mardi 23 juin 2009

Poésie de Porfirio Mamani

par Porfirio Mamani

VI
Poésie

©Kasimir Malevitch

Dis-moi si quelque chose te rappelle hier. Un fleuve ? Une montagne derrière une ombre ? Peut-être quelqu'un que tu as aimé en silence ? Qui ? Peut-être un inconnu qui s'est égaré en pleurant au coin d'une rue bleue ? Dis-moi si mes paroles d'hier te rappellent quelque chose, aujourd'hui étant déjà du temps passé ! La parole naissante est sans importance quand tu passeras. Elle continue de chercher dans l'herbe l'arbre promis ! Les nuits succéderont aux jours, comme à tes pas en succéderont à d'autres, encore inconnus. Maintenant je ne suis personne dans le bruit immense de ton regard distrait, mais je vis dans chaque instant qui passe.


VII
Nuit I


La parole, pas la guerre. La voix, pas les armes. Plus de bruit, mon âme est brisée. Plus de chemins à travers les montagnes de la haine et de la douleur. Que la neige ne s'absente pas, que les pics et les pelles ne retentissent plus sur la terre et que cette terre ne dissimule plus les visages innocents. Que de silence nous avons même besoin après celui d'hier ! Que de cris, que de regards perdus dans le vide de l'incertain ! Frère, que les paupières d'un enfant qui dort ne battent plus. Que les murs des maisons ne résonnent plus quand je m'approche d'elles. Déjà le soir tombe. Déjà la nuit s'avance pressentant l'aube. Je ne veux plus continuer à entendre des voix ni des paroles de haine et de douleur. Frère, ami, si je m'endors, que les sirènes de la guerre ne retentissent plus. Mon Dieu, que de larmes faudra-t-il encore verser pour continuer à vivre !


VIII
Nuit II


©Kasimir Malevitch
De nouveau la nuit flambe de douleur. Les lumières violentes se croisent dans le ciel. Sur la mer obscure d'autres vents naissent. La fumée poussiéreuse s'élève de la terre comme un château de soie victorieuse. Cette fumée dessine parmi les nuages d'autres holocaustes menaçants. Les ongles délicats des amants ravagent les chemins, blessent la terre, laissant passer l'herbe qui désire fleurir. Faisant route vers des terres inconnues, des hommes et des femmes, malheureux, vieux, malades doivent encore marcher attendant le soir ou l'aube qui les sauvera. En chemin, ils creusent la terre, laissant tomber une larme et de nouveau la nuit flambe de douleur.




IX

O mon Dieu ! Offre-moi d'autres images de mon époque. Que les tambours annonçant la mort ne recommencent plus à sonner. Que n'aboient plus les chiens pressentant le chariot qui se traîne à travers la montagne, les champs, les villes et les villages, semant la mort. Que n'éclate plus, ô mon Dieu, le feu dans la chair, que l'on n'entende plus le bruit d'un homme tombant, le corps criblé. Que les larmes ne soient plus le symbole de la douleur parfaite que j'éprouve à travers le monde. O mon Dieu, répands un peu mieux ta parole dans le pauvre cœur de chaque homme. Que la pluie épuise une fois de plus le feu lugubre qui éventre la terre.

Del libro inédito : Eaux promises. Poemas traducidos del español (Perú) por Max Alhau

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