lundi 30 novembre 2009

« Lettera Amorosa, Diotima »

Jean-Pierre Faye


Extrait
« Lettera Amorosa, Diotima » 


© Œuvre de Miguel Ocampo

Seuls demeurent
Les doigts cachés par le visage
Sous un bougé de cheveux
Ce qui demeure est l'œuvre des lèvres
Mais cela qui se passe
Si par delà la distance
Puisque nous sommes séparés
Je te suis maintenant reconnaissable
Alors dis-moi, où va t'attendre l'ami
Mais cela qui n'a plus de lieu
Dans mes doigts reprenait vie l'adolescente
Enfouie dans la beauté du monde
Un œil voila de cheveux
L'autre qui pourtant regardait
Admirable dans la colère du rire
Peau tatouée de mémoire
Signe et mnémosyne
Ce qui demeure
Est l'œuvre du poème.

© Jean-Pierre Faye

Jean-Pierre Faye, écrivain et philosophe français, né en 1925 à Paris. De 1964 à 1967, il est membre du comité de rédaction de la revue Tel Quel. Il quitte cette publication pour créer, en 1967, la revue Change avec Maurice Roche et Jacques Roubaud. Rejoint par Philippe Boyer, Jean-Claude Montel, Jean Paris, Léon Robel, Mitsou Ronat et Saul Yurkiévich, Jean-Pierre Faye (prix Renaudot en 1964 pour L'Écluse) développe le « Mouvement du change des formes », base de regroupements transversaux et de variations théoriques dont le but se comprend autour de cette formule : « La langue, en se changeant, change les choses. » En 1968, il fonde l'Union des écrivains aux côtés notamment de Bernard Pingaud et Michel Butor. Jean-Pierre Faye est l'auteur d'essais considérables tels que Théorie du récit et Langages Totalitaires. Son œuvre se répartit entre des narrations (Entre les rues, La Cassure, Battement, Analogues, Les Troyens) et des poésies en prose (Fleuve renversé, Couleurs pliées, Verres, Syeeda). Après avoir co-fondé en 1981 le Collège International de Philosophie, il est depuis 1986 président de l'Université Européenne de la Recherche. Parmi ses récentes publications : L'histoire cachée du nihilisme, La Fabrique 2008 et La fête de l’âne de Zarathoustra, L'Harmattan 2009.

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