément fermés,
Je suis enveloppé de ténèbres morales.
L'étoile de l'amour s'est éteinte pour moi
Plus de douce clarté, rien que l'ombre et l'effroi !
Un gouffre large ouvert me veut dans ses spirales
Nuit éternelle engloutis-moi !

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« Loreley »

Mon Cœur, pourquoi ces noirs présages ?
Je suis triste à mourir.
Une histoire des anciens âges
Hante mon Souvenir.
Là-haut, des nymphes la plus belle,
Assise, rêve encore ;
Sa main, où la bague étincelle,
Peigne ses cheveux d'or.
Dans sa barque, l'homme qui passe,
Pris d'un soudain transport,
Sans le voir, les yeux dans l’espacé,
Vient sur l'écueil de mort.
Déjà l’air fraîchit, le soir tombe,
Sur le Rhin, flot grondant ;
Seul, un haut rocher qui surplombe
Brille aux feux du couchant.
Le peigne est magique. Elle chante,
Timbre étrange et vainqueur,
Tremblez fuyez ! la voix touchante
Ensorcelle le cœur.

L’écueil brise, le gouffre enserre,
La nacelle est noyée,
Et voila le mal que peut faire
Loreley sur son rocher.

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Les « deux patries » de Heine,
L’Allemagne et la France

O Allemagne, mon lointain amour,
Quand je pense à toi, les larmes me viennent aux yeux.
La gaie France me paraît morose,
Et son peuple léger me pèse.

Seul le bon sens froid et sec
Règne dans le spirituel Paris.
O clochettes de la folie, cloches de la foi,
Comme vous tintez doucement dans mon pays !

Il me semble que j'entends résonner de loin
La trompe du veilleur de nuit, son familier et doux.
Le chant du veilleur vient jusqu'à moi,
Traversé par les accords du rossignol.

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(Extrait)

© Sigmar Polke
«… Le loup et le vautour, les requins
et d’autres monstres marins sont bien terrifiants ;
Mais des monstres bien plus terribles habitent
Paris, l’étincelante capitale du monde,
Paris, chantant, dansant, si beau,
L’enfer des anges, le paradis des diables »

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Mélodies dans le Textes d’Heinrich Heine

1. Frühlingslied (Spring song)

En mon âme s'élève

En mon âme s'élève
Un doux chant de printemps.
Chante, tendre musique !
Gagne donc le lointain !

Parviens jusqu'au logis
Où éclosent les fleurs !
Salue pour moi la rose
Que tu y trouveras !

2. Wandl' ich in dem Wald des Abends

Vais-je par la forêt
Aux heures de la nuit,
Toujours ta silhouette
A mes côtés chemine.

Est-ce ton voile blanc ?
Est-ce ton doux visage ?
Ou simple clair de lune
A travers les sapins ?

Sont-ce mes propres larmes
Qui doucement ruissèlent ?
Ou est-ce toi, ma mie,
Qui pleure à mes côtés ?

© Auditorium du Louvre


* * *


Heinrich Heine es uno de los más grandes poetas alemanes.

«Esto fue sólo un preludio: allí donde se queman los libros, se termina por quemar a los hombres», es una de sus citas más conocidas. Después de su muerte, entre los libros quemados por los nazis en el l'Opernplatz (Plaza de la Ópera) de Berlín en 1933, estaban sus obras.

Fue profético, como todos los poetas. De origen judío y amigo de Karl Marx, «armado» de palabras, defendió la libertad como poeta y como periodista. Su desino fue París: para vivir, y para su última morada.
Cristina Castello


Heinrich Heine
(Düsseldorf, 1797 - París, 1856)


© Sigmar Polke
«¿También la naturaleza ha empeorado y adquiere los defectos de los hombres? Presumo que las plantas y las bestias mienten ahora como todo el mundo»


Mucho fue lo que el uno por el otro sintió
Y no obstante vivimos en perfecta armonía.
Con frecuencia jugamos «a marido y mujer»
y no obstante jamás hubo golpes ni riñas.
Juntos nos divertimos y gritamos de júbilo,
nos dimos tiernos besos y nos acariciamos.
Y al final con placer infantil,
decidimos jugar al escondite por bosques y por campos
Y así hemos conseguido escondernos tan bien,
que luego nunca más hemos vuelto a encontrarnos.

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«Secreto»

No gemimos, los ojos están secos,
¡sonreímos a menudo y aún reímos!
En ninguna mirada, en ningún rostro
Se pone de manifiesto el secreto.

Con su muda tortura, está metido
En el fondo sangriento de nuestra alma;
Si el corazón salvaje lo divulga,
Siguen cerrados los labios convulsos.

Pregunta a los lactantes en sus cunas,
Pregunta a los difuntos en sus tumbas;
Porque es posible que ellos te revelen
Lo que yo no te he mencionado nunca.

Me dieron consejos y buenos ejemplos,
me colmaron con toda suerte de honores,
me dijeron que, si esperaba, ya vería,
me quisieron brindar su protección.

Pero con todas sus ansias protectoras,
habría llegado a reventar de hambre,
de no haberse acercado un hombre bueno
que, con valor, se hizo cargo de mí.

¡Hombre excelente! ¡Me da de comer!
Nunca jamás voy a olvidar lo que hace!
Es una lástima que no pueda besarle!
Porque este hombre excelente soy yo mismo.

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© Sigmar Polke
«Preguntas»

Junto al mar, junto al salvaje mar nocturno,
Está un adolescente;
El pecho lleno de pesar, llena de dudas la cabeza;
Y con labios sombríos, a las olas pregunta:

Ah, resolvedme el enigma de la vida,
El ancestral y doloroso enigma
Sobre el que tantas testas cavilaron,
Testas cubiertas con gorros jeroglíficos,
Testas con turbantes y con negros birretes,
Testas con pelucas, y otros tantos millares
De pobres y sudorosas testas humanas...
Decidme, ¿qué significado tiene el hombre?
¿De dónde viene? ¿A dónde va?
¿Quién habita allá arriba, en los astros de oro?

Murmuran las olas su eterno murmullo;
El viento silba, pasan lentas las nubes,
Fulguran las estrellas, indiferentes y frías,
Y un necio espera una respuesta.

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© Sigmar Polke
«Sueños (I)»

«Soné una vez con ardientes amores, con bellos bucles, mirtos y resedas, dulces labios y palabras acerbas, tristes melodías de tristes canciones. Disperso e inerte ha mucho está mi sueño, disperso está ya el más querido en sueño, sólo queda en mí lo que algún día, con indómito ardor vertí en tiernas rimas. ¿Quedas tú, huérfana canción? Disípate igual y busca el sueño que ha mucho perdí., y si lo encuentras salúdalo por mí. A la volátil sombra le envío un soplo volátil.»

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«Cuadros de viaje» (fragmento)

«La vida y el mundo son el sueño de un dios ebrio, que escapa silencioso del banquete divino y se va a dormir a una estrella solitaria, ignorando que crea cuanto sueña... Y las imágenes de ese sueño se presentan, ahora con una abigarrada extravagancia, ahora armoniosas y razonables... La Ilíada, Platón, la batalla de Maratón, la Venus de Médicis, el Munster de Estrasburgo, la Revolución Francesa, Hegel, los barcos de vapor, son pensamientos desprendidos de ese largo sueño. Pero un día el dios despertará frotándose los ojos adormilados y sonreirá, y nuestro mundo se hundirá en la nada sin haber existido jamás.»

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