mercredi 20 juillet 2011

Les Arabes... des cultures et des peuples : La Littérature arabe (10/30)

Al-Loufok

Les recherches sur la vie et l’époque de Mahomet et la détermination des parties authentiques des sunnah, furent une des premières causes majeures du développement de l’érudition en langue arabe. Une des raisons du rassemblement de la poésie pré-islamique tient au fait que certains de ces poètes étaient proches du prophète (comme par exemple Labid, qui a vraiment rencontré Mahomet et s’est converti à l’Islam) et que leurs écrits éclairaient l’époque à laquelle ces événements s’étaient produits.

Mahomet a également inspiré les premières biographies arabes, connues sous le nom d’al-sirah al-nabawiyyah. La toute première fut rédigée par Wahb ibn Munabbih mais c’est Muhammad ibn Ishaq qui écrira la plus célèbre. Tout en traitant de la vie du prophète, les lettrés racontaient également les événements et les batailles du début de l’ère islamique, et leurs récits présentent aussi de nombreuses digressions sur les anciennes traditions bibliques.

Un certain nombre des premiers travaux étudiant la langue arabe ont été commencés au nom de l’Islam. La tradition rapporte que le calife Ali, après avoir lu un Coran qui présentait des erreurs, a demandé à Abu al-aswad al-Du'ali d’écrire un livre qui codifierait la grammaire arabe. Un peu plus tard, Khalil ibn Ahmad écrira le "Kitab al-Ayn", premier dictionnaire d’arabe qui comprenait également des travaux sur la prosodie et la musique. Son élève, Sibawayh, produira l’œuvre la plus respectée de la grammaire arabe, connue sous le nom de "al-Kitab" qui signifie simplement « le livre ».

D’autres califes ont exercé leur influence sur l’arabe comme Abd al-Malik, qui en a fait la langue officielle de l’administration du nouvel empire, et Al-Mamun qui a fondé la Bayt al-Hikma ou «maison de la sagesse» à Bagdad, centre de recherche et de traduction. Les cités de Bassorah et Koufa, qui entretenaient une rivalité tenace, furent deux autres foyers d’enseignement importants dans le monde arabe naissant.

Les institutions fondées principalement dans le but d'analyser en profondeur la religion islamique, fournirent un apport inestimable dans l’étude de nombreux autres sujets. Le calife Hicham ben Abd al-Malik fut déterminant dans l’enrichissement de la littérature en enseignant aux lettrés à traduire les œuvres étrangères en arabe. Le premier de ces textes fut probablement la correspondance d’Aristote avec Alexandre le Grand, traduit par Salm Abu al-'Ala'. À l’est, et dans un genre littéraire tout autre, Abdullah ibn al-Muqaffa traduisit les fables animales du Pañchatantra. Ces traductions ont gardé vivants l’érudition et l’enseignement, en particulier celui de la Grèce antique, alors que l’Europe était en plein Moyen Âge. Beaucoup de ces travaux furent ensuite réintroduits en Europe par le biais des versions arabes.

Une grande partie de la littérature arabe précédant le XXe siècle se présente sous la forme de poésies, et même les écrits qui n’appartiennent pas à proprement parler à ce genre contiennent des bribes de poésie ou prennent la forme de la prose rythmée ou « saj' ». Les thèmes du registre poétique vont des oraisons solennelles aux pamphlets acerbes ou encore des compositions mystiques et religieuses aux poèmes célébrant la sensualité et le vin. Une des caractéristiques essentielles du genre poétique, et qui sera également recherchée dans tous les autres genres littéraires, est l’idée qu’il doit être agréable à l’oreille. La poésie et la majeure partie de la prose furent écrites dans le but d’être déclamées à voix haute, et un grand soin fut apporté pour rendre toutes les compositions aussi mélodieuses que possible. En effet « saj'» signifiait à l’origine « le roucoulement de la colombe ».

Photo : Manuscrit arabe du XIIe siècle tiré des Épîtres des frères de la pureté (Ikhwan Alsafa) un groupe de philosophes arabes

Al-Loufok

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