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Mahmoud Darwich : La beauté de la vérité et la vérité de la beauté : Poésie. J’emprunte les mots de François Xavier, poète, écrivain, spécialiste de l’Orient, on lui doit la seule étude en langue française sur l’œuvre de notre poète :
« Avec Mahmoud Darwich les liens sont les sentiments »
Par François Xavier,
« Mahmoud Darwich, dans l’exil de sa langue »
Cristina Castello
* * *
Mahmoud Darwich
(Né en 1941 à Al-Birweh, en Galilée, alors en Palestine sous mandat britannique et aujourd’hui dans l’État d’Israël. / Il nous a quitté à Houston, le 9 août 2008)
Mahmoud Darwich
« Un lieu, je veux un lieu ! Je veux un lieu à la place du lieu pour revenir à moi-même, pour poser mon papier sur un bois plus dur, pour écrire une plus longue lettre, pour accrocher au mur un tableau, pour ranger mes vêtements, pour te donner mon adresse, pour faire pousser de la menthe, pour attendre la pluie. Celui qui n’a pas de lieu n’a pas non plus de saisons. Pourras-tu me transmettre l’odeur de notre automne dans tes lettres ? Emmène-moi là-bas, s’il reste encore une place pour moi dans le mirage figé. Emmène-moi vers les effluves de senteurs que je respire sur les écrans, sur le papier, au téléphone… »
Mahmoud Darwich, « Les deux moitiés de l’orange », lettre écrite pendant son exil parisien à Samih al-Kassem, son ami resté en Palestine.
« Elle, le soir »
Elle est seule, le soir
et moi, comme elle, je suis seul...
Entre moi et ses chandelles
dans le restaurant hivernal,
deux tables vides. [Rien ne trouble notre silence]
Elle ne me voit pas quand je la vois
cueillir une rose à sa poitrine.
Je ne la vois pas quand elle me voit
siroter un baiser de mon vin...
Elle n’émiette pas son morceau de pain,
et moi, je ne renverse pas l’eau
sur la nappe en papier.
[Rien ne ternit notre sérénité]
Elle est seule et je suis seul
devant sa beauté. Je me dis :
Pourquoi cette fragilité ne nous unit-elle pas ?
Pourquoi ne puis-je goûter son vin ?
Elle ne me voit pas quand je la vois
décroiser les jambes...
Et je ne la vois pas quand elle me voit
ôter mon manteau...
Rien ne la dérange en ma compagnie,
rien ne me dérange, nous sommes à présent
unis dans l’oubli...
Notre dîner, chacun seul, fut appétissant,
la voix de la nuit était bleue.
Je n’étais pas seul, elle n’était pas seule.
Ensemble nous écoutions le cristal.
[Rien ne brise notre nuit]
Elle ne dit pas :
L’amour naît vivant
Et finit en idée.
Moi non plus, je ne dis pas :
L’amour a fini en idée.
Mais il en a tout l’air...
Extrait de :
« Ne t’excuse pas »
Mahmoud Darwich
Traduit de l’arabe par Elias Sanbar
Actes Sud, février 2006.
-----------
Olivier - lieu de naissance de Mahmoud Darwich,
« Don »Inscris !
En tête du premier feuillet
Que je n'ai pas de haine pour les hommes
Que je n'assaille personne mais que
Si j'ai faim
Je mange la chair de mon Usurpateur
Gare ! Gare ! Gare
À ma fureur !
-----
Identité
Inscris !
Je suis Arabe
Le numéro de ma carte : cinquante mille
Nombre d'enfants : huit
Et le neuvième... arrivera après l'été !
Et te voilà furieux !
Inscris !
Je suis Arabe
Je travaille à la carrière avec mes compagnons de peine
Et j'ai huit bambins
Leur galette de pain
Les vêtements, leur cahier d'écolier
Je les tire des rochers...
Oh ! je n'irai pas quémander l'aumône à ta porte
Je ne me fais pas tout petit au porche de ton palais
Et te voilà furieux !
Inscris !
Je suis Arabe
Sans nom de famille - je suis mon prénom
« Patient infiniment » dans un pays où tous
Vivent sur les braises de la Colère
Mes racines...
Avant la naissance du temps elles prirent pied
Avant l'effusion de la durée
Avant le cyprès et l'olivier
...avant l'éclosion de l'herbe
Mon père... est d'une famille de laboureurs
N'a rien avec messieurs les notables
Mon grand-père était paysan - être
Sans valeur - ni ascendance.
Ma maison, une hutte de gardien
En troncs et en roseaux
Voilà qui je suis - cela te plaît-il ?
Sans nom de famille, je ne suis que mon prénom.
Inscris !
Je suis Arabe
Mes cheveux... couleur du charbon
Mes yeux... couleur de café
Signes particuliers :
Sur la tête un kefiyyé avec son cordon bien serré
Et ma paume est dure comme une pierre
...elle écorche celui qui la serre
La nourriture que je préfère c'est
L'huile d'olive et le thym
Mon adresse :
Je suis d'un village isolé...
Où les rues n'ont plus de noms
Et tous les hommes... à la carrière comme au champ
Aiment bien le communisme
Inscris !
Je suis Arabe
Et te voilà furieux !
Inscris
Que je suis Arabe
Que tu as raflé les vignes de mes pères
Et la terre que je cultivais
Moi et mes enfants ensemble
Tu nous as tout pris hormis
Pour la survie de mes petits-fils
Les rochers que voici
Mais votre gouvernement va les saisir aussi
...à ce que l'on dit !
----------

Un jour je serai ce que je veux.
Un jour je serai oiseau et, de mon néant,
Je puiserai mon existence. Chaque fois que mes ailes se consument,
Je me rapproche de la vérité et je renais des cendres.
Je suis le dialogue des rêveurs.
J’ai renoncé à mon corps et à mon âme
Pour accomplir mon premier voyage au sens,
Mais il me consuma et disparut.
Je suis l’absence. Je suis le céleste
Pourchassé.
Un jour je serai ce que je veux.
Un jour je serais poète
Et l’eau se soumettra à ma clairvoyance.
Métaphore de la métaphore que ma langue
Car je ne dis ni n’indique
Un lieu. Et le lieu est mon péché et mon alibi.
Je suis de là-bas.
Mon ici bondit de mes pas vers mon imagination …
Je suis qui je fus, qui je serai
Et l’espace infini me façonne, puis me tue.
Murale,
Arles, Actes Sud, 2003
---------------------
« État de siège »
Un poème inédit de Mahmoud Darwich. Ramallah, janvier 2002
Par Mahmoud Darwich
Ici, aux pentes des collines, face au crépuscule et au canon du temps
Près des jardins aux ombres brisées,
Nous faisons ce que font les prisonniers,
Ce que font les chômeurs :
Nous cultivons l’espoir.
* * *
Un pays qui s’apprête à l’aube. Nous devenons moins intelligents
Car nous épions l’heure de la victoire :
Pas de nuit dans notre nuit illuminée par le pilonnage.
Nos ennemis veillent et nos ennemis allument pour nous la lumière
Dans l’obscurité des caves.
* * *
Ici, nul « moi ».
Ici, Adam se souvient de la poussière de son argile.
* * *
Au bord de la mort, il dit :
Il ne me reste plus de trace à perdre :
Libre je suis tout près de ma liberté. Mon futur est dans ma main.
Bientôt je pénètrerai ma vie,
Je naîtrai libre, sans parents,
Et je choisirai pour mon nom des lettres d’azur...
* * *
Ici, aux montées de la fumée, sur les marches de la maison,
Pas de temps pour le temps.
Nous faisons comme ceux qui s’élèvent vers Dieu :
Nous oublions la douleur.
* * *
Rien ici n’a d’écho homérique.
Les mythes frappent à nos portes, au besoin.
Rien n’a d’écho homérique. Ici, un général
Fouille à la recherche d’un État endormi
Sous les ruines d’une Troie à venir.
* * *
Vous qui vous dressez sur les seuils, entrez,
Buvez avec nous le café arabe
Vous ressentiriez que vous êtes hommes comme nous
Vous qui vous dressez sur les seuils des maisons
Sortez de nos matins,
Nous serons rassurés d’être
Des hommes comme vous !
* * *
Quand disparaissent les avions, s’envolent les colombes
Blanches blanches, elles lavent la joue du ciel
Avec des ailes libres, elles reprennent l’éclat et la possession
De l’éther et du jeu. Plus haut, plus haut s’envolent
Les colombes, blanches blanches. Ah si le ciel
Était réel [m’a dit un homme passant entre deux bombes]
* * *
Les cyprès, derrière les soldats, des minarets protégeant
Le ciel de l’affaissement. Derrière la haie de fer
Des soldats pissent - sous la garde d’un char -
Et le jour automnal achève sa promenade d’or dans
Une rue vaste telle une église après la messe dominicale...
* * *
[A un tueur] Si tu avais contemplé le visage de la victime
Et réfléchi, tu te serais souvenu de ta mère dans la chambre
A gaz, tu te serais libéré de la raison du fusil
Et tu aurais changé d’avis : ce n’est pas ainsi qu’on retrouve une identité.
* * *
Le brouillard est ténèbres, ténèbres denses blanches
Épluchées par l’orange et la femme pleine de promesses.
* * *
Le siège est attente
Attente sur une échelle inclinée au milieu de la tempête.
* * *
Seuls, nous sommes seuls jusqu’à la lie
S’il n’y avait les visites des arcs en ciel.
* * *
Nous avons des frères derrière cette étendue.
Des frères bons. Ils nous aiment. Ils nous regardent et pleurent.
Puis ils se disent en secret :
« Ah ! si ce siège était déclaré... » Ils ne terminent pas leur phrase :
« Ne nous laissez pas seuls, ne nous laissez pas. »
* * *
Les enfants avec le poète dans sa dernière demeure.

Et dix blessés.
Et vingt maisons.
Et cinquante oliviers...
S’y ajoute la faille structurelle qui
Atteindra le poème, la pièce de théâtre et la toile inachevée.
* * *
Une femme a dit au nuage : comme mon bien-aimé
Car mes vêtements sont trempés de son sang.
* * *
Si tu n’es pluie, mon amour
Sois arbre
Rassasié de fertilité, sois arbre
Si tu n’es arbre mon amour
Sois pierre
Saturée d’humidité, sois pierre
Si tu n’es pierre mon amour
Sois lune
Dans le songe de l’aimée, sois lune
[Ainsi parla une femme
à son fils lors de son enterrement]
* * *
Ô veilleurs ! N’êtes-vous pas lassés
De guetter la lumière dans notre sel
Et de l’incandescence de la rose dans notre blessure
N’êtes-vous pas lassés Ô veilleurs ?
* * *
Un peu de cet infini absolu bleu
Suffirait
A alléger le fardeau de ce temps-ci
Et à nettoyer la fange de ce lieu
* * *
A l’âme de descendre de sa monture
Et de marcher sur ses pieds de soie
A mes côtés, mais dans la main, tels deux amis
De longue date, qui se partagent le pain ancien
Et le verre de vin antique
Que nous traversions ensemble cette route
Ensuite nos jours emprunteront des directions différentes :
Moi, au-delà de la nature, quant à elle,
Elle choisira de s’accroupir sur un rocher élevé.
* * *
Nous nous sommes assis loin de nos destinées comme des oiseaux
Qui meublent leurs nids dans les creux des statues,
Ou dans les cheminées, ou dans les tentes qui
Furent dressées sur le chemin du prince vers la chasse.
* * *
Sur mes décombres pousse verte l’ombre,
Et le loup somnole sur la peau de ma chèvre
Il rêve comme moi, comme l’ange
Que la vie est ici... non là-bas.
* * *
Dans l’état de siège, le temps devient espace
Pétrifié dans son éternité
Dans l’état de siège, l’espace devient temps
Qui a manqué son hier et son lendemain.
* * *
Ce martyr m’encercle chaque fois que je vis un nouveau jour
Et m’interroge : Où étais-tu ? Ramène aux dictionnaires
Toutes les paroles que tu m’as offertes
Et soulage les dormeurs du bourdonnement de l’écho.
* * *
Le martyr m’éclaire : je n’ai pas cherché au-delà de l’étendue
Les vierges de l’immortalité car j’aime la vie
Sur terre, parmi les pins et les figuiers,
Mais je ne peux y accéder, aussi y ai-je visé
Avec l’ultime chose qui m’appartienne : le sang dans le corps de l’azur.
* * *
Le martyr m’avertit : Ne crois pas leurs youyous
Crois-moi père quand il observe ma photo en pleurant
Comment as-tu échangé nos rôles, mon fils et m’as-tu précédé.
Moi d’abord, moi le premier !
* * *
Le martyr m’encercle : je n’ai changé que ma place et mes meubles frustes.
J’ai posé une gazelle sur mon lit,
Et un croissant lunaire sur mon doigt,
Pour apaiser ma peine.
* * *
Le siège durera afin de nous convaincre de choisir un asservissement qui ne nuit
pas, en toute liberté !!
* * *
Résister signifie : s’assurer de la santé
Du cœur et des testicules, et de ton mal tenace :
Le mal de l’espoir.
* * *
Et dans ce qui reste de l’aube, je marche vers mon extérieur
Et dans ce qui reste de la nuit, j’entends le bruit des pas en mon intention.
* * *
Salut à qui partage avec moi l’attention à
L’ivresse de la lumière, la lumière du papillon, dans
La noirceur de ce tunnel.
* * *
Salut à qui partage avec moi mon verre
Dans l’épaisseur d’une nuit débordant les deux places :
Salut à mon spectre.
* * *
Pour moi mes amis apprêtent toujours une fête
D’adieu, une sépulture apaisante à l’ombre de chênes
Une épitaphe en marbre du temps
Et toujours je les devance lors des funérailles :
Qui est mort...qui ?
* * *
L’écriture, un chiot qui mord le néant
L’écriture blesse sans trace de sang.
* * *
Nos tasses de café. Les oiseaux les arbres verts
A l’ombre bleue, le soleil gambade d’un mur
A l’autre telle une gazelle
L’eau dans les nuages à la forme illimitée dans ce qu’il nous reste
--------------
Et vingt maisons.
Et cinquante oliviers...
S’y ajoute la faille structurelle qui
Atteindra le poème, la pièce de théâtre et la toile inachevée.
* * *
Une femme a dit au nuage : comme mon bien-aimé
Car mes vêtements sont trempés de son sang.
* * *
Si tu n’es pluie, mon amour
Sois arbre
Rassasié de fertilité, sois arbre
Si tu n’es arbre mon amour
Sois pierre
Saturée d’humidité, sois pierre
Si tu n’es pierre mon amour
Sois lune
Dans le songe de l’aimée, sois lune
[Ainsi parla une femme
à son fils lors de son enterrement]
* * *
Ô veilleurs ! N’êtes-vous pas lassés
De guetter la lumière dans notre sel
Et de l’incandescence de la rose dans notre blessure
N’êtes-vous pas lassés Ô veilleurs ?
* * *
Un peu de cet infini absolu bleu
Suffirait
A alléger le fardeau de ce temps-ci
Et à nettoyer la fange de ce lieu
* * *
A l’âme de descendre de sa monture
Et de marcher sur ses pieds de soie
A mes côtés, mais dans la main, tels deux amis
De longue date, qui se partagent le pain ancien
Et le verre de vin antique
Que nous traversions ensemble cette route
Ensuite nos jours emprunteront des directions différentes :
Moi, au-delà de la nature, quant à elle,
Elle choisira de s’accroupir sur un rocher élevé.
* * *
Nous nous sommes assis loin de nos destinées comme des oiseaux
Qui meublent leurs nids dans les creux des statues,
Ou dans les cheminées, ou dans les tentes qui
Furent dressées sur le chemin du prince vers la chasse.
* * *
Sur mes décombres pousse verte l’ombre,
Et le loup somnole sur la peau de ma chèvre
Il rêve comme moi, comme l’ange
Que la vie est ici... non là-bas.
* * *
Dans l’état de siège, le temps devient espace
Pétrifié dans son éternité
Dans l’état de siège, l’espace devient temps
Qui a manqué son hier et son lendemain.
* * *
Ce martyr m’encercle chaque fois que je vis un nouveau jour
Et m’interroge : Où étais-tu ? Ramène aux dictionnaires
Toutes les paroles que tu m’as offertes
Et soulage les dormeurs du bourdonnement de l’écho.
* * *
Le martyr m’éclaire : je n’ai pas cherché au-delà de l’étendue
Les vierges de l’immortalité car j’aime la vie
Sur terre, parmi les pins et les figuiers,
Mais je ne peux y accéder, aussi y ai-je visé
Avec l’ultime chose qui m’appartienne : le sang dans le corps de l’azur.
* * *
Le martyr m’avertit : Ne crois pas leurs youyous
Crois-moi père quand il observe ma photo en pleurant
Comment as-tu échangé nos rôles, mon fils et m’as-tu précédé.
Moi d’abord, moi le premier !
* * *
Le martyr m’encercle : je n’ai changé que ma place et mes meubles frustes.
J’ai posé une gazelle sur mon lit,
Et un croissant lunaire sur mon doigt,
Pour apaiser ma peine.
* * *
Le siège durera afin de nous convaincre de choisir un asservissement qui ne nuit
pas, en toute liberté !!
* * *
Résister signifie : s’assurer de la santé
Du cœur et des testicules, et de ton mal tenace :
Le mal de l’espoir.
* * *
Et dans ce qui reste de l’aube, je marche vers mon extérieur
Et dans ce qui reste de la nuit, j’entends le bruit des pas en mon intention.
* * *
Salut à qui partage avec moi l’attention à
L’ivresse de la lumière, la lumière du papillon, dans
La noirceur de ce tunnel.
* * *
Salut à qui partage avec moi mon verre
Dans l’épaisseur d’une nuit débordant les deux places :
Salut à mon spectre.
* * *
Pour moi mes amis apprêtent toujours une fête
D’adieu, une sépulture apaisante à l’ombre de chênes
Une épitaphe en marbre du temps
Et toujours je les devance lors des funérailles :
Qui est mort...qui ?
* * *
L’écriture, un chiot qui mord le néant
L’écriture blesse sans trace de sang.
* * *
Nos tasses de café. Les oiseaux les arbres verts
A l’ombre bleue, le soleil gambade d’un mur
A l’autre telle une gazelle
L’eau dans les nuages à la forme illimitée dans ce qu’il nous reste
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Ce poème, extrait de son dernier recueil paru en français :
Dépose ici et maintenant la tombe que tu portes
et donne à ta vie une autre chance
de restaurer le récit.
Toutes les amours ne sont pas trépas,
ni la terre, migration chronique.
Une occasion pourrait se présenter, tu oublieras
la brûlure du miel ancien.
Tu pourrais, sans le savoir, être amoureux
d’une jeune fille qui t’aime
ou ne t’aime pas, sans savoir pourquoi
elle t’aime ou ne t’aime pas.
Adossé à un escalier, tu pourrais
te sentir un autre dans les dualités.
Sors donc de ton moi vers un autre toi,
de tes visions vers tes pas,
et élève ton pont
car le non-lieu est le piège
et les moustiques sur la haie irritent ton dos,
qui pourraient te rappeler la vie !
Vis, que la vie t’entraîne
à la vie,
pense un peu moins aux femmes
et dépose
ici
et maintenant
la tombe que tu portes !”
(”Dépose ici et maintenant” extrait de Ne t’excuse pas, (Lä ta’tadhir’ammâ fa’alta) recueil de poèmes traduits de l’arabe par Elias Sanbar, 132 pages, 18 euros, Éditions Sinbad/ Actes sud, 2006)
Je meurs d’espoir
D’embrasement je meurs
Je meurs pendu
Égorgé je meurs
Mais je ne dis point :
Notre amour est fini et mort
Non
Notre amour est impérissable
L’impossible, in Fin de la nuit (1967)- M. Darwich
* * *
Mahmoud Darwich. La belleza de la verdad y la verdad de la belleza: Poesía. Hago mías las palabras de François Xavier, poeta, escritor, especialista en el Oriente, a quien se debe el único estudio en lengua francesa sobre la obra de nuestro poeta.
« Avec Mahmoud Darwich les liens sont les sentiments »
Par François Xavier,
« Mahmoud Darwich, dans l’exil de sa langue »
Cristina Castello
« Avec Mahmoud Darwich les liens sont les sentiments »
Par François Xavier,
« Mahmoud Darwich, dans l’exil de sa langue »
Cristina Castello
* * *

(En francés)
(Al-Birwa 13 de marzo de 1941, Galilea, entones en Palestina bajo la corona británica y hoy robada por el Estado de Israel / Houston, 9 de agosto de 2008)
Canción de amor sobre la cruz
Ciudad de todas las heridas pequeñas,
¿no apagarás mi mano?
¿No podrás enviarme una gacela?...
¿Y limpiarme la frente
y el pulmón
de ceniza?
Añorarte es lo mismo que una ausencia;
encontrarte, un destierro.
Llamo a todas las puertas
gritando,
preguntando:
¿Cómo pueden trocarse
en polvo
las estrellas?...
Te amo. Sé mi cruz.
Sé, como tú deseas, un palomar.
Yo sé que si tus manos me fundieran
se llenarían de nubes los desiertos.
Te amo,
¡totalidad del corazón!
¡Sabor, oh tú, de uvas!
¡Gusto a sangre!
Una luna en mi frente no se extingue,
y en mi boca se agita
un fuego,
una guitarra...
Si muriera de amor, deja mi tumba
expuesta a las pestañas de los vientos.
No me entierres.
Para poder sembrar tu voz en todo barro,
para poder alzar tu espada en todo campo.
Te amo. Sé mi cruz,
sé lo que tú deseas.
Dilúyete, en el alma,
con el sol.
¡Y no me compadezcas!
Traducción de Suhail Hani Daher Akel
--------------
Carnet de identidad
Escribe
que soy árabe,
y el número de mi carnet es el cincuenta mil;
que tengo ya ocho hijos,
y llegará el noveno al final del verano
¿Te enfadarás por ello?
Escribe
que soy árabe,
y con mis camaradas de infortunio
trabajo en la cantera.
Para mis ocho hijos
arranco, de las reocas,
el mendrugo de pan,
el vestido y los libros.
No mendigo limosnas a tu puerta,
ni me rebajo
ante tus escalones.
¿Te enfadarás por ello?
Escribe
que soy árabe.
Soy nombre sin apodo.
Espero, pacientero, en un país
en el que todo lo que hay
existe airadamente.
Mis raíces,
se hundieron antes del nacimiento
de los tiempos,
antes de la apertura de las eras,
del ciprés y el olivo,
antes de la primicia de la yerba.
Mi padre...
de la familia del arado,
no de nobles señores.
Mi abuelo era un labriego,
sin títulos ni nombres.
Mi casa es una choza campesina
de cañas y maderos,
¿te complace?...
Son nombre sin apodo.
Escribe
que soy árabe,
que tengo el pelo negro
y los ojos castaños;
que, para más detalles,
me cubro la cabeza con un velo;
que son mis palmas duras como la roca
y pinchan al tocarlas.
Y me gusta el aceite y el tomillo.
Que vivo
en una aldea perdida, abandonada,
sin nombres en ellas calles.
Y cuyos hombres todos
están en las canteras o en el campo...
¿Te enfadarás por ello?
Escribe
que soy árabe;
que robaste las viñas de mi abuelo
y una tierra que araba,
yo, con todos mis hijos.
Que sólo nos dejaste
estas rocas...
¿No va a quitármelas tu gobierno también,
como se dice?
Escribe, pues...
Escribe
en el comienzo de la primera página
que no aborrezco a nadie,
ni a nadie robo nada.
Mas, que si tengo hambre,
devoraré la carne de quien a mí me robe.
¡Cuidado, pues!...
¡Cuidado con mi hambre,
y con mi ira!
Traducción de Suhail Hani Daher Akel
-----------------------------
Los pañuelos
Callas como las tumbas de los mártires.
El camino se extiende, y tus manos
-recuerdo-
son dos pájaros
revoloteando sobre mi corazón.
Deja el parto del rayo
el horizonte envuelto en la negrura.
Y espera besos rojos
y un día sin viático.
Mientras seas para mí,
vete haciendo a mi muerte
y a las penas del luto.
Los pañuelos, cuando dicen adiós,
son como una mortaja,
y el palpitar del viento en las cenizas
se agita solamente
cuando corre una sangre
en el hondo del valle,
y llora -por una voz cualquiera- una añoranza
en la gallarda vela de Simbad.
Yo te pido que cambies el gemir del pañuelo
en flauta que convoque.
Mi alegría de encontrarte, a la vuelta,
aumentaba conforma me iba yendo.
¿Tengo acaso algo más que tus ojos?
¡No llores la promesa de una muerte
ni le pidas prestado
a mis pañuelos
su canto de cariño!
Te lo ruego:
¡Envuelve las heridas
de mi país,
con ellos!
Traducción de Suhail Hani Daher Akel
---------------------
M. Darwich - A ma mère 1966
MI MADRE
Del poemario: Enamorado de Palestina (1966)
(Traducción del árabe de María Luisa Prieto)
Añoro el pan de mi madre,
El café de mi madre,
Las caricias de mi madre,
Día a día,
La infancia crece en mí
Y deseo vivir porque
Si muero, sentiré
Vergüenza de las lágrimas de mi madre,
Si algún día regreso, tórname en
Adorno de tus pestañas,
Cubre mis huesos con hierba
Purificada con el agua bendita de tus tobillos
Y átame con un mechón de tu cabello
O con un hilo del borde de tu vestido…
Tal vez me convierta en un dios,
Sí, en un dios,
Si logro tocar el fondo de tu corazón
Si regreso. Tórname en
Leña de tu fuego encendido
O en cuerda de tender en la azotea de tu casa
Porque no puedo sostenerme
Sin tu oración cotidiana.
He envejecido. Devuélveme las estrellas de la infancia
Para que pueda emprender
Con los pájaros pequeños
El camino de regreso
Al nido donde tú aguardas
* * *
PARA NUESTRA PATRIA
(Traducción del árabe de María Luisa Prieto)
Para nuestra patria
Próxima a la palabra divina,
Un techo de nubes.
Para nuestra patria,
Lejana de las cualidades del nombre,
Un mapa de ausencia.
Para nuestra patria,
Pequeña cual grano de sésamo,
Un horizonte celeste… y un abismo oculto.
Para nuestra patria,
Pobre cual ala de perdiz,
Libros sagrados… y una herida en la identidad.
Para nuestra patria,
Con colinas cercadas y desgarradas,
Las emboscadas del nuevo pasado.
Para nuestra patria cautiva,
La libertad de morir consumida de amor.
Piedra preciosa en su noche sangrienta,
Nuestra patria resplandece a lo lejos
E ilumina su entorno…
Pero nosotros en ella
Nos ahogamos sin cesar.
* * *
«ESTADO DE SITIO» (Fragmento)
Traducido del árabe por Luz Gómez García (Editorial Cátedra -2002)
Aquí, en la falda de las colinas, ante el ocaso
y las fauces del tiempo,
junto a huertos de sombras arrancadas,
hacemos lo que hacen los prisioneros,
lo que hacen los desempleados:
alimentamos la esperanza.
Un país preparado para el alba.
Nuestra obsesión por la victoria
nos ha entontecido:
no hay noche en nuestra noche que con la artillería refulge;
el enemigo vela,
el enemigo nos alumbra
en el sótano oscuro.
Aquí, tras los versos de Job, a nadie esperamos.
Aquí no hay yo,
aquí Adán recuerda su arcilla...
Este sitio durará hasta que enseñemos al enemigo
algún poema de la yahiliya.*
El cielo es gris plomizo a media mañana,
anaranjado por las noches. Los corazones
son neutros, como las rosas en el seto.
Bajo sitio, la vida se torna tiempo:
memoria del principio,
olvido del final.
La vida.
La vida plena,
la vida a medias,
acoge una estrella cercana
atemporal,
y una nube emigrada
espacial.
Y la vida aquí
se pregunta:
¿Cómo resucitar a la vida?
Él dice al borde de la muerte:
No me queda un rincón que perder,
libre soy a un palmo de mi libertad,
el mañana al alcance de mi mano...
Pronto, me adentraré en mi vida,
naceré libre, sin padres,
y tomaré por nombre letras de lapislázuli...
Aquí, en los altos del humo, en la escalera de casa,
no hay tiempo para el tiempo,
hacemos lo que hace quien se eleva hacia Dios:
olvidamos el dolor.
El dolor:
que la señora de la casa no tienda la colada
por la mañana, que se conforme con lavar esta bandera.
Nada de ecos homéricos aquí.
Los mitos llaman a la puerta cuando los necesitamos.
Nada de ecos homéricos...
Aquí un general excava un Estado dormido
bajo las ruinas de una Troya inminente.
Los soldados calculan la distancia entre el ser
y la nada
con la mirilla del tanque.
Calculamos la distancia entre el propio cuerpo
y las bombas... con un sexto sentido.
Vosotros, los apostados en el umbral, pasad,
tomaos con nosotros un café árabe
—acaso os sintáis seres humanos como nosotros—.
Vosotros, los apostados en el umbral de las casas,
largaos de nuestras mañanas,
necesitamos creernos
seres humanos como vosotros.
[...]
................
PASAJEROS ENTRE PALABRAS FUGACES (Fragmento)
Pasajeros entre palabras fugaces:
cargad con vuestros nombres y marchaos,
quitad vuestras horas de nuestro tiempo y marchaos,
tomad lo que queráis del azul del mar
y de la arena del recuerdo,
tomad todas las fotos que queráis para saber
lo que nunca sabréis:
cómo las piedras de nuestra tierra
construyen el techo del cielo.
Pasajeros entre palabras fugaces:
vosotros tenéis espadas, nosotros sangre,
vosotros tenéis acero y fuego, nosotros carne,
vosotros tenéis otro tanque, nosotros piedras,
vosotros tenéis gases lacrimógenos, nosotros lluvia,
pero el cielo y el aire
son los mismos para todos.
Tomad una porción de nuestra sangre y marchaos,
entrad a la fiesta, cenad y bailad...
luego marchaos
para que nosotros cuidemos las rosas de los mártires
y vivamos como queramos.
.............
Saldré de toda mi piel, y de mi lengua
descenderán algunas palabras sobre el amor por
la poesía de Lorca que habitará en mi alcoba
y verá lo que yo he visto de la luna beduina. Saldré del
almendro como algodón sobre la espuma del mar. El extranjero ha pasado
portando setecientos años de caballos. Ha pasado por aquí el extranjero
para que el extranjero pase por allí. Saldré dentro de poco
de los pliegues de mi tiempo como extranjero de Damasco y de Andalucía.
Yo tengo detrás del cielo un cielo / Mahmoud Darwich, 1992
............
SIN EXILIO, ¿QUIÉN SOY?
Extranjero a orillas del río, como al río... me ata
a tu nombre el agua. Nada me devuelve de mi lejanía
a mi palmera: ni la paz ni la guerra. Nada
me incorpora a los Evangelios. Nada...
Nada brilla mientras sube y baja la marea
entre el Tigris y el Nilo. Nada
me apea del bajel de Faraón. Nada
me tiene o hace que yo tenga una idea: ni la nostalgia
ni la promesa. ¿Qué haré? ¿Qué
haré sin exilio, sin una larga noche
que escrute el agua?
Me ata
a tu nombre
el agua...
Nada me lleva de las mariposas de mi sueño
a mi realidad: ni el polvo ni el fuego. ¿Qué
haré sin la rosa de Samarcanda? ¿Qué
haré en una plaza que bruñe a los rapsodas con piedras
lunares? Tú y yo nos hemos vuelto tan ligeros como nuestros hogares
a merced de los vientos lejanos. Hemos trabado amistad con los raros
seres que habitan las nubes... Nos hemos liberado
del peso de la tierra de la identidad. ¿Qué haremos... qué
sin exilio, sin una larga noche
que escrute el agua?
Me ata
a tu nombre
el agua...
Sólo tú quedas de mí, sólo
yo de ti, un extranjero que acaricia el muslo de su extranjera: Oh
extranjera, ¿qué vamos a fabricar en esta calma
que apuramos... en esta siesta entre dos mitos?
Nada nos tiene: ni el camino ni la casa.
¿Fue este camino así desde el principio,
o acaso nuestros sueños hallaron una yegua
de los mongoles sobre la colina y nos sustituyeron?
¿Qué haré?
¿Qué
sin
exilio?
-------
Del poemario: Enamorado de Palestina (1966)
(Traducción del árabe de María Luisa Prieto)
Añoro el pan de mi madre,
El café de mi madre,
Las caricias de mi madre,
Día a día,
La infancia crece en mí
Y deseo vivir porque
Si muero, sentiré
Vergüenza de las lágrimas de mi madre,
Si algún día regreso, tórname en
Adorno de tus pestañas,
Cubre mis huesos con hierba
Purificada con el agua bendita de tus tobillos
Y átame con un mechón de tu cabello
O con un hilo del borde de tu vestido…
Tal vez me convierta en un dios,
Sí, en un dios,
Si logro tocar el fondo de tu corazón
Si regreso. Tórname en
Leña de tu fuego encendido
O en cuerda de tender en la azotea de tu casa
Porque no puedo sostenerme
Sin tu oración cotidiana.
He envejecido. Devuélveme las estrellas de la infancia
Para que pueda emprender
Con los pájaros pequeños
El camino de regreso
Al nido donde tú aguardas
* * *
PARA NUESTRA PATRIA
(Traducción del árabe de María Luisa Prieto)
Para nuestra patria
Próxima a la palabra divina,
Un techo de nubes.
Para nuestra patria,
Lejana de las cualidades del nombre,
Un mapa de ausencia.
Para nuestra patria,
Pequeña cual grano de sésamo,
Un horizonte celeste… y un abismo oculto.
Para nuestra patria,
Pobre cual ala de perdiz,
Libros sagrados… y una herida en la identidad.
Para nuestra patria,
Con colinas cercadas y desgarradas,
Las emboscadas del nuevo pasado.
Para nuestra patria cautiva,
La libertad de morir consumida de amor.
Piedra preciosa en su noche sangrienta,
Nuestra patria resplandece a lo lejos
E ilumina su entorno…
Pero nosotros en ella
Nos ahogamos sin cesar.
* * *
«ESTADO DE SITIO» (Fragmento)
Traducido del árabe por Luz Gómez García (Editorial Cátedra -2002)
Aquí, en la falda de las colinas, ante el ocaso
y las fauces del tiempo,
junto a huertos de sombras arrancadas,
hacemos lo que hacen los prisioneros,
lo que hacen los desempleados:
alimentamos la esperanza.
Un país preparado para el alba.
Nuestra obsesión por la victoria
nos ha entontecido:
no hay noche en nuestra noche que con la artillería refulge;
el enemigo vela,
el enemigo nos alumbra
en el sótano oscuro.
Aquí, tras los versos de Job, a nadie esperamos.
Aquí no hay yo,
aquí Adán recuerda su arcilla...
Este sitio durará hasta que enseñemos al enemigo
algún poema de la yahiliya.*
El cielo es gris plomizo a media mañana,
anaranjado por las noches. Los corazones
son neutros, como las rosas en el seto.
Bajo sitio, la vida se torna tiempo:
memoria del principio,
olvido del final.
La vida.
La vida plena,
la vida a medias,
acoge una estrella cercana
atemporal,
y una nube emigrada
espacial.
Y la vida aquí
se pregunta:
¿Cómo resucitar a la vida?
Él dice al borde de la muerte:
No me queda un rincón que perder,
libre soy a un palmo de mi libertad,
el mañana al alcance de mi mano...
Pronto, me adentraré en mi vida,
naceré libre, sin padres,
y tomaré por nombre letras de lapislázuli...
Aquí, en los altos del humo, en la escalera de casa,
no hay tiempo para el tiempo,
hacemos lo que hace quien se eleva hacia Dios:
olvidamos el dolor.
El dolor:
que la señora de la casa no tienda la colada
por la mañana, que se conforme con lavar esta bandera.
Nada de ecos homéricos aquí.
Los mitos llaman a la puerta cuando los necesitamos.
Nada de ecos homéricos...
Aquí un general excava un Estado dormido
bajo las ruinas de una Troya inminente.
Los soldados calculan la distancia entre el ser
y la nada
con la mirilla del tanque.
Calculamos la distancia entre el propio cuerpo
y las bombas... con un sexto sentido.
Vosotros, los apostados en el umbral, pasad,
tomaos con nosotros un café árabe
—acaso os sintáis seres humanos como nosotros—.
Vosotros, los apostados en el umbral de las casas,
largaos de nuestras mañanas,
necesitamos creernos
seres humanos como vosotros.
[...]
................
PASAJEROS ENTRE PALABRAS FUGACES (Fragmento)
Pasajeros entre palabras fugaces:
cargad con vuestros nombres y marchaos,
quitad vuestras horas de nuestro tiempo y marchaos,
tomad lo que queráis del azul del mar
y de la arena del recuerdo,
tomad todas las fotos que queráis para saber
lo que nunca sabréis:
cómo las piedras de nuestra tierra
construyen el techo del cielo.
Pasajeros entre palabras fugaces:
vosotros tenéis espadas, nosotros sangre,
vosotros tenéis acero y fuego, nosotros carne,
vosotros tenéis otro tanque, nosotros piedras,
vosotros tenéis gases lacrimógenos, nosotros lluvia,
pero el cielo y el aire
son los mismos para todos.
Tomad una porción de nuestra sangre y marchaos,
entrad a la fiesta, cenad y bailad...
luego marchaos
para que nosotros cuidemos las rosas de los mártires
y vivamos como queramos.
.............
Saldré de toda mi piel, y de mi lengua
descenderán algunas palabras sobre el amor por
la poesía de Lorca que habitará en mi alcoba
y verá lo que yo he visto de la luna beduina. Saldré del
almendro como algodón sobre la espuma del mar. El extranjero ha pasado
portando setecientos años de caballos. Ha pasado por aquí el extranjero
para que el extranjero pase por allí. Saldré dentro de poco
de los pliegues de mi tiempo como extranjero de Damasco y de Andalucía.
Yo tengo detrás del cielo un cielo / Mahmoud Darwich, 1992
............
SIN EXILIO, ¿QUIÉN SOY?
Extranjero a orillas del río, como al río... me ata
a tu nombre el agua. Nada me devuelve de mi lejanía
a mi palmera: ni la paz ni la guerra. Nada
me incorpora a los Evangelios. Nada...
Nada brilla mientras sube y baja la marea
entre el Tigris y el Nilo. Nada
me apea del bajel de Faraón. Nada
me tiene o hace que yo tenga una idea: ni la nostalgia
ni la promesa. ¿Qué haré? ¿Qué
haré sin exilio, sin una larga noche
que escrute el agua?
Me ata
a tu nombre
el agua...
Nada me lleva de las mariposas de mi sueño
a mi realidad: ni el polvo ni el fuego. ¿Qué
haré sin la rosa de Samarcanda? ¿Qué
haré en una plaza que bruñe a los rapsodas con piedras
lunares? Tú y yo nos hemos vuelto tan ligeros como nuestros hogares
a merced de los vientos lejanos. Hemos trabado amistad con los raros
seres que habitan las nubes... Nos hemos liberado
del peso de la tierra de la identidad. ¿Qué haremos... qué
sin exilio, sin una larga noche
que escrute el agua?
Me ata
a tu nombre
el agua...
Sólo tú quedas de mí, sólo
yo de ti, un extranjero que acaricia el muslo de su extranjera: Oh
extranjera, ¿qué vamos a fabricar en esta calma
que apuramos... en esta siesta entre dos mitos?
Nada nos tiene: ni el camino ni la casa.
¿Fue este camino así desde el principio,
o acaso nuestros sueños hallaron una yegua
de los mongoles sobre la colina y nos sustituyeron?
¿Qué haré?
¿Qué
sin
exilio?
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La noche se sienta donde tú estás. Tu noche es de
lilas. A veces, de los rayos de tus hoyuelos
se escapa un signo que rompe la copa de vino
y alumbra la claridad de las estrellas. Tu noche es tu sombra,
un fragmento de tierra legendaria para igualar
nuestros sueños. Yo no soy el viajero ni el residente en
tu noche de lilas. Soy el que un día fue yo.
Cada vez que la noche te rodea, mi corazón
duda entre dos moradas: y
ni el ser ni el alma se satisfacen. En
nuestros cuerpos, un cielo abraza a una tierra, y toda tú
eres tu noche... una noche que resplandece como la tinta de los astros. Una noche,
bajo la protección de la noche, repta por mi cuerpo
aletargada, cual sopor de zorros. Una noche que rezuma misterio,
luminosa sobre mi lenguaje. Cuanto más se aclara, más
temo el mañana en el puño de la mano. Una noche
que contempla segura y tranquila su
inmensidad que sólo rodean su espejo
y las canciones de los antiguos pastores al verano de unos emperadores
enfermos de amor. Una noche que florece en la poesía
pre islámica sobre los brincos de Imru Al Qays y otros
y, para los soñadores, ha ensanchado el camino de la leche hacia una luna
hambrienta en los confines de las palabras...
Traducción de Suhail Hani Daher Akel
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